La foi qui tue Issa GORAIEB | OLJ 30/11/2013 Un pied, cest un - TopicsExpress



          

La foi qui tue Issa GORAIEB | OLJ 30/11/2013 Un pied, cest un pied, rien quun pied ; et, en cas de malheur, il vaut certes mieux en perdre un que la vie. Terrifiante pourtant, par ses motivations et retombées on ne peut plus flagrantes, comme par la symbolique du procédé, est lagression dont étaient victimes jeudi, à Tripoli, quatre hommes qui ont eu les jambes fauchées par une pluie de balles bien ajustées. Ces pauvres diables étaient des habitants du quartier de Jabal Mohsen, bien obligés de saventurer dans la partie sunnite de la ville fracturée, afin de nourrir leurs familles grâce à leur modeste salaire douvrier municipal. Ils nont pas été attaqués par dirascibles usagers pour avoir failli à leurs prestations, mais seulement parce quils étaient alaouites. Et de manière bien plus explicite (et perverse) que mille injonctions verbales, il était signifié à ces pauvres jambes de ne plus jamais se promener par ici. Cest bien de la sorte que commencent toutes les entreprises de nettoyage, ethnique ou autre. Ce que clame en effet cette vile agression, cest que dans notre faux paradis de la coexistence, on en est déjà à faire usage de violence pour des considérations non plus seulement politiques ou idéologiques (pour ou contre Bachar el-Assad, par exemple), mais carrément, bassement sectaires. Consternant? Affolant ? Monstrueusement logique néanmoins – normal, est-on même tenté de dire – quand on pense à toutes les outrances et dérives qui, par inévitable phénomène de réaction, ont initié linfernal, et peut-être irréversible, processus. En ces temps dinfortune, les tensions sunnito-chiites ne sont guère propres au Liban, cest vrai. Des confins de lAsie à la Méditerranée, en effet, du Golfe à lOcéan, le monde arabo-musulman en est la proie, et tout porte à croire que la situation ne peut quempirer, pour la plus grande joie dIsraël. Mais cest bien dans notre minuscule patrie, affligée de deux aberrations antagonistes et également moyenâgeuses, que la folie tourne le plus tristement au sacrilège, au suicide. Le Liban nest pas en effet un de ces pays où un groupe social déterminé est dominé, voire persécuté, et lutte donc pour sa liberté et sa dignité. Cest un lieu unique au monde, du moins cette partie du monde, où diverses familles spirituelles se sont vu donner la chance insigne de vivre en commun, et cest ce modèle – déjà cruellement malmené – que lon sacharne aujourdhui à réduire en pièces. De ce catastrophique état de choses, comment ne pas retenir la responsabilité première de celui par qui le scandale national est arrivé, qui siège au gouvernement comme au Parlement, qui clame publiquement néanmoins son obédience à une république étrangère et théocratique, qui se pose en État dans lÉtat tout en se réclamant dune communauté précise, qui dispose dune véritable armée, qui offre au régime tyrannique de Syrie un apport paramilitaire décisif, et on en oublie ? Plus que jamais, cest dun même mouvement que doivent être répudiés tous les extrémismes, et en particulier ceux qui se parent fallacieusement du prestige de la foi. Ce nest pas au pied, mais à la tête, quest désormais visé le Liban. Issa GORAIEB [email protected]
Posted on: Sun, 01 Dec 2013 01:44:58 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015