Les wahhabites taxent-ils de mécréants les ignorants musulmans - TopicsExpress



          

Les wahhabites taxent-ils de mécréants les ignorants musulmans sans faire de détail ? (Partie 2) Voir : e-takfîr wa dhawâbituhu de Sheïkh Ibrahim e-Ruhaïlî. Les conditions à remplir et les restrictions à exclure avant de taxer d’apostasie un cas particulier : 1- Ce cas particulier doit être pubère et sain d’esprit. 2- Il doit avoir commis la mécréance en toute liberté (ce qui exclut la contrainte) et en pleine conscience (ce qui exclut une joie ou une colère extrême faisant perdre l’esprit comme l’histoire de l’homme qui, ayant retrouvé sa monture dans le désert, s’écria de joie : « Ô Allah ! Tu es mon serviteur et je suis Ton Seigneur. »[1] 3- Il faut que les preuves soient établies contre lui, de sorte que s’il ne s’y soumet pas il devient inexcusable, comme nous l’avons vu précédemment.[2] 4- Sa parole ou son acte ne doit pas être motivé par une mauvaise interprétation. Or, les savants ont des avis différents sur la forme que doit prendre l’iqâmat el hujja (établir les preuves contre un cas particulier). Pour les uns : à l’exemple d’ibn el ‘Arabî,[3] ibn Qudâma,[4] et ibn Taïmiya, il est nécessaire pour que la preuve soit effective que la personne contre qui elle est appliquée la comprenne. Pour les autres : ce n’est pas une condition. À leurs yeux, la présence de la preuve suffit en elle-même indépendamment du fait que les gens l’aient comprise ou non. Cette tendance est attribuée à certains petits-fils de Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb, comme Ishâq ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan Âl e-Sheïkh, qui prétend reprendre l’opinion de certains savants de la « da’wa najdite » (aimmat e-da’wa).[5] Les partisans de cette tendance l’affilent également au fondateur de cette prédication, qui soit dit en passant ne fait que véhiculer les enseignements des anciens.[6] Selon ces derniers, peu importe que ceux qui entendent le Coran en aient compris le sens ou non. Les païens, selon certains passages du Livre sacré des musulmans, ne comprennent pas le message qui leur est adressé ; il ne l’entendent pas et ne l’écoute pas. Allah révèle par exemple : [Penses-tu que la plupart entendent ou comprennent ; ils sont plutôt comme du bétail ou encore plus égarés].[7] L’opinion la plus vraisemblable du reste, est la première, car il n’est pas possible d’établir la preuve d’Allah contre quelqu’un qui ne l’a pas comprise. Nous disons qu’il ne la comprend pas dans le sens où il est incapable de la comprendre soit par manque d’intelligence, soit pour être étranger à la langue à laquelle on s’adresse à lui, soit pour s’être imprégné à l’esprit certains arguments ambigus, bien qu’au même moment, il recherche la vérité. Il ne s’agit pas de se détourner des textes par entêtement ou de ne pas rechercher la vérité par négligence. Dans ces deux cas effectivement, aucune excuse n’est valable. Les arguments en faveur de la première opinion : 1- Allah révèle : [Allah n’impose à personne des choses au-dessus de sa capacité ; elle a pour elle ses bonnes œuvres, et contre elle ses mauvaises œuvres. Seigneur, ne nous tient pas rigueur de nos erreurs et de nos oublis].[8] Un hadîth exprime que le Seigneur a répondu à cette invocation.[9] 2- [Et Dawûd et Sulaïmân, lorsqu’ils eurent à juger au sujet d’un champ que les moutons du voisin avaient saccagé la nuit. Nous étions témoin de leur sentence • Nous la fîmes comprendre à Sulaïmân bien qu’à tous deux, Nous offrîmes le bon jugement et le savoir].[10] Hasan el Basrî explique que le bon jugement fut accordé à Salomon dans cette affaire, bien qu’aucun grief ne fût fait à son père.