Lettre à un destructeur de couples Mon cher Ngouangui, - TopicsExpress



          

Lettre à un destructeur de couples Mon cher Ngouangui, JAURAIS aimé te rencontrer au cours de ma dernière villégiature là-bas à Mbedouyaba pour te parler de vive voix mais mon emploi du temps était si chargé que je nen ai pas eu le temps. De retour à Libreville, je nai donc plus dautre choix que de técrire pour te dire ce que jai sur le cœur. Depuis quelques années, tu choisis comme partenaires des femmes mariées, plus âgées que toi. Cest ainsi que tu rôderais souvent aux alentours de leurs habitations pour leur faire des avances. En agissant de la sorte, tu cherches vraiment des ennuis à leurs maris. Le comble est que quand on te surprend dans tes rancarts, tu nies tout en bloc. Mon grand-père disait: « Si le chien ne veut pas des créer des problèmes aux singes, que cherche-t-il à côté deux dans le bosquet ?» Ngouangui, comment peux-tu te plaire à entretenir des relations amoureuses avec des femmes mariées dans un petit coin comme Mbedouyaba? Mais cela ne peut pas y passer inaperçu ! Je ne sais pas ce que tes disent tes parents mais sache que ce sont des actes suicidaires que tu poses. Ne tamuse pas à sortir avec des femmes qui sont dans des ménages. Leurs maris respectifs peuvent, à terme, devenir des fauves impitoyables. Méfie-toi donc de ces femmes. «Si tu vois une chèvre dans le repaire du lion, aie peur delle,» disait dailleurs mon aïeul. A Mbedouyaba, il ny a que ton nom sur toutes les lèvres. Quand je suis allé saluer le vieux Magavou, je lai trouvé en train de faire la lessive lui-même. Intrigué, je lui ai demandé où était sa femme Nzarondou. Il ma répondu tristement quelle la plaqué parce quelle entretiendrait désormais une relation amoureuse avec toi. Peu après, il sest muré dans un grand silence, retenant à peine ses larmes. Ngouangui, vois-tu combien de fois tu fais du mal à des hommes qui ont pourtant lâge de ton père? De nombreux jeunes de ta génération sont morts parce quils se sont livrés à ce jeu dangereux. Tu devrais en tirer les leçons, Ngouangui. Cest encore mon papy qui disait: «Si tu vois la barbe du voisin prendre feu, tu peux tremper la tienne dans leau.» Je ne comprends pas ton goût prononcé pour les femmes mariées et âgées. Pourtant, Mbedouyaba est peuplé de jeunes femmes communément appelées ‘‘ saignantes. Pourquoi ne jettes-tu pas ton dévolu sur ces dernières? Lamour est avant tout une affaire de génération, Ngouangui ! Les femmes mariées que tu sors ont lâge de ta mère. De même, elles ont des enfants plus âgés que toi. Ce grand écart dâge ne te gêne-t-il pas? Mais tu sors avec tes mamans, Ngouangui ! Ce sont des actes qui te colleront à la peau. Tu ne te gênes pas de détruire des couples qui ont traversé vents et marées, laissant de nombreux notables célibataires. Pis encore, tu te targues partout de sortir avec la femme de tel ou tel autre notable et dêtre le jeune homme qui a plus de succès féminin à Mbedouyaba. Mais tu nes pas discret, Ngouangui ! Si tu ne veux pas que leur mari en soit informé, tu dois rester motus et bouche cousue. II ne sert à rien den faire de la publicité à travers le village. Cest encore mon grand-père qui disait: «Celui qui se cache ne siffle pas.» En vantant tes prouesses partout, tu nargues ipso facto les maris légitimes de tes partenaires. Cest dangereux ce que tu fais ! Même si les notables de Mbedouyaba passent leur temps à saffronter à fleurets mouchetés, ils peuvent unir leurs efforts pour tenvoyer ad pâtres. «Les chiens qui se battent entre eux sunissent contre le loup,» disait dailleurs mon grand-père pétri de sagesse. Si les assassinats sont rares en milieu rural, il nen demeure pas moins que les villageois disposent dautres moyens pour se venger dune humiliation. Ils peuvent, par exemple, te lancer un mauvais sort pour que tu passes de vie à trépas. Ce sont des choses courantes dans nos villages, Ngouangui. Les hommes qui paraissent jusque-là impassibles peuvent se retourner contre toi et te faire du mal parce que se sentant humiliés. Nabuse donc pas de leur tolérance. Celle-ci nest pas une faiblesse, loin sen faut. Même des gens de nature pacifique peuvent réagir de manière violente quand ils sont blessés dans leur amour propre. Je me souviens encore de cette sagesse de mon aïeul, qui disait: «La vipère mord quand on lui marche dessus.» Les notables de Mbedouyaba que tu es en train de narguer aujourdhui peuvent constituer demain un volcan à même de tengloutir. Je me souviens encore avec plaisir des histoires pleines de sagesses et de moralité que me racontait mon grand-père au village sous le clair de lune. Un jour, mapprit-il, Mbira, laigle, le roi des oiseaux, prit deux garde-corps: Mouletsi, lépervier, et Vanga, le corbeau. Au plus fort de la disette, il dépêcha lépervier pour aller lui prendre une proie au village. Lémissaire partit sans broncher. Arrivé au village, lépervier happa un caneton, sous le regard indifférent de sa mère, et lemporta avec lui. Lorsquil arriva chez laigle, celui-ci sétonna de la promptitude avec laquelle il avait accompli sa mission. Lépervier lui expliqua quil a pris la proie sans coup férir. A ce moment, Mbira lui suggéra de retourner rendre le caneton au village, de peur dune vengeance tardive. Lépervier y alla abandonner le caneton et jeta son dévolu sur un poussin qui jouait dans la basse-cour. Aussitôt, la mère poule sortit de ses gongs pour livrer une guerre à lépervier. Mais celui-ci finit par prendre le dessus et senvola avec le poussin dans ses serres. A la vue de son émissaire, laigle lui demanda dans quelles conditions il avait obtenu la proie. Lépervier lui répondit que cétait au prix dune âpre lutte avec la mère du poussin. A ce moment, laigle accepta la pitance, relevant que le combat était livré et terminé et quil ny avait pas de risque de vengeance. Ngouangui, fais donc attention aux gens qui demeurent souvent imperturbables lorsque tu leur causes du tort. Tôt ou tard, ils peuvent se réveiller et te livrer une guerre qui te sera fatale. Si tu ne veux pas avoir de sérieux problèmes avec les notables de Mbedouyaba, commence par esquiver leurs femmes même si tu en es friand. Il y a bien de jeunes femmes célibataires dans le village dont tu peux tenticher. Si tu tobstines à sortir avec des femmes mariées, leurs compagnons peuvent sunir un jour et faire une expédition punitive chez toi. «Si tu ne veux pas que la panthère entre dans ton village, ne prends pas le phacochère quil a tué,» disait mon grand-père. Jonas MOULENDA
Posted on: Wed, 20 Nov 2013 21:02:33 +0000

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