Lapôtre Jean Concluons. Le séjour de Jean à Ephèse est un - TopicsExpress



          

Lapôtre Jean Concluons. Le séjour de Jean à Ephèse est un fait qui résiste à toutes les attaques de la critique la plus pénétrante, et qui doit être considéré comme démontré, pour autant du moins que les événements de cette époque si obscure sont susceptibles de démonstration. Et maintenant reprenons le récit de la vie de lapôtre. Il ne tarda pas à assumer le rôle de directeur et dévêque des nombreuses et florissantes communautés dont la province dAsie était semée. Il visitait les Eglises, dit Clément dAlexandrie, il établissait des évêques, réglait les affaires. A cette activité pastorale se rattache la composition de lApocalypse que nous venons de nommer. Cet écrit souvre en effet par des épîtres adressées à sept des Eglises dAsie. Nous renvoyons à lIntroduction de ce livre les questions relatives à son authenticité et à sa date. Les Pères nous ont conservé du ministère de Jean en Asie divers traits intéressants et propres à caractériser lapôtre. Irénée (Contre les Hérésies, III, 3) raconte, sur le témoignage de Polycarpe, disciple de Jean, quun jour celui-ci étant entré dans une maison de bains à Ephèse et ayant aperçu Cérinthe qui sy trouvait, ressortit promptement et dit à ceux qui lentouraient : Fuyons, de peur que la maison ne sécroule dans laquelle se trouve Cérinthe, lennemi de la vérité. Eusèbe rapporte deux fois cette anecdote (Hist. ecclés., III, 28 et IV, 14), quil fait remonter aussi par Irénée à Polycarpe. Le trait est tout à fait en harmonie avec le caractère du disciple qui, dans sa jeunesse, interdisait à un homme de chasser les démons, parce quil ne suivait pas Jésus. Et ce que Jean pratiquait lui-même, il le prescrivait aux autres. (2Jean 10, 11) Clément dAlexandrie, dans son livre : Quel riche peut être sauvé ? (chap. 42) et, daprès lui, Eusèbe (III, 23) rapportent un exemple touchant de la fidélité et de lamour avec lesquels Jean remplissait les devoirs de son apostolat. Lorsque cet apôtre, après la mort du tyran, fut revenu de lîle de Patmos à Ephèse, il fut appelé dans les contrées voisines pour établir des évêques, régler la discipline des Eglises et faire entrer dans le clergé ceux qui lui seraient désignés par le Saint-Esprit. Il vint dans une ville non loin dEphèse, dont quelques-uns indiquent même le nom ; après avoir exhorté les frères, il aperçut dans lassemblée un jeune homme de belle taille, agréable de visage et doué dune âme ardente. « Je te recommande ce jeune homme de tout mon pouvoir, dit-il à lévêque ; jen prends à témoin Christ et lEglise. » Lévêque reçut le jeune disciple dans sa maison, linstruisit, le surveilla et à la fin lui administra le baptême. Après cela, il se relâcha dans ses soins et sa surveillance, estimant que le sceau du Seigneur quil lui avait imprimé était une parfaite sauvegarde. Mais le jeune homme, trop tôt affranchi, se laissa corrompre par des camarades oisifs, dévoyés et coutumiers du mal, qui lentraînèrent dabord dans de nombreux et somptueux festins, et finirent par lassocier à leurs expéditions nocturnes, pour détrousser les passants, et à dautres crimes encore plus grands. Bientôt habitué au mal, le jeune homme, entraîné par lardeur de sa nature, semblable à un cheval sans frein qui sélance hors de sa voie, se jetait toujours plus avant dans labîme. Désespérant de la grâce de Dieu, il senhardit dans le mal et, puisquil devait être perdu, il voulait au moins dans cette vie criminelle faire quelque chose de grand. Il rassembla ses compagnons et forma avec eux une bande de brigands dont il devint le chef, les surpassant tous en cruauté et en violence. Quelque temps après, Jean, appelé par de nouveaux devoirs, revint dans cette ville, et ayant achevé ce quil avait à y faire, il sadressa à lévêque : « Eh bien, lui dit-il, restitue le dépôt que le Seigneur et moi-même tavons confié en présence de lEglise. » Lévêque, effrayé, pensait quil sagissait dune somme dargent à lui confiée. « Non, dit lapôtre, mais le jeune homme, lâme de ton frère, voilà ce que je réclame de toi. » Alors le vieillard, soupirant profondément, répondit en versant des larmes : « Il est mort ! » - « Mort ! sécria lapôtre. Et de quelle mort ?» - « Il est mort à Dieu, répondit lévêque ; il sest perverti, il sest perdu ; bref il est devenu un brigand, et maintenant, au lieu dappartenir à lEglise, il occupe la montagne avec la bande de ses associés. » A louïe de ces paroles, lapôtre déchire ses vêtements, se frappe la tête et se lamente à haute voix : « Oh ! à quel gardien ai-je donc confié lâme de mon frère ? Quon mamène à linstant un cheval et un guide ! » Et, tel quil était, il quitte aussitôt lEglise. Arrivé dans la région où sont les brigands, il est arrêté par leurs sentinelles, il ne cherche ni à leur échapper, ni à les fléchir. « Cest pour cela que je suis venu, dit-il ; conduisez-moi à votre chef ! » Celui-ci, tout armé, attendait fièrement. Mais, dès quil reconnut dans cet étranger lapôtre Jean, il senfuit plein de honte. Jean, oubliant son âge, se mit à le poursuivre, lui criant à diverses reprises : « Pourquoi me