MORCEAU CHOISI DE LA CONTRIBUTION DU Dr JOSEPH AHIPEAU MARTIAL En - TopicsExpress



          

MORCEAU CHOISI DE LA CONTRIBUTION DU Dr JOSEPH AHIPEAU MARTIAL En réalité, la Côte d’Ivoire, ex-colonie d’exploitation massive de l’agriculture, se savait menacée par le même syndrome que la France à la veille des indépendances. En effet, avec l’immigration massive des populations de l’Afrique de l’ouest, entre 1951 et 1970, la classe politique entière avait les yeux rivés sur la démographie tout comme les populations rurales savaient clairement que le jour viendrait où les autochtones seraient face au nombre des allogènes. Pour éviter toute confusion ou discussion future, le droit de sang fut l’option choisie contre le droit de sol au motif justement que c’était la pratique dans les autres pays et que la Côte d’Ivoire ne devrait se permettre de faire autre chose en la matière. Voilà ce qui fait que les populations étrangères nées en Côte d’Ivoire ne peuvent pas avoir la nationalité ivoirienne sans procédure de naturalisation clairement définie dans le code de la nationalité. Or celles qui étaient là avant l’indépendance ont pris automatiquement la nationalité de leur territoire d’origine. La seule option qui leur restait était donc de demander la naturalisation si elles le désiraient, y compris leurs enfants. En dehors de toute étude sur la question en terme de savoir combien de personne étaient concernées à cette époque et combien en ont fait la demande pendant cette période, il n’est pas possible de donner des chiffres comme ceux de 300 000 personnes puisque les enfants de ces prétendus apatrides ne sont pas pris en compte. Toute la procédure de naturalisation est donc réglementée par la loi et personne ne devrait, sous prétexte d’apatridie, donner la nationalité à des tiers en dehors du cadre juridique. Car les apatrides ne sont certainement pas les populations d’origine africaines qui vivent sur la terre ivoirienne depuis des lustres puisque leur identité nationale ne leur a jamais été enlevée comme c’est le cas des demandeurs d’asile politique. Toute cette guerre sur la nationalité n’est-elle pas une autre façon de remettre en cause l’idéal panafricaniste du Président Houphouët-Boigny ? Car dans sa sagesse, le Président Houphouët-Boigny avait capté les appréhensions de son peuple mais considérait que la Côte d’Ivoire ne devrait jamais tourner le dos aux populations allogènes qui ont contribué à son dynamisme économique. Mieux, le Président du continent qu’il avait été au travers du RDA (Rassemblement Démocratique Africain), avait un défi à relever par rapport à ses amis « révolutionnaires » en construisant une société panafricaine dans laquelle les autres africains se sentiraient chez eux même si ils n’étaient pas chez eux en cette terre d’Eburnie. Voilà pourquoi toute sa politique d’intégration des cadres fut de mettre en exergue son ouverture. Mais il était FHB, avec toute la légitimité historique et le savoir-faire politique. Lorsqu’il disparaît en décembre 1993, la politique qu’il avait mis en place va radicalement basculer parce que son remplaçant à la tête du pays, n’a ni la légitimité historique, donc l’assurance et la sérénité, encore moins le sens de la grande politique pour construire une nation à partir de rien. La faillite de la classe politique qui a dirigé le pays depuis 1990 reste le fait qu’elle a choisi l’option qui lui permettait d’instrumentaliser les ressentiments et appréhensions des différentes composantes ethniques du pays pour en faire leur moyen d’accession ou de conservation du pouvoir. Cela fut vrai pour la politique de l’Ivoirité qui consista à créer une nouvelle légitimité politique et historique en faisant la politique contraire à celle du Père de la Nation. Cela est vrai pour le Premier Ministre Ouattara qui singularise les étrangers en instaurant la carte de séjour, alors que ces populations vivaient sans être ciblée avant cette période puisque tout le monde devait avoir la carte du parti comme passeport, en dehors de celle de l’identité nationale. C’est la carte de séjour qui en a fait une cible privilégiée pour une police nationale corrompue, à l’image d’un état néo patrimonial kleptocrate. Voila comment la ghettoïsation des populations allogènes va commencer et que la politique de l’Ivoirité va livrer définitivement à la vindicte des forces de l’ordre, heureuses désormais de fonctionner sous le couvert de la nouvelle dynamique politique nationale. Or donc, la carte de séjour et l’Ivoirité conduisent les étrangers à se poser des questions sur leurs perspectives dans ce pays dans lequel ils vivent depuis longtemps. Voila comment la guerre des héritiers d’Houphouët-Boigny, qui se réclament de lui mais s’efforcent par tous les moyens à détruire son héritage politique, conduit les étrangers vivant sur le sol ivoirien à une prise de conscience politique et sociale pour devenir, par la suite, des supporteurs, à 99%, de celui qui a commencé le travail stratégique pour en faire plus tard sa base politique. Et dire que Bamba Moriféré, tout comme Laurent Gbagbo, avaient traité le Premier Ministre Alassane Dramane Ouattara, de bleu, sinon d’animal de brousse, comme pour dire qu’il ne connaissait rien à la politique. (d’ailleurs, la Gauche Démocratique Ivoirienne n’avait même pas à s’inscrire dans cette bataille des héritiers. Mais ce n’est pas là notre sujet)Si cette stratégie n’est pas magistrale, quelle nom peut-on encore lui donner ? Cela est aussi vrai pour la politique du « rattrapage ethnique » qui tend à monter les sudistes contre les nordistes alors que les nominations qui ont été ne sont pas toutes favorables aux peuples