Lhistoire du Dahomey Bénin Si lon en croit les traditions - TopicsExpress



          

Lhistoire du Dahomey Bénin Si lon en croit les traditions locales, des populations ont quitté au cours du XVIe siècle la région de Ketou, en pays yorouba (Est du Benin, Ouest du Nigéria) pour aller sétablir dans un premier temps à Tado, près du fleuve Mono. Deux groupes sy formeront : les Evhé, qui sacheminent vers lOuest (actuel Togo), et les Fon (= Dahoméens ou Dauma), qui migrent vers lEst. Les Evhé (= Ewe) se regroupent à Nuatja. Linstauration dun pouvoir autoritaire conduit cependant vers 1750, la plupart des tribus à se disperser en direction du Sud et de lEst. On identifie alors trois groupes : les Evhé proprement dits, les Anlo (ou Anglo) à lEst de la Volta, et les Ouatchi. Ils sinstalleront progressivement dans les régions où ils vivent actuellement, où ils formeront de petites chefferies et de petites républiques gouvernées par des conseils. Les Fon seront pour leur part à lorigine de trois royaumes. Ils fondent dabord, vers le début du XVIIe siècle, Allada (= royaume dAdra ou des Ardres, dans les chroniques occidentales). Puis des luttes successorales conduisent à une scission. Et, à côté dAllada apparaissent deux autres États : Abomey et Adjatché ( = Porto-Novo). Fondé, semble-t-il, en 1625, le royaume dAbomey devint rapidement prépondérant. Ses souverains successifs lancèrent plusieurs guerres de conquête contre leurs voisins et notamment les Yorouba, et parviennent à agrandir notablement leur domaine. Lensemble politique et territorial constitué après labsorption au début du XVIIIe siècle dAllada et dOuidah a reçu le nom de royaume du Dahomey. Le royaume de Porto-Novo, sen est détaché au commencement du XVIIIe siècle. Il était gouverné par deux rois, dont lun régnait le jour et lautre la nuit. Une série de pays soumis au Dahomey se sont au cours du XIXe siècle détachés eux aussi de lui et, bien quexposés à ses revendications et ses incursions guerrières, sont en fait devenus distincts et indépendants. Le territoire proprement dit du Dahomey à cette époque sétend sur la côte de la « Bouche du Roi » (à IEst de Grand-Popo), au lac Denham et au grau de Kotonou (Cotonou) et dans lintérieur entre la rivière Abomey (Abomé) à lOuest et la rivière Ouémé à lEst; il était limité, au Nord dAbomey, par une frontière mal déterminée sur le territoire des Mahi. Le royaume du Dahomey est soumis à une régime totalitaire et belliciste. Il est doté dune administration fiscale tatillonne, où les fonctionnaires sont surveillés par les femmes du roi. Les artisans eux-mêmes, étroitement contrôlés, doivent produire un art à la gloire exclusive du souverain et de ses hauts faits darme. Deux traits de civilisation ont souvent été relevés : les célèbres Amazones, qui correspondent à linstauration, après la prise de Ouidah, de linstruction militaire des femmes; et des cultes sanguinaires, tels celui des sacrifices humains à Abomey (en particulier lors de la fête de la « grande coutume » célébrée après la mort du roi), et le Vodoun, le long de la côte, associé entre autres à un culte des serpents. Le royaume du Dahomey sest longtemps enrichi grâce au trafic desclaves avec les Européens installés sur la Côte dès le XVIIe siècle. Peu à peu, la France supplanta ses concurrents et instaura sur le Dahomey un protectorat qui résultait de divers traités (1841, 1858, 1868, 1878); mais, quand elle voulut lexercer dune façon effective, le roi Béhanzin successeur de Glè-lé, sopposa à létablissement des Français. Lexpédition du commandant Terrillon en 1890 courte mais meurtrière, eut pour épilogue le traité du 3 octobre 1890, par lequel Béhanzin reconnaissait le protectorat français sur Porto-Novo. Lannexion totale fut décrétée en 1900. et le pays ne recouvra son indépendance quen 1960. Le royaume du Dahomey Certains auteurs donnent 1625 comme