NOUS SOMMES PAS ENCORE UNE CIVILISATION . Être barbare selon les - TopicsExpress



          

NOUS SOMMES PAS ENCORE UNE CIVILISATION . Être barbare selon les grecs La notion de barbare a été élaborée par les grecs, notamment les historiens comme Hérodote. Il s’agit de la qualification de barbaros, de celui qui parle mal le grec. Le substantif de barbarie n‘existe pas ; il faudra attende le monde moderne pour qu’elle apparaisse.. Roger Pol-Droit parle de barbares sans barbarie. Cette représentation ne désigne pas seulement les ennemis majeurs d’Athènes, les Perses, mais tous les peuples qui ne parlent pas grec, qui ne parlent pas comme « nous » et qui attestent ainsi leur différence géographique par cette caractéristique linguistique. A ce premier niveau la catégorie n’est pas accusative et porte au contraire la reconnaissance d’une différence neutre. Mais vite la différence prend sa dimension axiologique : les barbares sont ces peuples qui trangressent les lois que nous, les grecs, estimons être les plus communes aux hommes. Les barbares ignorent la conduite juste (ils pratiquent quelquefois le matricide, le parricide, l’infanticide). Le barbare, c’est l’homme d’ailleurs qui ne connaît pas les mœurs humaines communes. Les barbares sont ceux alors qui introduisent une rupture entre eux-mêmes et les autres hommes. Ils vivent à nos frontières et peuvent nous menacer. Ils refusent l’hospitalité et ne cultivent pas l’amitié avec les étrangers. Plus profondément ils sont ceux qui ne connaissent pas le logos, le discours dialogique raisonné qui rend possible la vie humaine comme vie politique dans la cité. Ils vivent dans des tribus, voire dans des royaumes aux coutumes arbitraires, sans lois consenties. Ils sont voués à se soumettre à un despote qui ne traite pas ses sujets en citoyens libres. La reconnaissance d’une altérité dans la simultanéité spatiale se transforme ainsi en dépréciation normative. A la limite ce refus barbare de reconnaître le bien fondé des lois les rejette dans la catégorie d’hommes avec qui on ne peut négocier. Ils ignorent la liberté politique et nient une dimension essentielle de la nature humaine. Ils méritent en ce sens de tomber éventuellement en esclavage, comme le soutient Aristote dans les Politiques et l’Ethique à Nicomaque. Les esclaves sont bien ces animaux à face humaine qui sont indispensables pour accomplir les tâches du labeur et qui tiennent leur peu d’humanité de la fonction instrumentale qu’ils actualisent au bénéfice des maîtres libres. Le barbare est bien celui qui nie en l’autre les traits humains en s’attribuant à lui-même l’excellence en absolutisant de manière illégitime les traits qui le définissent. La catégorie est relationnelle et asymétrique dans la mesure où celui qui est dit barbare attribue à sa supposée barbarie l’excellence humaine et en retour disqualifie l’autre qui le dénomme barbare. Le présupposé commun de l’un et de l’autre est, s’il s’agit de deux peuples, que tous deux se partagent le même monde comme deux espèces définies par leur altérité spatiale. L’autre, le barbare développe des attitudes de rejet et peut infliger un traitement choquant à celui qui l’accuse en le nommant. Il est simultanément celui avec qui il est possible d’entrer en contact à ses risques et périls, avec qui le conflit est toujours possible, soit qu’il s’agisse pour le grec d’écarter la menace barbare, soit qu’il s’agisse de soumettre cet autre et de le faire entrer ainsi au service de l’humanité que le grec définit. En tout cas la distinction première est spatiale : nous, ici et eux là-bas. Toutefois, tous les peuples étrangers ne sont pas barbares ; ainsi les Egyptiens constituent-ils
Posted on: Tue, 09 Jul 2013 12:29:52 +0000

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