[11] 3- Selon el Aswad ibn Sarî’, le Prophète (r) a dit : « Quatre catégories d’individus le Jour de la Résurrection : le sourd, le simple d’esprit, le vieillard décrépit, et celui qui est décidé pendant la période de la fatra (intervalle entre deux missions prophétiques) ; le sourd dira : « Seigneur, quand l’Islam est venu, je n’entendais rien » ; le fou dira : « Seigneur, quand l’Islam est venu, les enfants me jetaient des crottins d’animaux » ; le vieillard décrépit dira : « Seigneur, quand l’Islam est venu, je n’avais plus ma raison » ; et celui qui est décidé pendant la période de la fatra dira : « Seigneur, aucun de Tes messagers ne m’est venu ». Il prendra alors leur engagement de Lui obéir. Il leur sera ensuite demandé de se jeter au feu. Par Celui qui détient Mon âme dans Sa Main ! S’ils se jettent au feu, il sera pour eux frais et paisible. »[12] 4- Il y a deux obstacles qui empêchent de bien comprendre le message. Soit la personne ne le comprend pas du tout, soit elle le comprend mal. Les textes prennent en considération ces deux cas : Concernant le premier cas : il y a le hadîth de ‘Âisha disant : « La plume n’inscrit pas dans trois cas : celui qui dort jusqu’à son réveil, l’enfant jusqu’à sa puberté, et le fou jusqu’à ce qu’il retrouve sa raison. »[13] Concernant le deuxième cas : ‘Adî ibn Hâtim a mal interprété le Verset disant : [jusquà ce que vous distinguiez le fil blanc du fil noir].[14] Ce dernier nous fait la confidence qu’il mit la nuit sous son oreiller deux cordes : une blanche et une noire. Lorsqu’il essaya de vérifier, il ne constata rien. Au matin, il fit part de son expérience au Prophète, qui lui répondit aussitôt : « Le Verset parle de la noirceur de la nuit et de la blancheur du jour. »[15] Dans ce registre, nous avons l’histoire où le Prophète (r) ordonna de ne pas prier le ‘asr avant d’arriver chez les banû Quraïdha. Les Compagnons se divisèrent pourtant en deux groupes ; les uns prièrent en route de peur de ne pas arriver avant le maghrab et les autres prièrent sur place. À la suite de cet événement, le Prophète (r) ne réprimanda personne bien que forcément, l’un des deux groupes avait tort.[16] Ces arguments sont d’autant plus solides que la religion musulmane à pour vocation d’enlever toute gêne à ses adeptes, comme le révèle le v. 78 de la s. le pèlerinage. Quant au Verset : [penses-tu que la plupart entendent ou comprennent ; ils sont plutôt comme du bétail ou encore plus égarés].[17] Il ne signifie pas, qu’ayant perdu l’ouïe et la raison, ils sont incapables de comprendre le discours qu’ils reçoivent. Il veut cependant dire que ces deux sens leur sont inutiles, puisqu’ils les utilisent à mauvais escient.[18] La preuve, c’est qu’un autre passage du Coran nous apprend qu’effectivement, ils ne leur servent à rien : [Nous avons jeté bon nombre d’hommes et de djinns en Enfer ; ils ont des cœurs avec lesquels ils ne comprennent pas, des yeux avec lesquels ils ne voient pas, des oreilles avec lesquelles ils n’entendent pas. Ceux-là sont comme du bétail ou pire encore, ceux-là sont les insouciants].[19] Ainsi, ils ne mettent pas leur sens au service de la vérité. En cela, ils sont comparables à ceux qui en sont dépourvus.[20] C’est pourquoi, Allah qualifie les hypocrites de : [sourds, muets, et aveugles, ils ne peuvent revenir].[21] Un autre Verset explique en quoi, ils sont sourds, aveugles, et muets, en disant : [Nous leur avons donné l’ouïe, la vue, et un cœur, mais leur ouïe, leur vue, et leur cœur ne leur ont servit à rien, puisqu’ils reniaient les Versets d’Allah].[22] Souvent, Allah rend la pareille aux mécréants, à travers notamment les Versets : [Nous avons enveloppé leur cœur d’un voile pour leur empêcher de comprendre et Nous leur avons bouché les oreilles].[23] Ils disaient auparavant : [N’écoutez pas ce Coran (cette lecture) et faites diversion, ainsi aurez-vous le dessus sur lui].