date de la fondation du Dahomey. Dautres comme A. Le Hérissé, veulent ne faire remonter cet événement quau règne du prince Ouégbadja, qui se place entre 1650 et 1680 et sous lequel serait apparu, daprès eux, pour la première fois le nom de Dahomey ou de Dan-homè. Le nom de Dahomey signifierait «-ventre de Dan », selon une légende; on raconte, en effet, quau XVIIIe siècle un général qui assiégeait la ville de Canna fit vœu de sacrifier son roi Dan, sil prenait la ville; après sa victoire il exécuta son vœu en massacrant le souverain et plaçant dans son ventre ouvert la première pierre de son palais. Selon dautres auteurs le pays devrait plutôt sappeler Dan-homè ou « ventre du serpent », et ce nom se rapporterait à la légende dun serpent sacré, dont le culte était célébré à Ouidah. La carte intitulée Guinea de Joannes Janssonius, éditée à Amsterdam en 1627, porte le pays et le ville de Dauma au Nord dArder (Ardra) et à lEst de la Volta, cest-à-dire là où se trouve le Dahomey que nous connaissons; de plus, Léon lAfricain, qui vivait entre 1491 et 1540 et qui voyagea au Soudan vers 1507, mentionne également un royaume de Dauma quil situe assurément bien à lEst du Dahomey, mais qui devait très probablement être le même que le Dauma de Janssonius. Quoi quil en soit, le royaume que désignèrent sous ce nom les Européens, fut bien constitué au XVIIe siècle à lintérieur des terres, autour de la ville dAllada ou Ardra qui lui donna dabord son nom et est restée la cité sainte; située sur un plateau assez sain, au croisement de plusieurs routes, cétait alors une cité commerçante où quelques Européens vinrent établir des comptoirs. Elle avait, dit-on, 15 kilomètres de circonférence. En 1724, quand les Dahoméens semparèrent de la route maritime, ils massacrèrent les habitants et détruisirent la ville dont les ruines furent bientôt recouvertes par la forêt. Au XVIIIe siècle, les Dahoméens reportèrent leur capitale plus au centre du royaume, à Abomey; en 1725, ils souvrirent un débouché vers le littoral en conquérant le royaume dAjuda avec sa capitale Savi (ou Xavier) et son port principal, Fida (ou Ouidah). Cette dernière ville devint un centre important pour le commerce des esclaves; appelée par les Dahoméens Gléhoué, par les Portugais Ajuda, elle exportait environ 18 000 esclaves et comptait à lépoque de sa plus grande prospérité 35000 habitants: des comptoirs et des forts portugais, anglais et français sy étaient établis. Lempire de Dahomey était alors le plus puissant de la Côte des Esclaves et dominait le territoire des Evhé, louémé de la Volta à lOguun, entre les royaumes des Achanti et des Fanti à lOuest, des Nagos et des Egbas (ou Yorouba) à lEst. A partir de la fin du XVIIIe siècle la suppression de la traite a beaucoup appauvri le Dahomey, démembré aussi à plusieurs reprises. A lOuest les Anlo et les Krepi se sont détachés en États indépendants, de forme républicaine ou monarchique, sous linfluence des Européens (le pays de Togo, protectorat allemand; les postes de Agoué, Grand-Pope, français à la fin du XIXe siècle, et la confédération presque républicaine des villes du bassin de lAgomé qui entrèrent dans la zone daction de la France); à lEst le royaume de Porto-Novo appartenait alors encore à un prince dahoméen, mais il était sous le protectorat français; les petits royaumes de Pokra, Okéadan et Addo, celui des Egbas avec sa capitale Abeokouta sur lOgoun entrèrent dans la zone daction des colonies anglaises de Badagry et de Lagos. Au Nord, les Mahis avec leur capitale, Savalou, avaient conquis une demi-indépendance. Un soldat dahoméen. Aspects culturels Le sang, les morts et les puissance du monde-autre. Le culte des morts était soumis à la hiérarchie: si le mort était pauvre, on le jetait dans la brousse en pâture aux fauves; sil était riche, on lui rendait de grands honneurs; sa fosse était creusée sous son