OPPOSITION AU PROJET DE REVISION CONSTITUTIONNELLE : LA REVANCHE - TopicsExpress



          

OPPOSITION AU PROJET DE REVISION CONSTITUTIONNELLE : LA REVANCHE HISTORIQUE DE HOUNGBEDJI SUR YAYI Le feuilleton de la révision constitutionnelle inauguré par le gouvernement du président Boni Yayi n’est pas prêt de livrer son dernier épisode au public béninois apparemment frileux des combats de gladiateur entre les animateurs de la scène politique. Le tout récent épisode de cette trame est sans aucun doute l’Université de Vacances édition 2013 du Parti du Renouveau Démocratique (PRD) de Me Adrien Houngbédji. L’événement qui s’est clôturé la semaine dernière a retenu l’attention des media nationales et internationales toutes tendances confondues. Et pour cause, le discours épique du leader des Tchoco-Tchoco sur l’état de la Nation et sur la gouvernance du pays par le président Boni Yayi. Rien de spécial en cela puisque, dira-t-on. Le PRD, un parti politique d’envergure est dans son rôle, c’est-à-dire livrer à l’opinion sa lecture de la situation socio-politique du pays. Rien de spécial en principe aussi car Me Adrien Houngbédji, un acteur important de la vie politique béninoise depuis plus de deux décennies doit nourrir l’univers politique national de ses vues surtout qu’il n’avait plus rien dut publiquement depuis un certain temps. Etc… Mais ce qui fait de cette Université des Vacances édition 2013 une particularité, ce sont les circonstances ayant entouré la livraison du discours très attendu du chef du Parti du Renouveau Démocratique par les connaisseurs de la vie politique béninoise. Tout d’abord, il faut dire que le PRD qui avait été approché par le président Yayi dès la dissolution par ce dernier de son premier gouvernement de l’ère de la Refondation n’avait pu s’entendre avec le chef de l’Etat. La pomme de discorde résidait naturellement au niveau de la démarche devant conduire à l’entrée du parti des Ainonvi dans l’équipe gouvernementale de Yayi. En effet, Me Adrien Houngbédji exigeait avant tout un dialogue inclusif avec tous les acteurs politiques du pays sur les grands dossiers qui fâchent ou qui préoccupent. Mais, Yayi qui n’entendait pas la chose de cette oreille avait choisi d’ignorer les conseils de son challenger des deux élections présidentielles de 2006 et 2011. Conséquence : il est né une atmosphère plus qu’exécrable entre les deux hommes. Comme preuves, on peut citer la rumeur ventilée par le pouvoir pour démontrer que le PRD en voulait davantage et peut-être un peu trop à Yayi en termes de postes ministériels ; ce qui aurait conduit à une mésentente entre eux. Il y a eu aussi la nomination de Moukaram Badarou, un transfuge du PRD au poste de préfet du département de l’Ouémé-Plateau pour compliquer la vie au PRD dont on commençait à soupçonner les intentions de contestation plus ou moins violente contre le projet de la révision constitutionnelle cher au gouvernement. Puis, il y a eu aussi la nomination d’un non moins influent cadre du département du Plateau, le Professeur François Abiola, un ancien baron du MADEP du richissime homme d’affaires El-Hadj Séfou Fagbohoun qui a été élevé au grade de Ministre d’Etat dans le nouveau gouvernement du régime de la Refondation. Voilà autant d’actes politiquement forts qu’a posés le président Yayi pour marquer le coup à Me Houngbédji et lui fait regretter son refus d’entrer au gouvernement yayiste. Devant cette cabale contre son parti, le président du PRD dont on connait le potentiel de revanche sur ses adversaires politiques a choisi le moment idéal pour porter la tocade à son souffre-douleur depuis les présidentielles de 2006. Il n’a pas oublié les grosses humiliations subies par les sbires du régime dès l’installation de l’ex-président de la BOAD au palais de la Marina en 2006. Il avait sans doute en mémoire les actes de fait commis sur ses militants après respectivement les scrutins de 2006 et 2011, toutes choses qui avaient abouti à l’incarcération de certains d’entre eux et l’interpellation par la police de bien d’autres. Le député Raphael Akotègnon ne doit oublier les coups et blessures qu’il a dû essuyer de la part des flics à la solde du