OBJET PETIT a ET SUJET SUPPOSE SAVOIR, LE PSYCHANALYSTE AVEC - TopicsExpress



          

OBJET PETIT a ET SUJET SUPPOSE SAVOIR, LE PSYCHANALYSTE AVEC LACAN par Jean-Michel Louka DEUXIEME CONFERENCE DU 16 MAI 2013 Tout part de là : la demande de quelqu’un qui souffre (psychiquement), d’être libéré de son symptôme. Voilà ce qui justifie l’existence du psychanalyste depuis Freud. Chez Lacan aussi. Mais Lacan, s’il est freudien, sera parfois aussi lacanien. La structure du monde lacanien, elle, n’est plus freudienne. Un nouveau paradigme est introduit par Lacan : c’est le ternaire RSI, Réel, Symbolique, Imaginaire. Et cela change tout, … sauf le fait d’être freudien. Donc ni jungien, adlérien, ou autre chose encore… Une chose essentielle, le Moi, imaginaire, constitué comme un oignon avec ses différentes pelures que sont les identifications est bien séparé, pour Lacan, du sujet qu’il dégage et décentre du Moi. D’abord symbolique, représenté par un signifiant pour un autre signifiant,… puis, à la fin, carrément accointé au Réel, puisque ledit sujet « ex-siste au langage »… Comme le symptôme, mais lui nœud de signifiants… Le sujet, en psychanalyse, de Freud à Lacan, clairement chez Lacan, est le sujet du désir dans l’inconscient tel que Freud, cependant, le rencontre. Il se distingue de l’individu biologique et du sujet de la compréhension. Il n’est pas le moi freudien, pas plus le je de la grammaire. Effet du langage, il n’en est pas un élément. Le symptôme fait la souffrance d’un sujet. Il est sa réalité la plus intime et en même temps la plus étrangère à lui-même, parce qu’il en ignore essentiellement la cause. Un analyste est cet étrange personnage, aux yeux de l’analysant, celui qui prend au sérieux cet impossible à supporter. D’autant plus que le psychanalyste ne cherche pas ipso facto à prendre de front ou solutionner ce symptôme comme le fait le médecin ou le psychothérapeute d’aujourd’hui. Donc pas ici de prescriptions compationnelles ou charitables visant à recouvrer la conformité sociale ou la normalité médico-biologique. Parce que le psychanalyste considère le symptôme, cet impossible à supporter par le sujet, comme unique. Pour Lacan et les lacaniens, un symptôme recèle, à lui tout seul, la matière même de l’inconscient. Il est constitué de paroles, de signifiants, de quelques lettres parfois, lesquelles ont été dites, énoncées d’une manière telle, quelquefois, qu’elles ont pu avoir valeur de sentences ou d’ordres à exécuter. Ces « sentences » plombent la vie du sujet. Mais d’autres fois, il va s’agir de pertes, réelles, ou encore d’évènements à jamais oubliables car non parlés. En tout cas sur lesquels le sujet n’a pu mettre les mots nécessaires au désenkystement de ces paroles gélées. Le sujet arrive ainsi à l’analyste, porteur d’un message crypté. Il sait quelque chose mais il ne sait pas qu’il le sait. Le psychanalyste doit l’aider à le décrypter et, in fine, à le lire. Le sujet adresse son symptôme à l’analyste dans le transfert. Le transfert, c’est ce qu’il y a de plus important. Sans le transfert, on ne peut rien faire. Rien ne se fait si ce n’est dans le cadre rigoureux du transfert. Et le sujet suppose que celui-ci, l’analyste, sait, ce symptôme, le lire. Il le constitue ainsi en « sujet supposé avoir ». Supposé, seulement, pas sachant, et que celui-ci, l’analyste n’aille pas faire le sachant comme le psychiatre ou le psychothérapeute ou le psychologue, il serait tout de suite anéanti comme analyste. II redeviendrait un maître,… parmi tant d’autres, obéit, un certain temps et dont on souhaite très vite la mort (chez l’obsessionnel), l’impuissance (chez l’hystérique). Qu’est-ce que le SSS ? Le « sujet supposé savoir » est une figure du « grand Autre ». Tout simplement. C’est le trésor des signifiants, le lieu du langage, le lieu auquel on adresse sa parole vraie et le lieu d’où elle vous revient. C’est ainsi que l’analysant pense alors que le psychanalyste, auquel