[24] C’est alors que : [Allah scella leur cœur et leurs oreilles et Il mit un voile sur leurs yeux].[25] [Lorsque tu lis le Coran, nous mettons un voile entre toi et ceux qui ne croient pas à l’au-delà].[26] [Vois-tu celui qui prend ses passions pour divinité et qu’Allah a égaré en toute connaissance]. [27] [Ceux-là, Allah les a maudits et les a rendus sourds et aveugles].[28] [Ils ne pouvaient voir ni entendre].[29] Si Allah empêche les mécréants d’avoir accès au message, à quoi bon alors leur demander des comptes le jour du Jugement dernier ? En fait, ils cultivent les fruits de leurs actes, [Allah a plutôt mis un sceau dans leur cœur en raison de leur mécréance],[30] [Leur cœur est malade, mais Allah l’a rendu encore plus malade],[31] [et pour avoir dit : « nos cœurs sont enveloppés. » Allah les a plutôt scellés en raison de leur mécréance ; ainsi, ils ne croient que très peu].[32] [Nous retournons leur cœur et leur regard comme ils n’y avaient pas cru la première fois, et nous les laissons sombrer dans leur rébellion].[33] [Lorsqu’ils s’égarèrent, Allah égara leur cœur ; certes, Allah ne guide point les pervers].[34] Ainsi, Allah les a bien pourvus des sens leur permettant d’avoir accès à la vérité, mais après l’avoir refusé, Allah les a châtiés en leur empêchant de comprendre et en les égarant d’avantage.[35] Nous retrouvons ces trois étapes dans un seul et même contexte : [Un Livre dont les Versets sont détaillés, une lecture arabe pour des gens qui savent • annonciateur et avertisseur, mais comme la plupart d’entre eux se sont détournés, ils n’entendent point].[36] Au départ, le Coran s’adresse à des hommes qui en comprennent le sens, mais comme ils se sont détournés, Allah les a châtiés en leur empêchant désormais d’entendre la vérité. Traduit par : Karim ZENTICI [1] Cette histoire est rapportée dans Muslim (2747). [2] Voir également : el Mahalla (12/135) et el fisal tous les deux d’ibn Hazm (4/105), Majmû’ el Fatâwâ (12/523-524), tarîq el hijrataïn (p. 413) d’ibn el Qaïyim qui explique que deux comportements sont inexcusables en regard de la loi : el i’râdh (qui consiste à ne pas chercher la vérité par négligence) et el ‘inâd (qui consiste à s’entêter devant la vérité), et el muwâfaqât d’e-Shâtibî (3/377). [3] Voir : tafsîr el qâsimî (5/1307-1308), [4] el mughnî(12/277). [5] Voir : risâla hukm takfîr el mu’ayin wa el farq baïna iqâmat el hujja wa fahm el hujja (p. 9). [6] Idem. (p. 13). [7] El Furqân ; 44 [8] La vache ; 286 [9] Rapporté par Muslim (125). [10] Les prophètes ; 78-79 [11] Voir : Tafsîr e-Tabarî. [12] Rapporté par Ahmed dans el musnad (16301) ; bien qu’ibn el Qaïyim l’a authentifié dans Tarîq el hijrataïn (2/865), sa chaîne narrative reste suspecte, comme le fait remarquer l’auteur de la recension de Tarîq el hijrataïn (N. du T.). [13] Rapporté par Ahmed (24694) et ibn Mâja (2041) ; Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans sa correction de ce dernier (1/247). [14] La vache ; 187 [15] Rapporté par el Bukhârî (1916) et Muslim (1090). [16] Le hadîth est rapporté par el Bukhârî (3119). Pour son explication, voir : Majmû’ el Fatâwâ (19/123) et (27/20). [17] El Furqân ; 44 [18] Voir : fath el qadîr de Shawkânî. [19] El A’râf ; 179 [20] Voir : tafsîr e-Tabarî. [21]La vache ; 18 [22] El Ahqâf ; 26 [23] La caverne ; 57 Voir : Adhwâ el baïyân de Shanqîtî. [24] Les versets détaillés ; 26 [25] La vache ; 7 [26] Le voyage nocturne ; 45 [27] L’agenouillée ; 23 [28] Mohammed ; 23 [29] Hûd ; 20 [30] Les femmes ; 155 [31] La vache ; 10 [32] Les femmes ; 155 [33] Le bétail ; 110 [34] Les rangs ; 5 [35] Voir : Adhwâ el baïyân (4/157-158). [36] Les versets détaillés ; 3-4
Posted on: Tue, 12 Nov 2013 12:45:57 +0000

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