Nue de Jean-Philippe Toussaint : des chrysanthèmes et des lys Un - TopicsExpress



          

Nue de Jean-Philippe Toussaint : des chrysanthèmes et des lys Un ami cher, complice de toujours, écrivain de lumière dans l’ombre de Minuit exprime le plaisir qu’il éprouve à la lecture du dernier Toussaint :Nue. Un clic plus tard je m’élance vers une robe de miel sur un défilé de haute-couture, un retour de vacances, des attentes parisiennes, une errance japonaise et une expédition de mort et de vie sur l’île d’Elbe. Unité de temps : l’automne, où sous une pluie prégnante, les tribulations du désir du narrateur et de Marie s’achèveront, conformément à ce que le prénom de l’héroïne semblait suggérer. Des égarements, hésitations, chaos de la vie, le narrateur en retire l’essence avec une formulation aussi claire et fulgurante qu’un état de grâce. Ce qu’il écrit sur le nécessaire ressassement dans l’amour comme dans l’écriture, sur la perception du temps, sur les connivences des corps produit cette même exultation que l’on peut ressentir à la lecture de Proust ou de Barthes. L’humour et le sens du burlesque sont saupoudrés avec bonheur, çà et là, au cours d’un vernissage mondain ou dans une chambre d’hôtel surannée de l’île d’Elbe. Pourtant, malgré la saveur inoubliable de l’écriture, certains passages lassent ou irritent. Ils trahissent un peu de complaisance, une pincée de mièvrerie, de redondance. Le visage du narrateur qui se redécouvre en se rasant mousse de stéréotype ; Marie fumant à la terrasse d’un café sous la pluie avec les références imposées à Hopper ou Nan Golding agace ; Marie et son bouquet de lys blancs : c’est trop ! Parfois, certains fils de la trame narrative, notamment dans les emboîtements, réminiscences ou retours en arrière, demeurent en suspens hors du canevas comme de petites franges qui dépassent faute d’avoir pu s’insérer judicieusement dans le tissage, ce qui est principalement le cas de tous les épisodes du récit qui ont lieu au Japon. Un bonheur de lecture, certes, mais avec des heurts, des aspérités… De quoi redonner foi à l’écrivain obscur puisque même l’œuvre d’un auteur comme Toussaint, depuis longtemps béatifié, n’est pas exempte de failles.
Posted on: Sun, 15 Sep 2013 13:22:05 +0000

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