lit mortuaire et, dans un passé reculé, on égorgeait un enfant sur sa tombe pour apaiser Liba, le gardien des morts. Les obsèques des rois étaient accompagnées de massacres. On immolait sur leur tombe des hommes et des femmes destinés à leur servir de serviteurs et dépouses dans le monde-autre. Dailleurs, les Dahoméens ne craignaient pas la mort; ils croyaient si complètement à limmortalité de lâme quils considéraient la mort comme le passage à une vie plus réelle et éternelle. Pour sentretenir avec ses ancêtres le roi tuait jadis de sa main un homme que la famille était très honorée de voir choisir comme ambassadeur du roi. A intervalles réguliers des rituels de moindre ampleur comportaient également de tels sacrifices. Le but étant en quelque sorte de renouveler le personnel des anciens souverains. Les gens immolés sur les tombeaux étaient munis dune bouteille de tafia et de cauris pour les frais du voyage. - Religions au Dahomey. Les religions du Sang et des Serpents (Vodoun) au Dahomey. Outre cette religion du sang, pratiquée surtout dans la région dAbomey, il existait le long de la côte des Esclaves (spécialement du Dahomey et au Togo) une autre religion qui, avec ses innombrables prêtres, a également fortement impressionné les anciens voyageurs, qui lon dabord appelée la religion des serpents. Il sagissait en réalité plutôt dun culte local du serpent - un python sacré de trois mètres, qui avait ses prêtresses à Ouidah, et auquel se rattachait une mythologie complexe -, dont il existait bien dautres aspects, tels que la sacralisation des arbres (que les étrangers navaient pas le droit de couper), et surtout la vénération de nombreuses puissances. A lintérieur des maisons on mêlait le culte à tous les actes de la vie; à lextérieur on rencontrait à chaque coin de rue dans les villes, sous chaque arbre dans les campagnes, de petites bornes couvertes de poteries et doffrandes : lhuile de palme et les gâteaux de maïs y étaient incessamment renouvelés. On craignait de sadresser au « Seigneur des esprits » qui était un trop grand dieu; mais on adorait lâme des ancêtres et les forces de la nature, les génies secondaires. Tantôt le patron des villes était un serpent (le dangbé), comme à Ouidah, qui représentait la bienveillance et le bonheur, tantôt un chien, un singe, un caïman; sur les bords de la mer, on adorait le dieu des vagues. Les Dahoméens adoraient les âmes des grands; ils adoraient leur propre âme non pas « quand elle descend dans le ventre » mais « lorsquelle monte dans la tête et remue des idées ». Chaque objet avait son âme qui était un puissance; la croix chrétienne était un une puissance respectée; de même les canons, les fusils. Ces puissances étaient appelées vodoun, doù dérive le nom de Vodoun ou Vaudou sous lequel on connaît aujourdhui cette religion. Elle a été depuis les côtes du Dahomey en Amérique et y a été adaptée de diverses manières par les esclaves victimes de la traite. En Haïti comme au Brésil, elle est restée dautant plus ancrée quelle est vécue par les segments les plus pauvres de la population comme un outil dexpression identitaire. Le roi et les Amazones. Dans lancien royaume du Dahomey, cest le roi qui représente essentiellement le gouvernement; mais il se fait aider de quelques dignitaires : le mingan, sorte de premier ministre; deux méo, ministres secondaires, et de nombreux cabécères qui ont une, deux, trois ou quatre queues de cheval daprès leur importance. Le roi se fait représenter à Ouidah par le yovoghan et par lagor. Dailleurs, ces différents personnages nont pas dautorité propre : ce sont de véritables esclaves du roi. Une des principales caractéristiques du régime du Dahomey est son despotisme qui y règne, comparable à celui des Ashanti; le roi et les grands ont soigneusement appuyé leur pouvoir sur des cérémonies religieuses. Le roi « lion dAbomey », « cousin de