il lui impute de camper en ce lieu de l’Autre, détient ce « secret unique », celui de son symptôme auquel, lui, n’a pas accès. Cependant, il faut se souvenir que de la supposition de savoir accordé, attribué à l’Autre, il y en a toujours eu, et cela depuis la nuit des temps. On peut remonter aux premiers gourous, cela a du commencer avec le chaman pour aller de nos temps jusqu’au médecin de famille, en passant par le maître de sagesse, le prêtre (Pape, Imam, Rabin…), les parents, le grand frère et les professeurs… Qu’est-ce qui distingue donc celle qui est accordée au psychanalyste ? Et en quoi ne se réduit-elle pas simplement à une suggestion, à un faire retour à la demande, à la question, par une réponse qui suggère ? Mais, si c’est ici une supposition de signification du savoir inconscient qui est accordée à l’analyste et si elle peut opérer, c’est parce que celui-ci, d’entrée de jeu, a su se manifester d’une manière toute particulière, rectifier mais aussi souligner, ponctuer, “ mettre des points d’interrogation ” ou des “ x ”, des inconnues, dans le discours de l’analysant demandeur. En somme, commencer à faire entendre, par ses ponctuations, ses scansions, son propre dit à celui qui est venu demander une aide. « Madame, Monsieur, entendez-vous bien ce que vous venez de dire…? Dois-je vous le répéter ? » Lacan finira, sur le tard, en 1978, par conjoindre le transfert et l’inconscient, ayant décidé de « traduire », sans autre forme de procès, l’inconscient freudien par « sujet supposé savoir. » L’ « Une-bévue » en sera aussi un autre nom. Lacan n’hésita pas à renommer l’inconscient freudien, l’Unbewusste, en « Une-bévue ». « Au commencement était le verbe… » (Epître de Jean). Dès le commencement, l’analysant s’offre à mettre en mots ce qu’il ne peut qu’à peine dire. Des fois pas du tout et avant longtemps. Mettre en mots consiste pour lui, il ne le sait pas tout de suite, mais peut le découvrir à la longue, que c’est mettre en acte la structure de langage de son inconscient. L’analyste va entrer en action,… comment ? Il interprète. C’est sa fonction. Déjà chez Freud. Son acte, même. Mais il doit le faire au moment opportun. Il doit le faire à propos et non pas à côté. Il fait résonner certains signifiants. Pas de commentaires, pas de constructions intempestives dès la fin de la séance. Son intervention est sobre, courte. Scandée parfois. Il utilise la coupure, dite « coupure signifiante ». Il arrête le débit du discours de son analysant sur un mot, pas n’importe lequel, un mot qui va se détacher dans une certaine pureté signifiante et venir s’adjointer à la chaîne signifiante inconsciente qui constitue la trame de l’inconscient du sujet. Il peut utiliser la scansion, scander un propos, sans le couper. Scansion (souligner, ponctuer) et coupure sont deux actes différents. Une interprétation qui vise juste, une interprétation réussie place et renforce l‘analyste en position de grand Autre pour l’analysant et renforce donc le transfert d’autant, éloignant toujours plus l’analyste d’une position de semblable, petit autre. C’est en ce sens que l’on dit que le psychanalysant « fait » le psychanalyste au sens fort du terme.[1] Il le fabrique, le façonne, en quelque sorte, en tant que : “ Témoin…, dépositaire…, référence…, garant…, gardien…, tabellion…, l’analyste, dit Lacan, participe du scribe.”[2] En fait, le psychanalyste, sujet supposé savoir, bien qu’au-delà de ce que le sujet sait,… ne sait rien ! Lui-même, dit Lacan dans son séminaire « L’éthique de la psychanalyse », “ n’est efficace qu’à s’offrir à la vraie surprise ”.[3] Un analyste doit s’en tenir au conseil de Freud : aborder chaque cas comme s’il était le premier dont il ait à connaître. Et il faut se prémunir de l’imposture qu’il y aurait à se considérer comme de plein pied avec l’inconscient. La suite ici: louka.eu/blog/?p=757
Posted on: Fri, 12 Jul 2013 10:43:42 +0000

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