L’Etat s’est mis à la place de Dieu, et c’est pourquoi, dans cette optique, les dictateurs socialistes sont des religions au sein desquelles l’esclavage d’Etat est un genre de culte divin. Toutefois si la fonction religieuse se trouve ainsi transgressée et faussée, cela ne peut se produire sans que psychologiquement parlant soient éveillés, en quelque sorte derrière la tête, des doutes, des suspicions, qui sont immédiatement étouffés pour éviter le conflit ouvert avec la tendance régnante à la « massification ». De cet état de choses, de cet imbroglio, de cet entrecroisement de dynamismes psychologiques, jaillit, comme c’est en général toujours le cas, un mouvement qui est une surcompensation, à savoir le fanatisme. Celui-ci à son tour prend les opérations en main et devient le bras de levier le plus puissant pour étouffer et éliminer toute espèce d’opposition. La constitution d’une libre opinion sera étouffée, la possibilité du choix moral sera brutalement supprimée, la fin justifiant les moyens, même les pires. Dès lors la raison d’Etat devient profession de foi, le guide ou le chef de l’Etat est promu à la dignité d’un demi-dieu, par-delà le bien et le mal, et son adepte prend figure de héros, de martyr, d’apôtre, de missionnaire. Dès lors il n’existe plus qu’une vérité, hors de laquelle point de salut. Elle est infaillible et par-delà toute critique. Quiconque au demeurant a la moindre pensée est un hérétique qui se voit menacé, dans la ligne d’exemples célèbres qui existent depuis toujours, de toutes sortes de désagréments. Seul celui qui a en main la puissance de l’Etat est en droit d’interpréter authentiquement la doctrine, ce dont il ne se prive pas d’ailleurs, en fonction de ce qu’il ressent : de son humeur, voire de son bon plaisir. Quand l’individu est saisi par la masse et devient de ce fait une unité sociale anonyme, un numéro, quand l’Etat est devenu le principe suprême, une des conséquences logiques et inévitables, c’est que la fonction religieuse de l’homme se trouve incluse dans ce tourbillon. ●▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬-ஜ۩ஜ-▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬● | Jung, « Présent et avenir », Chap. 2 § Le phénomène religieux antidote de la massification, Editions Buchet/Chastel, 2010, p. 27/28]
Posted on: Thu, 07 Nov 2013 14:21:48 +0000