fuis-tu, mon fils, moi, ton père, un vieillard désarmé ? Aie pitié de moi, mon enfant, ne crains rien ; il y a encore pour toi espérance de la vie éternelle. Je répondrai de toi au Sauveur. Je mourrai pour toi, sil le faut, comme le Seigneur est mort pour nous ; je donne mon âme pour la tienne. Arrête-toi ! Crois ! Cest Christ qui menvoie ! » A louïe de ces paroles, le jeune homme sarrêta en baissant la tête. Puis il jeta loin de lui ses armes et, tout tremblant, il pleura amèrement. Lorsque le vieillard sapprocha de lui, il embrassa ses genoux, implorant son pardon avec des gémissements et des larmes qui furent pour lui un second baptême. Seulement il cachait encore sa main droite. Mais lapôtre, se portant garant pour lui, lui promet avec serment quil obtiendra du Sauveur son pardon. Il se jette enfin à ses pieds, le supplie, et baisant cette main que le jeune homme retire, comme déjà purifiée par la repentance, il le ramène dans lEglise. Et là, intercédant par dabondantes prières, combattant avec lui par de fréquents jeûnes, persuadant son esprit par des discours variés, il ne sen alla pas quil ne leût rendu à lEglise, comme un grand exemple de vraie repentance et de cette régénération qui est un monument de la résurrection que nous espérons. La tradition rapporte dautres traits encore. Daprès Tertullien, Jean aurait été plongé dans de lhuile bouillante sans en recevoir aucun mal. Au dire dApollonius, écrivain du second siècle, Jean ressuscita un mort à Ephèse. (Eus., V, 18.) Enfin divers textes apocryphes racontent que notre apôtre aurait bu une coupe de poison sans aucun dommage pour sa santé. On peut dire, avec M. Luthardt, quici lhistoire se perd dans la légende. Tous les témoignages de lantiquité chrétienne saccordent sur ce fait que Jean atteignit les dernières limites de la vie humaine et vécut jusquà lâge de près de cent ans. Jérôme rapporte que, très avancé en âge et trop faible pour se rendre dans les assemblées, il sy faisait porter par de jeunes disciples, et quincapable de prononcer des discours prolongés, il se contentait de redire : Mes petits enfants, aimez-vous les uns les autres. Etonnés dentendre toujours la même parole sortir de cette bouche autrefois si éloquente, des frères lui demandèrent pourquoi il la répétait ainsi. Il répondit : Parce que cest le commandement du Seigneur, et que, sil est accompli, tout est accompli. La longue vie de lapôtre affermissait ses amis dans lopinion quil ne verrait point la mort. (21.23, note.) Cependant il mourut. Dans les Actes de Jean, attribués à Leucius Charinus (vers 160), il est raconté quun dimanche, après le service divin, Jean se rendit, en compagnie de quelques disciples intimes, devant les portes de la ville, et se fit creuser une tombe profonde ; il y déposa ses vêtements de dessus pour quils lui servissent de couche ; après une dernière prière, il y descendit, prit congé des frères présents, et rendit lesprit (Zahn, Einleitung in das Neue Testament, II. 1899, p. 457. La même légende est rapportée par saint Augustin, Traités sur lEvangile de Jean, CXXIV.). Quoi quil en soit des détails de ce récit, il confirme la mort paisible de lapôtre. Un successeur de Jean dans la direction de lEglise dEphèse, Polycrate, atteste quil fut enseveli à Ephèse, et Eusèbe rapporte que bien longtemps après on y voyait encore son tombeau. (Hist. ecclés., VII, 25.) Saint Augustin dit cependant que certains de ses contemporains encore, persistant dans lopinion que lapôtre nétait pas mort, croyaient voir à chaque respiration de sa poitrine la terre se mouvoir au-dessus de sa tombe. Ainsi le cœur, aidé par limagination, se repaît de chimère plutôt que de renoncer aux idées qui lui sont chères. Tel fut le disciple que Jésus aimait, autant que nous pouvons le peindre daprès les traits épars que nous ont laissés de lui lEvangile et la tradition. Les lignes suivantes de Meyer nous paraissent les résumer avec bonheur et tracer un portrait fidèle de lapôtre de la charité : Lamour était le trait fondamental de son être, parce quil vivait tout entier dans la communion la plus vraie, la plus profonde, la plus vivante desprit et de cœur avec Jésus-Christ. Contemplatif, mais pratique ; dun mysticisme idéal et profond, mais éloigné de tout fanatisme ; reflétant comme un pur miroir la gloire de lHomme-Dieu (1.14 ; 1Jean 1.1) ; tendre et humble, mais dune apostolique énergie ; ayant la gloire dêtre, au sein des Eglises dAsie, le représentant de la sacrificature spirituelle et de la vraie gnose chrétienne ; sétant élevé du point de vue de lapostolat juif jusquà luniversalisme dun saint Paul, mais à une hauteur calme et sereine, au-dessus des luttes et des combats ; dernier des apôtres et, grâce à sa longue et riche expérience, interprète le plus complet de la vérité et de la vie qui sont apparues en Christ ; ramenant tout le christianisme à la personne du Sauveur, Jean laissa son évangile à lEglise, qui le conservera comme un héritage de paix, dunité, de progrès, jusquà ce quelle ait atteint son entier perfectionnement.
Posted on: Sat, 16 Nov 2013 22:21:05 +0000

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