la panthère » est considéré comme un dieu; son pouvoir est illimité, il dispose de la vie et des biens de ses sujets; il hérite des morts. La coutume avait disparu au XIXe siècle, mais auparavant, il prenait ses repas en secret, étant censé ne boire ni manger comme les simples mortels; de même il écoutait les suppliques derrière un rideau qui le dérobait à la vue de ses sujets. Ajoutons que, selon la tradition il régnait dans les broussailles un roi fantôme au nom duquel avaient lieu la levée des impôts et les vexations de toutes sortes : tout ce dont on pouvait se plaindre était attribué à ce roi fictif, et tout ce dont il fallait se réjouir les largesses et les bienfaits était attribué au roi réel. - Amazone du Dahomey. Une Amazone dahoméenne, daprès une photographie. (source : E. Reclus, LHomme et la Terre, I). Au Dahomey, les femmes étaient libres de pratiquer les métiers des hommes, elles prenaient part au gouvernement et étaient associées à larmée. Cependant, une fois mariées elles devenaient la propriété du mari qui les achetait. Le roi possède une armée de femmes que la reine (dada) commande avec droit de vie et de mort; les fils de la reine sont seuls princes royaux, les fils des autres femmes sont pages et on choisit dans leur nombre les cabécères à qui il est interdit de révéler leur origine. Dans le harem la gardienne du brasier où le roi allume sa pipe, et la favorite qui tient le crachoir sont des dignitaires du royaume. Les autres épouses sont des esclaves qui soccupent du ménage et de la cuisine. En outre, quelques centaines de femmes installées dans le palais composent la garde royale : ce sont des amazones vierges gardées par des eunuques. Elles déclarent se consacrer au métier dhomme et de soldat. Leur costume est assez élégant: cest une tunique de plusieurs couleurs, sur laquelle se jouent des animaux fabuleux, en broderie, et un pantalon vert ou rouge assez court. Leurs formes presque masculines, leur courage, leur cruauté en font dexcellents soldats. Elles exécutent avec une infatigable précision des danses de guerre. La garde du roi se compose en outre de 2 000 guerriers armés de fusils à pierre; en cas de guerre, il peut lever un maximum de 12 à 13 000 hommes. Le gouvernement se préoccupe uniquement dentretenir la cour et de faire la guerre; mais ces dépenses dépassent de beaucoup les revenus régulièrement perçus par imposition. Aussi se procure-t-on des ressources comme on peut, en dépouillant de temps à autre les maisons riches, en arrêtant dans les rues les marchandises; à Ouidah, les habitants qui ont acheté des étoffes dans les factoreries apostent des gens de confiance pour savoir si les gens du roi ne les guettent pas et ne vont pas les dépouiller dans le trajet de retour à la maison : toute tentative de résistance est un crime. Le résultat des vexations exercées contre les riches est une profonde misère dont personne ne cherche à sortir. Au printemps, le roi emmène à la guerre la population valide qui pourrait récolter lhuile de palme. On laisse volontairement le pays sans routes ni canaux pour le fermer aux Européens. Le Dahomey face aux puissances européennes Plusieurs puissances européennes ont eu depuis le XVIIe siècle des rapports suivis avec le royaume du Dahomey. Les Portugais y ont fait longtemps le commerce des esclaves et ont exercé une espèce de protectorat non reconnu jusquen 1886 où ils y ont renoncé. LAngleterre y avait établi des comptoirs et des postes quelle possédait encore en 1900; en 1877, elle avait aussi manifesté quelques velléités de semparer du Dahomey : elle avait fait le blocus de la côte et envoyé une canonnière (la Nelly commandée par Dumarescq, administrateur de Lagos) jusquà Dogba, sur le Whemi. Quant à la France, elle avait eu, dès la fin du XVIIe siècle, des relations commerciales avec le Dahomey. En 1670, le souverain dAllada avait envoyé