Nous avons vu la plage sous les pavés, nous avons porté le - TopicsExpress



          

Nous avons vu la plage sous les pavés, nous avons porté le drapeau noir de la révolte! -- Dans la rue Istiklal, près du consulat Français, à 200 mètres de la police, un pavé de la plage dans une main et le drapeau de la révolte dans l’autre, vous affrontez la police.-- Votre masque à gaz est un morceau de tissu imbibé de Talcid. La police pulvérise de l’eau sous pression, jette des grenades à gaz l’une après l’autre, vous vous retrouvez au milieu des gaz, en train de reculer, jetant des pierres, vous êtes à bout de souffle, étouffé, essoufflé, à ce moment quelqu’un court près de vous, pulvérise sur votre visage de l’eau antiacide et demande : « Comment ça va, vous allez bien ?» ---- Vous n’allez pas bien mais tout de suite vous vous sentez mieux. Vous prenez une pierre de la plage dans une main, le drapeau de la révolte dans l’autre. Vous vous appuyez sur la barricade, hors de souffle. Votre respiration se rafraîchit avec la liberté de la rébellion. Parce que la solidarité est partout ; cette révolte est embellie par la solidarité, vous tombez mais on vous relève, on vous demande si ça va bien, vous huez tous ensemble au moment où la bombe assourdissante explose, ensemble vous retenez votre souffle quand une nouvelle grenade de gaz arrive. Lorsque le barrage disparaît vous chantez ensemble et criez votre rébellion. Interminable eau sous pression, gaz et résistance. Vous êtes fatigué, vous vous asseyez sur le pavé pour reprendre votre souffle, quelqu’un arrive avec de l’eau et vous donne à boire, un autre arrive avec un sandwich. Vous n’avez pas soif, pas faim parce que partout les gens partagent, il n’y a pas ici de « mien », pas de « nôtre ». Tout le monde est ensemble. Il n’y a pas de relâche, si vous tombez, celui qui est à côté de vous ne tombera pas. Il n’y a pas de découragement, si vous vous découragez votre camarade ne se découragera pas. Vous vous débarrassez de la peur que le système a créée au fil des ans, et le courage c’est de faire de ce dont vous aviez peur. Et vous vivez cette expérience. Vous êtes arc-boutés contre la police et vous avancez courbé. La police fait tout son possible pour vous arrêter. Même si parfois vous ralentissez, le bruit des autres affrontements murmure à votre oreille : « Nous allons de l’avant ». Vous commencez à être excité et vous poussez encore et encore. Au dernier choc vous voyez que la police bat en retraite. Non, vous voyez qu’elle s’enfuit ; peut-être êtes-vous en train de vivre ce que vous attendiez depuis si longtemps. Vous rencontrerez d’autres personnes sur la place Taksim, vous êtes heureux de voir ceux que vous aimez. Après de longues accolades, vous commencez à construire des barricades. Sans perdre de temps. Ceux qui sont avec vous commencent à chantonner une chanson des années 1930, la chanson des anarchistes espagnols. Vous joignez votre voix aux leurs. « Pour le pain, la justice, la liberté, tout le monde sur les barricades... » La chanson devient plus forte avec la construction des barricades ; avec les voitures de police retournées sur le toit, les cars de police, avec les barrières d’un chantier pillé. Qu’ils viennent, qu’ils viennent et voient la communion et la solidarité qui augmente. Tout le monde veut s’éloigner de l’égoïsme, de la concurrence. Les tables sont ouvertes, les tentes érigées. Une place du peuple est en train d’être créée. Il y a quelques hypocrites mais cela vous est égal. Parce que, à chaque instant, partout, se trouve la rébellion : Ankara, Izmir, Antalya, Dersim. D’Athènes, Thessalonique, Paris, Sofia ... Les nouvelles de la solidarité arrivent. La solidarité se développe, ceux qui partagent sont en augmentation. La révolte se répand parce que nous sommes en train de gagner. Maintenant, une revolte nous parle d’elle-même, une révolte nous raconte ce que nous avions oublié. Elle nous parle de l’importance de la communion, de la solidarité, de l’organisation et plus que tout, de la liberté. Maintenant, la cendre sans fin dans nos mains rougeoie avec la révolte. Maintenant, au sein de la rébellion nous voyons dans nos yeux miroitants les mots des autres. Nous nous tenons par la main pour transporter les pierres de la plage, nous brandissons le drapeau de la révolte qui a été brûlé par les grenades à gaz. Nous serrons les uns contre les autres ces corps qui ont porté nos cœurs pleins de révolution. Et bien que nous ne le disions pas à haute voix, nous nous disons merci les uns les autres avec le bonheur du partage de cet instant. C’est un remerciement temporaire sans que nous soyons satisfaits. Sans être satisfaits aujourd’hui, côte à côte, nous attendons demain. Action Révolutionnaire Anarchiste (DAF) Traduction Fédération Anarchiste. [SOURCE : federation-anarchiste.org/spip.php?article1167]
Posted on: Tue, 11 Jun 2013 14:22:35 +0000

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