Les travaux de la maison ne commenceraient pas avant le printemps - TopicsExpress



          

Les travaux de la maison ne commenceraient pas avant le printemps prochain. Le permis de construire avait du être légèrement modifié, et les matériaux tout juste commandés. J’avais donc tout mon temps pour faire le nécessaire avant de repartir sur le continent rejoindre ma belle. Je passais une partie du temps avec l’équipe pour refaire la toiture de la casette. Dès le lendemain, Anghjulu Santu me présentait Pierre, un ami qui vivait un peu comme moi pas très loin d’ici et qui acceptait volontiers de passer régulièrement à la cabane pour voir si tout allait bien. Pour le reste, je rendais visite à mon ami Didier, qui élevait ses ânes en même temps qu’il cultivait de tout, sur un terrain d’une douzaine d’hectares du côté de Ghisonaccia. J’en profitais pour charger la camionnette de foin pour mes deux ânesses. On passait une super soirée à la brasserie artisanale du coin qui recevait un groupe de musiciens irlandais. L’Irlande, considérée comme « sœur » de la corse par le groupe Canta u populu corsu, en référence à sa lutte contre le colonisateur. Bien que très actif, je n’en comptais pas moins les jours. Je n’avais quasiment pas vidé mon sac, à part quelques sous-vêtements. J’avais déjà pris mon billet pour Marseille où Marie-Ange m’attendrait et je voyagerai de jour. Pierre devait-être de peu d’années mon aîné. A quelque chose prêt, on avait suivi le même parcours et à vol d’oiseau, nos terrains étaient assez proches. Il avait construit un Smial en adoptant la technique des pagliaggi. Une voute presque plate en encorbellement pour la toiture, qui était recouverte de pierres, un peu comme une toiture en lauzes, puis d’une terre qui se végétalisait naturellement avec le temps. Les murs en forme de tonneaux croisés étaient en voûtes nubienne, et un système de drainage en amont permettait de maintenir l’habitation dans les meilleures conditions bio climatiques. Semi enterré, le Smial maintenait une température et une hygrométrie confortables en toutes saisons. Autre avantage et pas des moindre, tel l’habitat troglodyte, le Smial pouvait essuyer les plus grosses tempêtes en rigolant. Juste devant, il avait aménagé une petite mare qui recueillait les eaux recyclées et les eaux de pluies, permettant d’irriguer les parcelles en contrebas. L’hiver, les rayons du soleil bien plus bas, se reflétaient de la mare sur les fenêtres et la baie faites de disques en verre joliment sertis d’une torsade de bois, ce qui augmentait l’effet de serre de la maisonnette. Tout à fait ce que je souhaitais également réaliser. Je pouvais lui laisser la baraque en toute confiance, il était convenu que je ne savais pas quand je reviendrais mais que je le maintiendrai informé de mes pérégrinations régulièrement. La veille de mon départ, il m’invitait à passer la soirée chez lui avec quelques bons musicos et un super barbecue. Quelle belle embuscade ! Ce n’est qu’au petit matin que compagnes et compagnons de soirée décidaient de m’accompagner ensemble jusqu’au bateau afin d’être certains que je ne le loupe pas. Ils prendraient le petit déj sur la place Saint Nicolas, d’autant qu’ils devaient se rendre dans le cap chez une amie qui fêtait son anniversaire. Ils en profiteraient pour flâner en chemin. C’étaient plutôt du genre « les frère pétard » ! Finalement, je passais le plus clair de la traversée à dormir sur le pont, n’ouvrant un œil de temps en temps que pour voir s’égailler une bande de dauphins. Je ne reprenais vraiment mes esprits qu’à l’approche de Marseille, alors que les familles s’agglutinaient aux rambardes pour faire coucou à ceux d’en bas. Je scrutais les quais, à la recherche de la silhouette menue de Marie-Ange et la repérais de suite. Je savais qu’elle ne bougerait pas de là avant de m’avoir vu. Je m’éclipsais pour descendre vers la sortie et si je n’étais pas le premier, je ne devais pas attendre pour retrouver la terre ferme et ce petit bout de femme qui frappait dans ses mains en sautillant sur place. On s’embrassait sur les deux joues, puis elle me saisissait le bras à deux mains, posant sa tête tout contre. J’adorais ça. Elle faisait exprès de peser de tout son poids pour me contraindre à ralentir ma marche jusqu’à ce qu’on s’arrête et qu’elle me vole un baiser. On s’éloignait enfin de la citée phocéenne non sans avoir cherché la sortie du port, puis c’était l’autoroute jusqu’à Bollène sous la lumière dorée du soleil couchant. On arrivait à la ferme de Marie-Ange en début de soirée. Hélène et Cédric, les deux « woofeurs » nous attendaient sur la terrasse. Marie-Ange les embrassait chaleureusement. Le couple nous donnait un coup de main pour déballer toutes les affaires, puis nous invitait à nous assoir sur la terrasse. Cédric allait chercher quatre verres et une carafe d’eau fraîche, tandis qu’Hélène faisait un rapport détaillé de la situation. Ils avaient préparé le repas. Il ne nous restait plus qu’à aller prendre une douche avant de passer à table. Marie-Ange me précédait dans l’escalier puis me guidait vers la salle de bain. Je ne trainais pas pour me déshabiller et entrer dans la douche. Marie-Ange revenait avec deux serviettes de bain qu’elle déposait sur le bord du lavabo, puis retirait ses fringues frénétiquement avant de me rejoindre.
Posted on: Tue, 03 Sep 2013 06:49:19 +0000

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