Le Giec sort sa science RÉCITLa première partie du rapport 2014 - TopicsExpress



          

Le Giec sort sa science RÉCITLa première partie du rapport 2014 sera finalisée cette semaine à Stockholm. Elle porte sur les bases physiques du système climatique. Le résumé pour les gouvernements sera rendu public vendredi. Ce matin s’ouvre à Stockholm la réunion finale du groupe 1 du Giec - le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Sa mission se limite aux «bases physiques du climat» et à son fonctionnement hier, aujourd’hui et surtout demain, en fonction de sa perturbation par les émissions de gaz à effet de serre. Un retour du climat sur l’agenda international, alors que la crise financière et des dettes, l’envolée du chômage dans les pays industrialisés et des bruits de bottes ont relégué ce dossier loin des priorités politiques. Le Giec scande par ses rapports (1990, 1995, 2001, 2007) la géopolitique du climat, initiée par la signature de la Convention de l’ONU en 1992. Rédigés par des scientifiques, mais cosignés par les délégations gouvernementales - un dispositif exigé par Ronald Reagan et Margaret Thatcher, qui voulaient éviter qu’un groupe d’écolos ne prenne la main sur l’expertise internationale du climat -, les textes du Giec ont du coup acquis une force insoupçonnée à l’époque. Dans ce mariage de la carpe gouvernementale et du lapin scientifique, c’est le second qui a mangé le premier. Cible. «C’est le quatrième rapport auquel je participe. Comme d’habitude, je m’attends à des discussions serrées lors de l’approbation du résumé pour décideurs», explique Jean Jouzel, vice-président du groupe 1 du Giec. Spécialiste de la reconstitution des climats passés à l’aide des carottes de glaces polaires, il souhaite bien du plaisir «aux gouvernements qui voudront infléchir le texte rédigé par les scientifiques. Ils auront du mal, car ils doivent s’appuyer sur des données publiées dans le rapport scientifique complet pour réclamer une nouvelle formulation». En outre, la discussion sera totalement transparente, car «tout le monde pourra comparer la version initiale et la version finale». Malgré sa lourdeur, Jouzel tient à «cette procédure qui donne une force au rapport, car il engage les gouvernements qui l’ont approuvé. Ceux qui ne veulent pas agir sont ensuite en porte-à-faux par rapport au texte qu’ils ont approuvé». Le Giec fut une cible privilégiée des autoproclamés climato-sceptiques. Des groupes organisés, surtout aux Etats-Unis, où des fondations d’inspiration ultralibérales, bénéficiant des largesses de groupes industriels, les ont dotés d’une force de frappe financière. Mettre en cause le diagnostic scientifique fut leur stratégie, suivant le modèle de la contre-offensive des cigarettiers après la découverte des méfaits du tabac sur la santé humaine (1). En France, c’est l’ancien ministre socialiste Claude Allègre qui sonna la charge, en 2010, contre les «imposteurs du climat». S’attirant une riposte de la communauté des spécialistes qui ont dressé la longue liste de ses erreurs et de ses trucages de données scientifiques. ProjectIons. Le cinquième rapport du Giec se place, selon Jean Jouzel, «en continuité des précédents : il n’y aura pas de rupture dans les messages émis, même s’il fait part des nombreuses avancées des sciences du climat depuis 2007». On y trouvera quelques nouveautés. Ainsi, les relations entre économistes et climatologues se sont inversées. Jusqu’alors, les économistes concoctaient des scénarios d’émissions de gaz à effet de serre selon diverses trajectoires économiques, la mise en œuvre ou non de politiques visant à réduire les émissions. Ensuite, les climatologues introduisaient ces scénarios dans les simulations sur ordinateurs. Pour ce rapport, les scientifiques ont repris la main. Ils ont réalisé des simulations du climat futur en fonction de divers niveaux de stabilisation de la teneur en gaz à effet de serre et du climat. Sur cette base, ce sont les économistes qui devront élaborer les scénarios permettant d’éviter tel ou tel niveau de perturbation du climat. Les projections ont été scindées en deux chapitres (avant et après 2050) à la demande des gouvernements. Le premier mettra l’accent sur les aspects régionaux du changement climatique. Le second sur le long terme et les phénomènes irréversibles. Parmi les sujets qui feront débat, Jean Jouzel note le chapitre sur le niveau marin futur, dont la prévision demeure tributaire d’une meilleure compréhension des réactions des calottes polaires au changement climatique. Autre sujet chaud, le chapitre sur les nuages, les aérosols et les rayonnements, où se concentrent les principales incertitudes. En mars, le groupe 2 rendra son rapport sur les conséquences et risques de ce changement pour l’environnement et les sociétés humaines. Puis, en avril, le groupe 3 se penchera sur les moyens d’atténuer ces risques et de s’adapter à ceux qui surviendront. Enfin, en décembre 2014, un rapport de synthèse sera remis aux gouvernements. Il servira de base à la 21e conférence des parties (COP), de la Convention climat de l’ONU, qui doit se tenir à Paris en 2015. Sa mission sera de parvenir à un accord international applicable à tous les pays à partir de 2020.
Posted on: Mon, 04 Nov 2013 08:09:19 +0000

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