Le verdict de l’auteur du rapport, le cancérologue, Dominique - TopicsExpress



          

Le verdict de l’auteur du rapport, le cancérologue, Dominique Belpomme, est sans appel : la Martinique et la Guadeloupe sont “empoisonnées”. Dans Le Parisien, le médecin va jusqu’à déclarer que cette affaire se révèle beaucoup plus grave que celle du sang contaminé, estimant que toutes les femmes enceintes et tous les enfants sont contaminés . Ces propos sont étayés par son étude qui sera rendue publique le 18 septembre à l’Assemblée nationale. Selon le cancérologue, qui a conduit récemment une mission scientifique dans ces deux départements d’outre-mer, “l’empoisonnement concerne le sol et l’eau”. En fait, toute la chaîne alimentaire est touchée. On retrouve les pesticides dans les légumes et dans la viande. Les produits incriminés sont notamment le chlordécone, que la France a interdit en 1990 sur son territoire, sauf aux Antilles jusqu’en 1993, le paraquat mais aussi plusieurs dizaines d’autres pesticides, employés dans “des conditions très opaques”. Comble de malheur, ces substances nocives ont une durée de vie de plusieurs siècles. Le retrait du paraquat du marché français fait suite à l’arrêt de Cour de Justice Européenne du 11 juillet 2007 annulant la directive qui autorisait l’herbicide paraquat. Des études de toxigénomique réalisées par le groupe de recherche de Claude Reiss (CNRS) avaient permis de confirmer que ce produit altère l’expression de très nombreux gènes mais qu’en plus, il se fixe dans les argiles du sol, ce qui tend à les rendre infertiles. Il serait de ce fait plus dangereux encore que le chlordécone. Côté Ministère de la santé, R. Bachelot tempère assurant qu’une étude épidémiologique est nécessaire avant de confirmer le taux anormalement élevé de cancers de la prostate sur les deux îles, le second mondial, selon Dominique Belpomme. Approche différente au ministère de l’agriculture où Michel Barnier a reconnu que la situation est très grave et que l’usage de ces produits nocifs a des conséquences sur “la qualité des terres”. Il ne semble pas pourtant, à la lecture de ses déclarations, appréhender totalement l’ampleur de la catastrophe : “On a une opportunité de faire autrement à partir de maintenant, puisque les bananeraies ont été détruites par le cyclone Dean en août dernier. Au moment où l’on va replanter, on a l’occasion d’utiliser peu ou pas de pesticides.” Un simple arrêt de l’usage n’est qu’une mesure d’urgence évidente. Elle doit être complétée par un processus de décontamination des terres et des eaux douces dont pourtant personne n’est pour l’instant en capacité d’évaluer le coût, ce qui relativise la promesse de Michel Barnier de mettre en place des aides financières à la dépollution. Quoi qu’on dise les DOM ce n’est pas tout a fait la France. Comment expliquer sinon, qu’à des milliers de kilomètres de la métropole, on ait pu autoriser l’utilisation immodérée de ces produits, dont l’épandage se faisait le plus souvent par avion, sans jamais s’interroger sur leurs conséquences sanitaires alors que leur dangerosité était établie depuis les années 70 ? Certes, la culture de la banane est essentielle pour la survie économique de ces îles où l’agriculture joue un rôle important. On peut toutefois douter qu’une telle permissivité, pour ne pas dire une telle cécité, aurait été admise ou même envisageable sur le territoire métropolitain alors que de 1997 à 2003 pas moins de 7 rapports circonstanciés alertaient déjà sur la situation dramatique environnementale des Antilles françaises. On peut également s’interroger sur les soucis judiciaires que rencontre l’avocat Guadeloupéen Harry DURIMEL en pointe dans le combat pour dénoncer les carences de l’Etat dans la problématique liée à la commercialisation illicite du Clordécone et à l’empoisonnement qui s’en est suivi. C’est à son initiative et sous son impulsion qu’une plainte avec constitution de partie civile avait été déposée en mars 2006. Dépassant ce dramatique cas d’espèce, le Professeur Belpomme, toujours lui (!), a réagi dans les colonnes du quotidien 20 minutes au rapport sur les causes du cancer en France qui sera présenté jeudi matin à l’Académie de médecine. Pour le cancérologue, la part de la pollution environnementale est largement sous-estimée. “je ne suis pas d’accord avec ses positions sur la pollution : affirmer qu’elle n’entre en compte que pour 0,5% des cancers est un leurre. Nous reviendrions ainsi à un taux inférieur à celui avancé en 1981 par des chercheurs américains qui soutenaient que la pollution était directement responsable de 1% des cancers diagnostiqués, et ce alors que la pollution n’a cessé d’augmenter depuis 25 ans ? De très nombreuses études établissent un lien de causalité entre pollution et cancer”... “Il est urgent d’apporter des réponses à la pollution environnementale pour que cessent les rejets de substances cancérigènes, qui finissent par se retrouver dans nos organismes”. L’exemple de la banane antillaise en est malheureusement la parfaite illustration.
Posted on: Mon, 22 Jul 2013 00:37:50 +0000

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