Mots imposés : Cantate, lagune, théâtre, arrimage, - TopicsExpress



          

Mots imposés : Cantate, lagune, théâtre, arrimage, rafistolé Le vieil homme s’assoit sur le gros rocher humide. Il allume sa pipe et regarde le soleil descendre doucement sur la lagune tranquille. L’air est doux et les nuages glissent doucement dans le ciel qui se colore une dernière fois avant l’arrivée de la nuit. Sur le sable fin, deux crabes se disputent. Le vieil homme sourit. Les crabes lui rappellent tous ces prises de becs qu’il avait avec celle qu’il aimait tant. Celle qu’il aime encore même deux ans plus tard. Il la revoit dans sa belle robe rouge qu’elle portait uniquement pour aller à la messe ou quand elle venait lui dire au revoir alors qu’il s’embarquait sur son vieux voilier rafistolé. Ces moments, il s’en souvient, étaient de véritables tortures pour eux. Il n’était alors plus question de leurs disputes ou de leurs désaccords mais uniquement d’un grand amour inquiet se revoir. Il terminait l’arrimage puis venait sur le pont pour la saluer en lui disant chaque fois : « Je t’aime ma vieille. Je reviendrai bientôt et nous pourrons à nouveau nous étriver. Puis nous irons si tu le veux en voyage. Nous irons en Europe pour entendre de l’opéra. Du vrai, ma vieille. Et même je t’emmènerai écouter des cantates merveilleux qui font rêver les cœurs, ma vieille.» Elle ne répondait jamais, se contentant de lui envoyer un baiser du bout des doigts qu’il faisait chaque fois semblant d’attraper dans sa main gauche pour le déposer dans sa poche de chemise. « Je le garde pour quand je serai en mer et que tu me manqueras la vieille. » Et chaque fois elle éclatait de rire. Puis après ce petit théâtre romantique qui était devenu un véritable rituel, il appareillait puis prenait la mer. Chaque fois elle restait sur la plage jusqu’à ce que le bateau ne fût plus visible puis elle entrait dans leur petite maison qui devenait alors trop grande pour elle seule et elle s’inquiétait tellement pour lui… Puis un jour il était revenu et l’avait trouvé étendue au sol. Il avait mis longtemps à comprendre mais avait finalement dû se rendre à l’évidence, elle s’en était allé. Les médecins avaient statués qu’elle avait fait une crise cardiaque mais lui savait la vérité. Elle était bel et bien morte du cœur mais c’était la solitude et l’inquiétude qui avaient eu raison de sa vieille. Et maintenant assis sur ce vieux rocher il regardait son vieux bateau qui ne prenait plus la mer depuis ce jour. Il n’en avait plus eu le courage. Le vieil homme errait dans cette petite maison qui était maintenant trop grande pour lui. Et ce soir, il attendait que le ciel s’obscurcisse en fumant sa pipe. Ce soir il reprendrait la barre pour un dernier voyage. Direction Europe où il irait écouter quelques opéras, quelques cantates et aussi peut-être voir du théâtre. Ce soir il ne partirait pas seul car elle l’accompagnerait enfin sur son embarcation rafistolée. Il l’avait bien arrimé dans son cœur et savait qu’ensemble ils ne risqueraient rien. Sylvain Girard, tous droits réservés 29 aout 2013
Posted on: Fri, 30 Aug 2013 00:25:09 +0000

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