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Le sens de la vie selon Agamben.....Si l’on considère que l’individu est construit en tant que sujet par le droit — ce qui constitue une forme d’assujettissement puisqu’il ne se pense que par les catégories qui lui sont imposées par le droit — alors la vie monastique consisterait en un exercice de désubjectivation et donc de libération de l’individu, à travers l’abandon de soi et le renoncement au monde. Replacé dans l’œuvre de première importance de Giorgio Agamben sur la constitution de l’État et de l’État d’exception, sur le droit et son dépassement, son rapport à la vie et à la construction du sujet (notamment dans les ouvrages composant la série intitulée « Homo Sacer »), ce livre semble suggérer une piste pour s’affranchir de la forme dominante de la politique pratiquée, selon Agamben, par les États modernes : une « biopolitique » qui dissout les identités pour les recodifier juridiquement et les resubjectiver. Pour résister, il nous faudrait, conformément au modèle monastique élaboré par l’auteur, nous défaire des droits qui nous définissent en tant que sujets, en réglant notre rapport aux choses et à nous-mêmes, au moyen d’un souci de soi, d’un retour sur soi-même, d’une sorte de retrait, comme pour se découvrir au-delà des identités qui nous sont imposées par l’institution. Les moines de la fin de l’Antiquité et du haut Moyen Âge puis, surtout, les Franciscains à partir du XIIIe siècle auraient donc posé les bases d’une émancipation de l’individu par rapport au droit, à l’institution et à la propriété, et les fondements d’une autre société où le renoncement au monde et à soi seraient le point de départ d’une nouvelle attention au corps et à ses propres besoins. La lecture de la vie religieuse médiévale par Agamben accorde de fait à la règle monastique le pouvoir de créer un espace de liberté à l’intérieur du droit et de l’institution. En présentant ce potentiel comme le « legs le plus précieux » du monachisme et plus particulièrement du franciscanisme (p. 10), l’auteur invite implicitement son lecteur, nous semble-t-il, à s’emparer de cette tradition et à s’en inspirer pour réfléchir aux formes que pourrait prendre une vie qui serait ainsi constituée par une règle et non par l’emprise du droit.
Posted on: Sun, 22 Sep 2013 06:54:10 +0000

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