pouvoir ultra-répressif de Yayi après l’annonce des résultats des présidentielles de Mars 2011. Ces déboires politiques, Me Adrien Houngbédji les avait soigneusement rangés dans sa mémoire et s’était préparé pour prendre sa revanche sur celui qui l’avait toujours entouré de ridicule. Houngbédji : Un blessé de guerre politique Pour qui connait Me Adrien Houngbédji depuis ses débuts en politique sous l’ère du renouveau démocratique, l’homme a démontré à suffisance sa maitrise du jeu politique fait de coups bas entre les adversaires. L’on se rappelle encore son appel à soutenir le candidat Mathieu Kérékou au second tour de la présidentielle de 1996 alors que tout l’opposait au président Soglo. Ce dernier avait en effet compliqué l’existence à l’influent président du parlement d’alors qu’il taxait de « Petit Mussolini de Porto-Novo ». Personnage cynique au discours aristocrate, Adrien Houngbédji qui a dû sa grande popularité et son assise politique à une immense richesse amassée au Gabon par sa brillante carrière d’avocat chevronné auprès de Bongo ne tolère nullement qu’on le traine dans la boue. Ses adversaires le jugent un peu trop suffisant, distant et froid. En 1998, l’homme n’a pas hésité à quitter le navire gouvernemental de Kérékou pour protester contre ceux qui lui contestaient une hégémonie du fait de son poids politique au parlement en ces temps-là. Houngbédji qui était peut-être trop sûr de son succès éventuel en 2001 a tôt fait de sous-estimer la capacité de nuisance de ses adversaires conte ses prétention présidentielles. Il le regrettera toute sa vie. Mais malgré les échecs répétés à tous les présidentiels que le pays a organisés depuis 1991, Me Adrien Houngbédji a réussi à maintenir son parti en bonne place sur l’échiquier politique béninois notamment à Porto-Novo devenue sa citadelle imprenable malgré les coups de boutoir que lui ont portés les présidents Kérékou et Soglo qui ont toujours craint cet homme qui avait fait de la conquête du fauteuil présidentiel le combat de sa vie. C’est un homme plein d’amertume pour un destin présidentiel qui lui a toujours échappé d’un cheveu près qui s’adressait à ses militants. Houngbédji voulait découdre avec un Yayi qui n’a fait que l’emmerder depuis son accession au pouvoir. Houngbédji est à lui tout seul l’incarnation d’une partie de notre expérience démocratique depuis 1990. Il a pris une part active aux assises de la Conférence Nationale des Forces Vives où il s’était désisté en faveur d’un certain Nicéphore Soglo quand il lui avait été proposé de prendre la tête du gouvernement de transition en qualité de Premier Ministre. Puis, il fonde le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) qu’il va imposer graduellement dans le nouveau paysage âprement disputé par de sérieux concurrents au fauteuil le remuant Albert Tévoédjrè dont il va partager le département de l’Ouémé-Plateau, un espace politique de l’ex-président Sourou Migan Apithy. Obligé de négocier entre Kérékou et Soglo, les deux grands dinosaures qui avaient caporalisé l’échiquier politique national depuis 1990, Houngbédji s’est vu contraint d’enfiler le manteau peu flatteur de faiseur de roi. Et d’échec en échec, ce redoutable débatteur va épuiser toutes ces cartes sans parvenir à matérialiser son plus beau rêve politique, à savoir gagner le fauteuil présidentiel du palais de la Marina. La faute à un certain Boni Yayi, ex-président de la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) qui est venu lui barrer la route su sacre longtemps attendu. La faute aussi à des adversaires d’hier peu enclins au pardon qu’à une revanche sur celui qu’ils ont soupçonné à tort ou à raison de leur faire sentir l’odeur de l’humiliation une fois installé au Palais présidentiel. L’expérience dans l’Union Fait la Nation (UN), le grand regroupement politique sensé lui ouvrir la voie du pouvoir suprême en 2011 n’a pas été concluante malgré le pardon quasi-dégradant que lui avait exigé le couple Soglo devant les caméras de la télévision nationale en son temps avant de le porter devant l’électorat ultra-conservateur du plateau d’Abomey. Au vu de tout ce qui précède, on peut affirmer sans se tromper que