Les TIC et le défi de la gouvernance Même dans des pays ayant - TopicsExpress



          

Les TIC et le défi de la gouvernance Même dans des pays ayant assuré leur transition démocratique de manière relativement paisible, et connaissant aujourd’hui une certaine stabilité politique, les problèmes de la gouvernance et de la consolidation de l’Etat de droit se posent avec acuité. Les dysfonctionnements structurels et systémiques internes de l’administration, résultant de la forte centralisation du pouvoir de décision et de la persistance de certaines formes d’autoritarisme, ont compromis le rôle politique, économique et social des Etats. La corruption, qui s’est souvent développée sous des régimes pourtant démocratiquement élus, a des conséquences néfastes sur la satisfaction des demandes sociales, développant et entretenant dans la population (qui a consenti d’importants sacrifices dans le cadre des programmes d’ajustement structurel) un sentiment d’injustice, source potentielle de violence sociale et d’instabilité politique. Promue par les bailleurs de fonds, la bonne gouvernance suscite l’espoir d’un remodelage structurel et organisationnel des Etats, de manière à les adapter aux exigences d’une société démocratique fondée sur la transparence et l’implication accrue de la société civile, et à les rendre davantage aptes à répondre à l’impératif de développement économique et social durable dans le contexte actuel de la mondialisation. L’introduction des TIC dans les systèmes de management, de production des biens et des services induit des changements structurels importants qui peuvent favoriser l’efficacité, la transparence, la participation, l’intégration (davantage horizontale que pyramidale) des sphères intervenantes. L’informatisation des services administratifs permet de rationaliser la gestion des ressources (humaines, financières et matérielles) de l’Etat, en réduisant les fraudes, les lenteurs et les barrières bureaucratiques. Les systèmes informatisés de gestion des impôts, de la solde et du budget ont été introduits dans la plupart des pays. Mais, au Cameroun par exemple, leur concentration excessive au niveau central a considérablement limité leur apport dans le fonctionnement de l’administration des finances et l’amélioration du service aux usagers : des goulots se sont constitués, générant des réseaux de corruption et de trafics divers. L’interconnexion des services de l’Etat, par la mise en place d’un réseau gouvernemental, assure une meilleure articulation et une plus grande coordination des activités des services publics. Elle permet de soutenir la dynamique actuelle de décentralisation et de déconcentration, s’inscrivant dans les programmes de gouvernance, en renforçant la cohésion des actions des différents acteurs (collectivités locales, Etat) ; cette cohésion dépend en effet de la capacité à collaborer et donc, à échanger et à partager l’information. L’administration électronique bouleverse les modalités des rapports entre les services publics et les citoyens, se situant de ce fait au cœur du processus de réforme de l’Etat. Elle permet une meilleure information des citoyens (ce qui constitue un des piliers de base de la bonne gouvernance), indépendamment des contraintes de distance à la source d’information. La mise en ligne de l’information publique (textes législatifs et réglementaires, données socio¬économiques, missions des ministères et des autres organismes publics, marchés publics, etc.), dans un contexte où celle-ci n’est pas toujours facile à obtenir, assurerait un accès égal et transparent à l’information aux citoyens, aux opérateurs économiques et aux investisseurs étrangers potentiels. Un opérateur économique se trouvant au Sud du Cameroun peut directement avoir les informations concernant la réglementation des impôts en se connectant sur le site de la direction des impôts. La dématérialisation de certaines procédures administratives (télé procédures), que permettent les réseaux électroniques, simplifierait, de manière significative, les relations entre l’administration et les usagers : retrait (téléchargement) de certains formulaires administratifs, paiement en ligne des impôts, déclaration d’entreprise, inscription aux concours, soumission aux appels d’offre pour les marchés publics, etc. L’appropriation des TIC par les Etats africains implique la capacité de pouvoir intégrer celles-ci de manière efficiente dans la recherche et la mise en œuvre des solutions aux problèmes de développement. Dans cette optique, l’implantation des systèmes d’information et des outils d’aide à la décision dans les institutions peut contribuer, de manière significative, à l’élaboration des politiques et des stratégies sectorielles et à la programmation des actions dans des domaines tels que la santé, l’éducation, la gestion urbaine, l’environnement. L’informatisation du système de santé (la carte sanitaire par exemple) favorise ainsi une meilleure gestion des infrastructures et des personnels de la santé ; l’utilisation des réseaux s’est avérée efficace pour gérer les crises sanitaires, en permettant de mobiliser rapidement l’expertise à l’échelle mondiale, et de coordonner les actions (c’est le cas de l’onchocercose en Afrique de l’Ouest et de la crise du virus d’Ebola au Congo) ; les systèmes d’informations agricoles (SIA) peuvent connecter les communautés rurales isolées aux marchés et aux connaissances leur permettant d’améliorer leur productivité (données météorologiques, sources d’appui technique, experts). Les communautés sous-régionales et régionales d’Etats, ciment de l’objectif politique récurrent d’intégration africaine, posent aussi de nouveaux défis de gouvernance. Comment structurer et organiser les rapports entre les citoyens et les institutions transnationales alors qu’il n’est déjà pas facile de le faire au niveau national ? Comment impliquer les citoyens dans la construction des communautés régionales et renforcer la légitimité des institutions qui en découlent ? Comment permettre l’expression d’une souveraineté transnationale, à travers la participation démocratique des populations qui appartiennent à plusieurs Etats ? Les réseaux électroniques apportent quelques solutions à ces questions. En Europe Internet est étroitement associé à la problématique de la gouvernance européenne. Le projet e-Europe vise dans ce cadre à fournir en ligne aux citoyens, l’ensemble des services offerts par les institutions européennes. Quelques projets plus ambitieux suggèrent même la mise en place de parlements virtuels et de systèmes de votes électroniques pour consulter les citoyens 23. Les TIC peuvent accélérer la construction politique, économique et sociale des communautés d’Etats africains, en favorisant une plus grande implication des populations ainsi que l’échange et le partage de l’information entre les institutions nationales et régionales. Les institutions régionales peuvent mettre en place des sites web pour informer les populations de leurs missions et de leurs activités, corrigeant ainsi l’opacité qui caractérise généralement le fonctionnement et le travail de certaines institutions. Les communications téléphoniques entre les pays africains sont généralement plus coûteuses et plus approximatives qu’avec les pays occidentaux ce qui ne pouvait pas encourager le maillage des individus et des acteurs à travers le continent. Cette difficulté est en grande partie résolue par le net : l’information circule plus facilement et librement grâce à la messagerie électronique ; des forums virtuels de discussion peuvent se constituer entre des acteurs travaillant sur des questions communes.
Posted on: Thu, 18 Jul 2013 23:38:12 +0000

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