à Louis XIV un ambassadeur. Mais dans le cours du XVIIIe siècle les établissements français avaient été ruinés et ce nest quau cours du XIXe que les relations reprirent; en 1844, les maisons Régis et Fabre furent autorisées par le roi Ghézo, grand-père du roi Béhanzin, à sinstaller à Ouidah. En 1858, le roi Glè-lè, fils de Ghézo, fit bon accueil au lieutenant de vaisseau Vallon (par la suite contre-amiral et député du Sénégal). En 1863, un fils de Glè-lè, Dassi, devenu roi de Porto-Novo sous le nom de Toffa, conclut alliance avec la France et mit Porto-Novo sous le protectorat de la France. La ville, dabord occupée, fut abandonnée, mais réoccupée en 1883. Le roi Glé-Glé avait entre temps cédé à la France par des traités, en 1868 et 1878, la ville de Cotonou (Koutonou), sous certaines conditions ; les Français sinstallèrent alors à Cotonou, à Godomé et à Abomey-Calavi malgré les réclamations du Portugal. Le forcing français. Les Allemands établis à Togo sefforcèrent en 1889 de supplanter les Français près du roi de Dahomey à qui ils envoyèrent des cadeaux par le Dr Wolf qui se rendit de Petit-Popo à Abomey. A la fin de 1889, la France se trouvait ainsi en rivalité avec lAllemagne et lAngleterre et en conflit avec le roi Glè-lè qui faisait subir à ses commerçants de Ouidah et de Cotonou des vexations qui décidèrent le gouvernement français à agir. Pour mettre fin à cet état de choses et rendre la situation plus nette, il envoya en ambassade au roi de Dahomey le Dr Bayol, lieutenant-gouverneur des Rivières du Sud (ancien nom de la Guinée-Conakry), dont dépendront jusquen 1890 les possession française de la Côte des Esclaves. Celui-ci, arrivé à Cotonou, envoya son bâton à Glé-Glé comme signe de ses pouvoirs : le roi lui fit dire de venir à Abomey. Bayol se mit en route avec son secrétaire Angot, mais arrivé à Abomey il fut reçu fort mal par le prince Kondo, fils de Glé-Glé (alors malade) : le Dr Bayol fut retenu pendant trente-six jours presque en captivité; on lobligea à assister à des sacrifices humains; (on le força même, dit-on, à signer un traité de renonciation à Cotonou, traité quil aurait brûlé plus tard). Bayol parvint enfin à quitter Abomey, le prince craignant la vengeance de la France : le roi Glé-Glé mourut deux jours après et le prince Kondo devint le roi Béhanzin. - Carte du Dahomey. Le Dahomey vers 1900. Sur la demande de Bayol, le gouvernement envoya au Dahomey (février 1890), deux compagnies de tirailleurs sénégalais de 120 hommes chacune avec 4 pièces de quatre et 60 tirailleurs gabonais commandés par le commandant Terrillon; ces troupes venaient renforcer les 150 hommes du poste de Porto-Novo. Débarquées le 20 février à Cotonou elles semparent de la ville, brûlent le village dahoméen et déclarent Cotonou possession française. Le 23 février, larmée dahoméenne est repoussée; mais le 1er mars, une reconnaissance tentée jusquà Zobbo est obligée de rentrer en hâte dans Cotonou devant une attaque des Dahoméens, les Amazones en tête. 12 hommes avaient été tués et 21 blessés sur les 320 hommes que comptait lexpédition. Le 25 mars, une sortie sur Godomé réussit. Mais on avait négligé de protéger les commerçants français de Ouidah qui avaient été capturés, enchaînés et dirigés sur lintérieur par les Dahoméens; en même temps, lopinion publique salarmait, exagérait les forces de larmée dahoméenne (qui comptait en tout 8000 hommes dont un quart armé de fusils). Cependant le roi Béhanzin renonçant à reprendre Cotonou se tournait contre son frère Toffa, roi de Porto-Novo, déclarant que cétait à lui et non à la France quil en voulait : le résident français à Porto-Novo, Ballot, demanda alors des renforts. Le 26 mars, la canonnière lEmeraude quitta Cotonou pour gagner Porto-Novo et en passant soumit, aux combats de Dangbo et Dogba (28 mars), le Decanmey dont le roi autrefois allié de Toffa sétait uni contre