Houngbédji a suffisamment capitalisé d’expérience en matière politique au Bénin pour savoir poser ses jalons face au pouvoir prédateur de Yayi. Car l’homme a eu le prestige de diriger à deux reprises l’institution parlementaire avec distinction spéciale qu’il a été le tout premier président de notre parlement au sortir de la Conférence Nationale. Il n’est pas donc n’importe qui. Un discours critique et acerbe sur la révision constitutionnelle Dans son discours particulièrement virulent qu’il avait délivré samedi dernier au stade de Djeffa, on retrouve un Houngbédji revêtir la toge d’opposant farouche au régime de Boni Yayi qu’il accuse de tous les maux qui accable le pays. Sans porter de gants et malgré la présence remarquable de membres de l’Exécutif dépêchés sur les lieux pour essayer d’amortir sa verve revancharde, le leader des Tchoco-Tchoco ne va pas faire dans la langue de bois. Tour à tour, l’homme passe en revue les échecs et improvisations du pouvoir qu’il accuse de diversion, de provocation et d’intimidation. Il s’attarde sciemment sur les actes d’obstination et d’entêtement face à la réprobation générale des forces politico-sociales à l’encontre de son projet inopportun de la révision constitutionnelle. Il va passer en revue les insuccès des chantiers de la PVI, du RAMU et bien entendu la lutte contre l’essence frelatée dite « kpayo » menée avec partialité et une incohérence totale par le pouvoir. Puis, sur un ton très martial et très remonté, Me Adrien Houngbédji, tel un léopard assoiffé de sang de sa victime qu’il tient enfin en sa prise, va asséner des semonces et des remontrances à l’endroit de l’Exécutif qu’il met en garde contre toute tentative de forcer la volonté du peuple sur le projet révisionniste. « Si le gouvernement ne nous écoute pas, nous changerons de braquet. Qu’il revisite l’Histoire et même les événements contemporains : il arrive un moment où les forces de l’ordre lancées aux trousses du peuple finissent par fraterniser avec le peuple », martèle-t-il avec une hargne propre aux marxistes après fait le procès critique des divers concepts de gouvernance mis en place par Yayi depuis 2006 : changement, émergence et refondation. Un carton rouge ou une véritable revanche devant l’Histoire Hougbédji dans son réquisitoire acerbe contre le gouvernement béninois a sorti une formule originale. En parfait arbitre du jeu politique, il décerne un carton rouge à l’attaquant Boni Yayi qu’il accuse de tricher au jeu à plusieurs reprises et après plusieurs avertissements. « Carton Messieurs, carton rouge ! Nous sommes contre tout projet de révision qui laisse planer le doute sur les intentions réelles de ses auteurs ». Un véritable coup de poignard de Yayi… Cette sortie médiatique de Me Adrien Houngbédji qui s’ajoute à celles déjà non moins fameuses du clergé catholique, du couple Soglo, des syndicats, des acteurs de Mercredi Rouge, de l’UN a de quoi faire trembler les bases du pouvoir exécutif désormais seul face à son projet de révision constitutionnelle. Et pour cause. Les grosses écuries politiques du pays ont voté d’avance contre son topo de révision. Un cinglant désaveu en somme pour un homme qui passait pour le Messie indétrônable des Béninois depuis 2006. Jamais président n’aura été aussi lourdement combattu en même temps et avec la même hargne par la quasi-totalité des forces socio-politiques du pays depuis les événements qui ont poussé le Général Mathieu Kérékou à convoquer dans la précipitation les assises de la Conférence Nationale des Forces Vives. Mais, dans ce trémolo politique qui se jouait depuis dans notre pays sur le projet révisionniste, la voix du PRD était très attendue pour indiquer la tendance prédominante. Ceci pour deux raisons majeures. Tout d’abord, le PRD constitue on le sait bien, un poids lourd sur l’échiquier politique national. Donc, un mouvement de sa part pourrait indiquer l’issue du projet de révision constitutionnelle dont l’aboutissement au parlement nécessite forcément le soutien de ses députés lors du vote en plénière. En plus, ce parti qui avait perdu les présidentielles de Mars 2011 au profit de Yayi s’était dissocié avec l’UN qui l’avait porté