Le Billet : Tourisme de misère ! Par Jawhar CHATTY Franchement, on a ce qu’on mérite. Si le tourisme tunisien est aujourd’hui dans la misère, c’est en grande partie parce que nous pratiquons un tourisme de misère ! Le discours officiel encourage la diversification du produit touristique, il fut un temps où il était même question de focaliser les efforts sur le tourisme haut de gamme ! C’était avant que l’image de la Tunisie et du tourisme tunisien ne s’érode à l’échelle internationale. A force de tirer le secteur vers le bas, à force de brader les prix, à force de subir le diktat des TO et d’y consentir, à force de voir dans le all inclusive une bouée de sauvetage, là où il fallait plutôt y voir un boulet, les professionnels du tourisme tunisien ne se sont pas seulement rabaissés et mûs en quémandeurs. Ils ne se sont pas seulement appauvris et encore un peu plus engloutis dans l’océan des impayés et des crédits accrochés… Ils ont surtout déclassé la Tunisie qui, aux yeux des TO et des touristes européens, fait désormais partie de ces destinations «pas chères», avec tout ce que cela charrie comme connotations et… préjugés. En croyant faire face à la morosité de la conjoncture, on brade à tout-va en oubliant que le déclassement d’une destination n’a rien de conjoncturel, que ce déclassement est d’ordre structurel et que ses effets s’inscrivent dans le long terme. Remonter demain la pente, redorer le blason et l’image de la destination touristique tunisienne ne sera pas chose aisée. Ce sera une entreprise de longue haleine et …fort coûteuse. Il n’est pas ici question de qualité de service. La question est depuis longtemps tranchée : le tourisme tunisien est d’une qualité médiocre. La qualité a un coût. Ce n’est tout naturellement pas en bradant les prix et en faisant du all inclusive que l’on va se soucier de la qualité ! La question serait plutôt de savoir quelle est aujourd’hui la réelle contribution au PIB de la grande braderie qu’est devenu le secteur du tourisme tunisien. La question est d’autant plus fondée que, en dépit de la dégringolade du dinar face à l’euro, les professionnels tunisiens du tourisme continuent à libeller en dinars leurs contrats avec les TO. Le ministère du Tourisme serait à cet égard bien inspiré d’aller voir du côté de la BCT la possibilité pour celle-ci d’émettre une circulaire qui obligerait, du moins qui inciterait les hôteliers tunisiens à libeller en devises leurs contrats avec les TO. Notre orgueil sera au moins sauf et on aura ainsi signifié que la Tunisie n’entend pas rester encore longtemps une destination de misère ! Ajouté le : 14-08-2013
Posted on: Wed, 14 Aug 2013 22:11:32 +0000
Trending Topics
Recently Viewed Topics
© 2015