lui avec le roi de Dahomey. Le 29 mars, la canonnière remonte le Whemi jusquà Danou, bombarde le village dAzohlouissè, puis Donkoli et Gléhoué et rentre à Porto-Novo et Cotonou. En avril, le Dr Bayol est rappelé en France. Ballot est nommé gouverneur civil de Porto-Novo et lamiral de Cuverville commandant la division navale de lAtlantique, chargé à bord de la Naïade de la direction de lexpédition. En attendant larrivée de Cuverville, le lieutenant de vaisseau Fournier à bord du Sané, est chargé de lintérim. Six vaisseaux de ligne, le Sané, le Kerguélen, lArdent, la Mésange, le Roland, la Naïade, gardent la côte du golfe de Bénin mise en état de blocus entre le Togo et Lagos; Ouidah reçoit quelques bombes. De nouveaux renforts arrivent et les Français comptent en tout huit cent quatre-vingt-quinze hommes. Le 18 avril le commandant Terrillon à bord de lEmeraude se rend avec trois cent soixante-quinze hommes à Porto-Novo quil met en état de défense, puis il atteint les troupes dahoméennes à Atioupa, et livre le plus important et le dernier combat de cette campagne. Un massacre : quinze cents Dahoméens sont tués ou blessés et les Français nont que huit hommes tués et cinquante-trois blessés. Les Dahoméens se mettent en retraite, mais la saison des pluies arrive, les troupes sont malades des fièvres, et pendant mai, juin, juillet les hostilités ne peuvent reprendre (lamiral de Cuverville était arrivé en mai et le lieutenant-colonel Klippfel avait remplacé le commandant TerrilIon). Le 5 août, des renforts français arrivent à Porto-Novo par Lagos (la passe de Cotonou étant obstruée) et Klippfel propose de remonter le Whemi, détablir un fort à Faniré et de marcher sur Abomey. Ces projets seront arrêtés par les négociations. Les commerçants capturés à Ouidah au début des hostilités avaient été dabord maltraités; puis, emmenés dans lintérieur jusquà Abomey, ils furent mieux traités et enfin le 30 avril reçus par le roi Béhanzin dans son camp à Kana-Gomé; le roi leur expliqua quil nen voulait quà son frère Toffa et à Bayol qui lavait méchamment trompé; il dit quil voulait bien laisser toute liberté aux Européens à Cotonou et Ouidah, mais sans céder ces villes; enfin il les remit en liberté avec des lettres pour « son ami Ballot » (annonçant le retour des captifs en échange des cabécères noirs pris en otage par les Français à Cotonou) et pour « son ami Carnot ». Les otages se hâtèrent de rejoindre Ouidah où on fut très surpris de leur retour, car on les considérait comme perdus. Ces dispositions pacifiques de Béhanzin facilitèrent la paix. Ballot envoya dabord à Abomey un certain Bernard Durand, interprète de la résidence; mais Béhanzin qui était parti en guerre contre les Egbas à Abeokouta, garda lambassadeur dans une demi-captivité et ne lui accorda rien. Ballot expédia alors Siciliano, agent de la maison Régis, mais sans succès. Enfin lamiral de Cuverville chargea le 5 août 1890 le père Dorgère de négocier la paix. Celui-ci réussit et lon signa le traité de Ouidah du 3 octobre 1890, signé pour la France par dAmbrières et le P. Dorgère, et pour le Dahomey par Candido Rodriguez et Allexandre. « Art. 1er, : Le roi de Dahomey sengage à respecter le protectorat français du royaume de Porto-Novo et à sabstenir de toute incursion sur les territoires faisant partie de ce protectorat. Il reconnaît à la France le droit doccuper indéfiniment Kotonou (Cotonou). Art. 2 : La France exercera son action auprès du roi de Porto-Novo pour quaucune cause légitime de plainte ne soit donnée à lavenir au roi de Dahomey. A titre de compensation pour loccupation de Kotonou, il sera versé annuellement par la France une somme qui ne pourra en aucun cas dépasser 20 000 F. » Ce traité fut soumis à la ratification des Chambres en 1891 et fut assez critiqué. On reprocha au gouvernement français davoir lair de solliciter la paix à tout prix, de