L’un des textes les plus connus concernant la tolérance est le - TopicsExpress



          

L’un des textes les plus connus concernant la tolérance est le Traité sur la tolérance à l’occasion de la mort de Jean Calas, écrit par Voltaire. Si le texte vise avant tout à dénoncer l’intolérance qui caractérise la religion dans son ensemble, il peut être lu comme un plaidoyer à valeur universelle pour la tolérance. Le chapitre XXIII (dont le texte se situe en fin d’article), intitulé « Prière à Dieu » est célèbre pour la confusion que Voltaire installe entre le destinataire supposé de cet appel, Dieu, et le véritable destinataire du texte : l’homme lui-même. A travers une prière qu’il adresse à un Dieu universel, qui serait le Dieu de tous les hommes, Voltaire renvoie en réalité l’Homme à sa propre responsabilité, et sa place dans le monde. Simples « atomes » parmi les autres, les hommes n’ont pourtant de cesse de s’élever au-delà de leur condition, ce qui ne fait qu’accentuer des différences entre eux, qui devraient ne rester que des nuances imperceptibles, et instaurer de la haine là où l’égalité devrait être reconnue. En appelant à une tolérance religieuse, mais aussi sociale, Voltaire en appelle à la fraternité : « Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! ». C’était en 1763, mais ce texte aurait pu être écrit aujourd’hui… Peut-être faut-il rappeler que la tolérance signifie (dans un sens second en tout cas) la disposition à reconnaître les conséquences, dans une communauté politique donnée, du droit de chacun de ses membres à vivre selon des opinions, des croyances, des principes pratiques différents, et, jusqu’à un certain point, opposés à ceux des autres. Elle suppose donc de la part des membres d’une communauté, quelle qu’elle soit (et quelle que soit sa taille), de ne pas empêcher les autres. Le problème est que s’abstenir d’empêcher suppose de réfréner le penchant à imposer ses certitudes… Vaste programme dans une société qui valorise l’ego, mais rien d’impossible si on garde en tête des valeurs simples comme le respect. Le texte : L’ « affaire Calas », qui s’est déroulée à Toulouse au milieu du XVIIIe siècle, est le point de départ du Traité sur la Tolérance de Voltaire. [Pour en savoir plus, voir l’article à ce sujet sur Wikipédia fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Calas]. Voltaire, Traité sur la tolérance à l’occasion de la mort de Jean Calas, Ch. XXIII. « Ce n’est donc plus aux hommes que je m’adresse ; c’est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps : s’il est permis à de faibles créatures perdues dans l’immensité, et imperceptibles au reste de l’univers, d’oser te demander quelque chose, à toi qui as tout donné, à toi dont les décrets sont immuables comme éternels, daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature ; que ces erreurs ne fassent point nos calamités. Tu ne nous as point donné un cœur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger ; fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère ; que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux, et si égales devant toi ; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution ; que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supportent ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil ; que ceux qui couvrent leur robe d’une toile blanche pour dire qu’il faut t’aimer ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire ; qu’il soit égal de t’adorer dans un jargon formé d’une ancienne langue, ou dans un jargon plus nouveau ; que ceux dont l’habit est teint en rouge ou en violet, qui dominent sur une petite parcelle d’un petit tas de la boue de ce monde, et qui possèdent quelques fragments arrondis d’un certain métal, jouissent sans orgueil de ce qu’ils appellent grandeur et richesse, et que les autres les voient sans envie : car tu sais qu’il n’y a dans ces vanités ni de quoi envier, ni de quoi s’enorgueillir. Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible ! Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu’à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant ».
Posted on: Mon, 04 Nov 2013 14:10:27 +0000

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