jusque-là vers les urnes. Puis, suivront des actes de rapprochement avec e pouvoir en place. On a vu Houngbédji reçu en pompe au palais de la Marina par son tombeur de 2006 et 2011. Yayi est allé même jusqu’à le traiter d’ »homme d’Etat » en son temps. D’aucuns avaient prédit que c’en était fini de l’opposition et le PRD avait bien avalé la morphine à lui administrée par le Docteur de la République. Que lui reste-il encore de fringant s’il se rallie à l’homme qui avait combattu avec tant de verve et qui l’avait précipité de son piédestal politique par un K.O plus que jamais problématique ? Cette position de Me Adrien Houngbédji lui a valu bien des inimitiés et des démissions en cascades dans les rangs de son parti. Mais, en réalité, ce sphynx de la vie politique nationale attendait le moment idéal pour prendre sa revanche face à un Yayi désormais en mal dans l’opinion publique nationale malgré les multiples marches de soutien suscitées ici et là, et sur la scène internationale où de plus en plus, il est traité avec méfiance et réserve (Cf. Jeune Afrique N° …). Cette revanche, Houngbédji l’a prise de fort belle manière devant ses militants mais aussi, fait remarquable, face à un parterre d’invités de marque dont notamment d’influents membres du gouvernement en place. François Abioa le tout nouveau promu au grade de ministre d’Etat en charge de l’enseignement supérieur, Valentin Djènontin, ministre de la justice, Fatoumata Amadou Djibril, ministre de l’agriculture, Emmanuel Tiando, Secrétaire Général de la Présidence, etc…Houngbédji ne pouvait pas mieux savourer sa revanche sur un homme à qui tout l’oppose : le tempérament, style relationnel, le style de gouvernement, etc… Cette revanche, Houngbédji l’a aussi prise sur l’Histoire qui semblait le condamner à une réclusion politique prématurée après ses échecs répétés aux présidentielles depuis 1991. Désormais atteint par les limites d’âge constitutionnelle (fixée à 40 ans au moins et à 70 ans au plus), tout semblait le contraindre à une retraite politique forcée. Erreur. L’homme a su rebondir de fort belle manière au point de ravir à tous la vedette sur ses concurrents immédiats. Le discours de Houngbédji l’aligne désormais sur les mêmes positions que les Soglo obligés de combattre Yayi dont les appétits pour la Mairie de Cotonou ne font l’ombre d’aucun doute. Idem pour l’UN campé depuis toujours dans un rôle radical au pouvoir. Nul n’aura plus de carte à jouer contre le parti des Tchoco-Tchoco en l’accusant de se compromettre avec Yayi. Cette équivoque-là, Houngbédji l’a clairement levée. Et avec la manière… Peut-être que le chef de l’Etat contraint de jouer à la reculade face aux assauts répétés de ses adversaires devenus trop nombreux à présent commence enfin à prendre la juste mesure de l’autre facette de l’exercice du pouvoir d’Etat. Peut-être commence-t-il à mesurer sa fragilité face aux forces socio-politiques du pays qu’il avait toujours manipulées à sa guise. Et peut-être commence enfin à apprécier la grandeur et la maturité politique d’un peuple qu’il disait connaitre dès son avènement au pouvoir en 2006 ! Mais, face aux coups et raidissements de toute une nation en quête de liberté et de démocratie, notre président actuel saura-t-il faire montre de sagesse et de pondération comme Mathieu Kérékou, son illustre prédécesseur qui, à l’issue des travaux de la mythique Conférence Nationale des Forces Vives lancera, lancera devant une foule d’adversaires résolus, la phrase restée fameuse et qui lui a valu des ovations nourries et prolongées suivies de l’hymne national repris en chœur par tous : « …Au nom de l’intérêt supérieur de la Nation et du peuple béninois tout entier, nous disons que les décisions prises par la conférence seront appliquées dans l’ordre et la discipline librement consentie. Ce n’est pas du défaitisme, ce n’est pas de la capitulation c’est une question de responsabilité nationale. C’est sur ces mots que je déclare clos les travaux de la Conférence Nationale des Forces Vive le Bénin ! Vive le Renouveau Démocratique ! Je vous remercie !»
Posted on: Wed, 11 Sep 2013 14:16:03 +0000

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