laisser les difficultés subsistent, de ne pas avoir exigé létablissement dun résident au Dahomey, la renonciation aux sacrifices humains, la protection du commerce à Ouidah comme à Cotonou. A ces objections, on répondit que pour obtenir un meilleur traité il aurait fallu une expédition plus sérieuse et coûteuse (la guerre avait déjà coûté 916 000 F.). Le traité de Ouidah semblait suffire : il améliorait la situation française à Cotonou et la conservait à Ouidah; le protectorat sur Porto-Novo était reconnu officiellement. Et il nétait pas question, à cette époque, doccuper le Dahomey; bien que évoque déjà ouvertement le protectorat et lannexion politique du royaume par le développement des rapports commerciaux. Guerre de conquête. Les bonnes intentions ne durèrent pas. On prit prétexte dune entorse aux accords signés par Béhanzin pour envoyer au Dahomey le colonel Dodds, de linfanterie de marine, avec les pouvoirs les plus étendus. Arrivé Cotonou le 28 mai 1893, le colonel Dodds prépara son expédition avec soin et méthode; puis, en septembre, il prit hardiment loffensive, défit les Dahoméens le 19 à Dogba, le 4 octobre à Pokissa, et le 6 octobre à Adégon. Sa marche en avant fut alors marquée par des combats jour naliers : le 12 à Oumbomedi, le 13 à Akpa, et, du 14 au 16 devant les lignes de Koto, qui furent enlevées les 26 et 27 octobre; les combats de Ouakon et de Yokoué eurent raison de la résistance des derniers soldats de Béhanzin. Le 6 novembre, Cana fut pris, et le 17, Abomey. Peu de temps après, le général Dodds, rentrait en France, laissant commandement au colonel Lambinet, qui prépara la campagne suivante, à la fin de laquelle le général Dodds sempara de Béhanzin (janvier 1894). Le général Dodds remit, peu après, ladministration du pays au gouverneur Victor Ballot, qui continua à assurer la marche progressive des Français vers le Nord. La mission du commandant Decoeur, des lieutenants Baud et Vermeersch, atteignait Say le 31 janvier 1895, en traversant le Borgou et le Gourma, et elle revint au Dahomey en descendant le Niger. Peu après, le capitaine Toutée remontait à son tour le Niger, de Boussa à Zinder. De mars à mai 1895, le lieutenant Baud, assisté du lieutenant Vermeersch, assurait la jonction du Dahomey et de Côte dIvoire en longeant lhinterland de la Côte de lOr (Ghana). En 1896-1897, le capitaine Baud et le lieutenant Vermeersch, remontant le Dahomey, faisaient leur jonction avec la mission Voulet venue du Soudan. Dautre part, lieutenant de vaisseau Bretonnet occupait le cours du Niger, et le commandant Ricour conquérait le Borgou. A partir de là, les Français se trouvèrent en excellente situation pour traiter avec lAngleterre et lAllemagne des questions de frontières. Les limites du Dahomey furent fixées par la convention franco-allemande du 23 juillet 1897 et la convention franco-anglaise du 14 juin 1898. Par un arrêté du 12 février 1900, le gouverneur du Dahomey supprima le royaume dAbomey et fit interner le roi Ago-li-Agbo à Porto-Novo. Le protectorat céda la place à la colonie, qui fut agrandie en 1919 de la partie Ouest du Togo. La colonie. - La colonie avait à sa tête un gouverneur, assisté dun secrétaire général, qui le remplaçait en cas dabsence. Elle était divisée en deux régions : le Haut-Dahomey et le Bas-Dahomey. Le Bas-Dahomey comprenait les cercles de Porto-Novo (dont dépendait le royaume de Porto-Novo, du roi Toffa), de Cotonou, Grand-Popo, Athiemé, Abomey-Allada (dont dépendait le royaume dAbomey du roi Ago-li-Agbo), Zangnanado-Savalou. La capitale, Porto-Novo, était un centre agricole; Cotonou était un centre de transit; Grand-Popo était habité par une population de pêcheurs; Ouidah seule avait une réelle importance économique. Pour tous ceux qui aime lhistoire du DANHOMEY.
Posted on: Fri, 18 Oct 2013 22:28:24 +0000

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