Le Portugal a un rôle stratégique pour le pouvoir angolais : il - TopicsExpress



          

Le Portugal a un rôle stratégique pour le pouvoir angolais : il permet à lélite économique et politique de se ménager une porte de sortie en cas de changement de régime, avec une partie de leurs richesses stockées au Portugal. Mais cest aussi un pays qui leur sert de laverie pour les capitaux angolais douteux, résume Jorge Costa, du Bloc de gauche (opposition), qui sapprête à publier un livre, en début dannée prochaine, sur les propriétaires angolais du Portugal. Un rapport, publié en 2011 par lONG Global Witness, passe en revue les comptes – particulièrement opaques – de lindustrie pétrolière en Angola. Il établit notamment quil existe une différence de pas moins de 87 millions de barils dor noir, sur le total de la production de lannée 2008, selon les registres établis par le ministère du Pétrole et ceux du ministère des Finances… Un exemple parmi dautres des failles institutionnelles, qui peuvent favoriser le détournement dargent public. Un débat tabou Malgré lampleur des manœuvres, cest à peine si le débat secoue la scène portugaise. Laffaire des excuses diplomatiques de Rui Machete na fait que leffleurer et lintéressé a fini par échapper à la démission. Tous les dirigeants politiques portugais, au pouvoir ou dans lopposition, ont entretenu des liens avec les forces angolaises, dun côté ou de lautre du conflit, précise Pedro Rosa Mendes. A lorigine dobédience marxiste-léniniste, le Mouvement populaire de libération de lAngola (MPLA) a adhéré à lInternationale socialiste en 2003. Il entretient donc des liens étroits avec les communistes et les socialistes, mais aussi les sociaux-démocrates (droite) portugais aujourdhui au pouvoir. Le MPLA a toujours su sadapter au contexte au fil des générations et changer dalliances selon les évolutions géopolitiques, poursuit Pedro Rosa Mendes. Depuis le retour du Portugal à la démocratie, en 1974, 26 ministres et secrétaires d’État portugais ont occupé ou continuent d’occuper des postes dans des entreprises angolaises Daprès le décompte effectué par Jorge Costa, depuis le retour du Portugal à la démocratie, en 1974, 26 ministres et secrétaires d’État portugais ont occupé ou continuent d’occuper des postes dans des entreprises angolaises, après leur passage par un ministère public. Lactuel Premier ministre, Pedro Passos Coelho, a passé une partie de son enfance en Angola. La presse portugaise spécule également sur lexistence dun lobby angolais au sein du gouvernement, constitué de plusieurs ministres ayant vécu à Luanda dans leur enfance. Autre explication de la faible intensité de ce débat presque tabou : des entrepreneurs se sont mis à racheter des médias portugais, qui tendent, du coup, à évacuer le sujet. Cest le cas dAlvaro Sobrinho, homme daffaires de Luanda très en vue à Lisbonne, qui sest emparé via sa holding, Newshold, dactifs prestigieux dans le secteur des journaux en crise. Il a ainsi racheté à 100 % lhebdomadaire Sol et le quotidien i, tandis quil grignote des parts dans des groupes qui publient dautres titres, comme les hebdomadaires Visão et Expresso. Il faut aussi compter sur lauto-censure, selon lexpression de Lisa Rimli, dune partie du monde économique, en particulier des PME portugaises, inquiètes de perdre des marchés à lexportation si le débat sur lorigine des fonds angolais devait sintensifier. En clair : la gravité de la crise fournit une excuse idéale pour ne pas regarder de trop près la couleur de largent. Ceux qui saventurent tout de même à critiquer sur la place publique cette cascade dinvestissements, prennent alors le risque de se faire taxer de racistes ou de néo-colonialistes par Luanda. Je suis anti-colonialiste par conviction, prend ainsi soin de préciser Daniel Oliveira, un journaliste à lExpresso, en ouverture dun texte dans lequel il dénonce le silence qui accompagne les placements angolais dans le pays. Le mutisme de lEurope Si la gêne domine à Lisbonne, dautres institutions brillent aussi par leur absence. Sur ce dossier, lEurope est muette. Marcolino Moco, un ancien Premier ministre angolais (1992-1996), devenu lun des plus féroces adversaires de Dos Santos, sest récemment interrogé sur les silences de lUnion européenne : Pour préserver ses intérêts économiques avec lAngola, lEurope ferme les yeux sur toutes ces malversations. L’austérité et les programmes de privatisation exigés à Lisbonne par l’Europe ont eu pour effet daggraver la dépendance du Portugal envers lAngola Pour leurodéputée socialiste Ana Gomes, lEurope serait même complice de cette opération : L’austérité et les programmes de privatisation exigés à Lisbonne par l’Europe ont eu pour effet daggraver la dépendance du Portugal envers lAngola. Non seulement lEurope ne dit rien, mais elle pousse encore plus dans cette direction ! Ce nest en tout cas pas du côté de la Commission européenne quil faudra attendre une réaction, dici les élections européennes de lan prochain. Son patron depuis 2004, José Manuel Barroso, fut lun des Premiers ministres portugais les plus proches du régime de Dos Santos. En 2003, il sétait rendu à Luanda avec dix de ses ministres. En tant que président de la Commission, il a effectué une visite de deux jours en Angola, en avril 2012, pour renforcer la coopération de lUE avec Luanda. Barroso fut même lun des invités de choix du mariage, en 2003, dune autre fille du président angolais, Tchizé Dos Santos. Cette dernière, plus discrète que sa demi-sœur Isabel, vient dailleurs dacheter 30 % dune société portugaise demballage de fruits.presseurop.eu/fr/content/article/4332581-les-bons-offices-du-lobby-angolais
Posted on: Thu, 21 Nov 2013 03:36:37 +0000

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