du Nord. Ce faisant, il crée un cordon ombilical autour de son régime, une espèce de solidarité ethnique de fait par la peur de la réaction des autres peuples contre ceux du Nord ainsi indexés au quotidien. Nous sommes ici dans le domaine de l’expertise de la manipulation en psychologie de groupe que les écoles américaines ont maîtrisé depuis longtemps. La méthodologie n’a pas changé ici encore! C’est compte-ténu de toute cette analyse de la situation politique que nous ne serions être dupes des sorties calculées, scientifiquement planifiées, des amis du RDR. L’utilisation du chantage émotionnel n’est pas un programme de gouvernement. Ce pourquoi les ivoiriens ont pensé, un seul jour, que Ouattara serait la solution aux problèmes du pays, reste complètement étranger à cette tactique, sinon cette stratégie manichéenne de la politique de conservation du pouvoir. Nombreux sont, en effet, ceux qui ont pensé que son combat contre le mode de succession royale à la tête du pays devrait se traduire par une démocratisation effective et radicale, une lutte implacable contre la corruption et une politique de réconciliation et de pardon, pour montrer justement à ceux qui le persécutèrent deux décennies durant, qu’ils avaient tort. Lorsque Djény Kobena et les fondateurs des RDR, principalement les personnalités proches du Président Yacé Philippe et du courant des réformateurs de 1990, ont conçu le concept du « Vivre Ensemble », c’était certainement dans cette perspective de faire en sorte que l’héritage du Père de la Nation, sa vision intégrationniste et pan-africaniste consensuelle, devienne plus que jamais une réalité dans ce pays. Ce n’était certainement pas pour donner la nationalité aux étrangers qui ont toujours vécu en paix dans ce pays et ne veulent que la paix pour continuer à travailler, pour en faire un bétail électoral à la gloire d’un parti, d’un clan, d’un pouvoir. Ce que l’on attendait du Président Ouattara était qu’il entame une politique de rassemblement républicain, non d’exclusivité pour sa base ethnique ou électorale. Le changement des lois sur la nationalité réponds uniquement à un souci électoraliste puisqu’il sait que le vote du premier tour des présidentielles de 2010 ne doit pas se répéter s’il veut gagner les prochaines sans le chantage du PDCI. Et là, il fait fausse route car ce qu’il fallait, ce n’était pas une politique électoraliste mais une vision de transformation en profondeur de notre pays en menant le débat sur les grandes questions de la nation. S’il voulait que le peuple change d’opinion sur la question du droit de sol, j’aurais été à ses cotés parce que mon opinion reste que c’est dans l’intérêt stratégique du pays. Mais je ne suis pas d’accord que la guerre civile soit utilisée comme instrument pour accomplir des objectifs politiques, contre l’avis des autres composantes de la nation, pour les contraindre à accepter une politique de la nationalité pour laquelle elles n’ont pas été consultées et surtout, pour laquelle Ouattara n’a pas été élu. Cela est inadmissible. Pis, cela ouvre la voie à une instabilité structurelle. Et cela met un terme, ici et maintenant, à la vision de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent en 2020. A moins que l’exemple congolais de la répression totale de toute opinion politique ne soit le modèle pour lequel on a opté. Mais les deux Congo ne sont pas prêts à émerger de la guerre civile. En fin de compte, je ne sais pas trop ce que vivre ensemble signifie dans ce contexte. Au total, la nationalité ne saurait être réduite uniquement à une notion juridique. Elle s’étend aussi et surtout à une dynamique anthropologique et sociologique pour se confondre avec la formation des identités culturelles nationales. Le référendum de 1958, en ce sens, a fondé la différenciation anthropologique des nationalités au sein des territoires. C’est au nom de l’existence des entités territoriales que chaque peuple colonisé par la France, a choisi son identité, sa marque déposée. Le refus du peuple ivoirien du droit du sol contre le droit de sang est une donnée qui est liée à l’histoire de notre pays comme colonie d’exploitation agricole qui a ouvert la voie à une immigration massive des peuples de la sous-région jusqu’à atteindre le tiers de la population nationale (RGPH 1998). En lieu et place de faire face à cette réalité historique et de proposer des solutions qui répondent aux intérêts de notre pays en tant que force économique de l’Afrique au sud du Sahara, la politique de l’Ivoirité, tout comme celle du rattrapage ethnique et de la naturalisation par la force des armes que le gouvernement Ouattara impose par derrière la maison aux autres composantes de la nation, nous conduisent directement à la confrontation et fonde la stratégie politique de la belligérance permanente. Ce qui est grave reste le mépris qu’ils ont pour les autres, renchérissant exactement comme ceux qui disaient « devant c’est maïs ». Or, nous savons que le mépris de l’autre conduit à la guerre civile. Mais peut-être que certains pensent avoir la solution … à toutes les questions. A mon avis, et il est vraiment humble, seul Dieu est la solution et détient toutes les solutions. Sur cette terre des hommes, tout peut avoir une issue positive, pourvu que l’on opte pour le dialogue. Félix ne disait-il pas que c’est l’arme des forts ? Alors, engageons les débats de fond et trouvons des solutions consensuelles. Sinon, demain, quelqu’un d’autre, avec d’autres moyens, viendra faire aussi ce qu’il veut. Et là, je ne sais pas… Dr Martial Joseph Ahipeaud
Posted on: Wed, 26 Jun 2013 10:22:49 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015