Obama et le Bénin de Yayi… Après avoir lu un certain nombre de - TopicsExpress



          

Obama et le Bénin de Yayi… Après avoir lu un certain nombre de posts écrits par mes amis sur facebook dans cette matinée sur la visite du président américain Barack Obama en Afrique, je me suis promis d’ajouter ma petite pierre à l’édifice de la défense de notre patrimoine à laquelle se livrent si dignement ces fils de notre pays, le Bénin. Le titre que je propose pour la présente publication n’est pas inopinée ni un simple accident de parcours. En effet, quand je dis « Obama et le Bénin de Yayi », c’est tout dire. Car quel lien peut-il y avoir entre le très charismatique président américain qui a su graver en lettres d’or une page glorieuse de l’histoire des Noirs aux Etats-Unis et le Bénin sous l’ère de Yayi ? Cet homme a su se hisser à la mesure des espoirs longtemps entretenus par les pères des luttes en vue d’une reconnaissance juridique des droits de citoyenneté américaine aux descendants d’esclaves Noirs au pays de l’Oncle Sam. Obama, ce n’est pas n’importe quel président. Obama, c’est le tout premier président noir de toute l’histoire des Etats-Unis d’Amérique, la plus grande puissance économique et militaire du monde et une ancienne métropole exportatrice du « bois d’ébène ». Il a su concrétiser la destinée des leaders du mouvement des droits civiques comme Martin Luther King, Jr. Obama, c’est l’image d’un leadership de type nouveau qui a su cristalliser les attentes du monde entier en vue d’un nouvel ordre économique mondial. Obama, c’est une puissance intellectuelle qui s’est imposée et a su convaincre la jeunesse et l’élite d’une société américaine en déroute après l’effondrement des plus grandes entreprises longtemps biberonnées par la bourse new-yorkaise et la débâcle de la politique internationale arrogante et insolente de George Bush, fils. Obama, c’est enfin un homme dont le parcours atypique (né d’un père kényan et d’une mère américaine et ayant séjourné en Asie) en a fait une figure emblématique du citoyen du monde rêvé et désiré par la planète toute entière. Obama a su incarner cet idéal d’homme de synthèse qui défendrait les causes du monde entier au lieu de se réduire au seul territoire des USA jusque-là perçue comme une superpuissance dominatrice et impérialiste qui s’est adjugée toute seule les énormes avantages issues de la période post-Guerre froide. Tout cet aura, le 44è président américain l’a mérité et très amplement d’ailleurs. La preuve, c’est qu’il a été gratifié du somptueux trophée du prix Nobel de la paix, la plus haute distinction politique pour un leader de notre temps. Et pour tous ceux qui tentaient d’entourer son élevation de ridicule, le président noir a tout simplement confirmé son impressionnante réussite en remportant haut la main les récentes présidentielles américaines face à un certain Mitt Romney caustique et vainement triomphateur. La grande Amérique ne pouvait se fourvoyer par deux fois sur la même personne. Obama a été et sera toujours un leader hors pair. Notre pays dans son état actuel mérite-il véritablement d’accueillir un leader d’un tel prestige international ? Eh bien, tentons d’y supputer si vous le voulez… La nouvelle d’une seconde visite du très populaire Barack H. Obama en Afrique a forcément de quoi déclencher des passions légitimes au point de se demander comment se fait le choix des pays africains visités par le patron de la Maison Blanche et pourquoi certains pays ayant capitalisé une expérience fort impressionnante sur leur parcours démocratique comme le nôtre ne puissent pas être gratifiés d’une telle visite de prestige…Le patriote acharné que je suis se trouve un peu offusqué devant un tel mépris de la part de la première puissance économique du monde. Mais, en fait la raison et la logique veulent que les choses se passent plutôt comme cela. Elles imposent au président Obama et son staff de la Maison Blanche de savoir user sagement et opportunément de leur grande influence géopolitique pour éduquer les pays de moindre importance économique comme le nôtre. Dans toute famille, l’aîné doit savoir encourager ceux de ses frères qui font l’effort de bien se comporter et décourager ceux qui choisissent la voie de la désobéissance et de l’aventure…C’est la fonction pédagogique dévolue à l’autorité, quelle qu’elle soit. Certes, nous sommes dans le cadre des relations internationales où prévaut le principe de l’égalité de toutes les nations entre elles, indépendamment de leur importance économique, leur taille, leur situation géographique, etc…Soit. Mais, l’on sait aussi que la realpolitik implique que certains pays en imposent toujours aux autres et fassent figure de wagons qui tractent les autres vers l’avant…Ce n’est que justice de toute manière. Pour en revenir au dossier de la visite d’Obama en Afrique, je dois dire que le choix qui a été fait a largement tenu compte de la performance démocratique des pays à visiter. Par exemple, l’Afrique du Sud a confirmé et consolidé son ancrage démocratique depuis la fin de la période du régime de l’apartheid. La situation critique que traverse le pays du fait de l’état de santé délicate de l’icône même de cette épopée, Nelson Mandela imprime sur la conscience de la communauté internationale une certaine dose de sympathie en faveur de la nation arc-en-ciel. Obama a d’ailleurs renchéri ce point lors de sa conférence de presse l’autre fois en réaffirmant sa volonté de se rendre dans le pays en dépit de cette situation du presque-deuil national. Puis, il y a le Sénégal par où a commencé d’ailleurs cette tournée africaine. Qu’on le veuille ou non, le Sénégal a su se positionner comme l’un des bastions démocratiques du continent noir notamment avec les luttes héroïques de la jeunesse sénégalaise pour obtenir l’alternance par laquelle des caciques de Wade ont dû plier l’échine permettant ainsi à Macky Sall de prendre le pouvoir par la force des urnes. En revanche, depuis la fin des années quatre-vingt-dix, le Bénin a sérieusement reculé dans les quotations démocratiques en Afrique. Jugé première démocratie du continent dès la fin de la Guerre Froide, le pays dont le modèle inspirait beaucoup de respect et d’admiration de par le monde a plongé depuis peu dans une spirale de crises sociopolitiques notamment sous l’ère du président Yayi. Nous sommes donc loin des flonflons qui avaient marqué la visite prestigieuse qui fut octroyée au président Soglo à la Maison Blanche en 1993. En son temps, il fut ovationné et apprécié par le très populaire président démocratique Bill Clinton. Je me rappelle la parution de Jeune Afrique qui a avait fait un écho plus que flatteur sur la démocratie béninoise. Le Bénin faisait figure de temple voire de laboratoire de la démocratie en Afrique…Mais, depuis, que s’est-il passé ? Comment notre pays a-t-il perdu cet important crédit démocratique qui faisait sa gloire et son capital à l’export ? Le régime dit du changement seul en détient la réponse. Lui qui a multiplié par x les tensions sociales et politiques avec les situations dans le pays depuis son avènement. Pêle-mêle, je peux citer des élections contestées et sans issue depuis 2008…Je peux aussi citer les scandales ICC-services, les machines agricoles, le dossier CEN-SAD, la disparition ténébreuse d’Urbain Dangnivo, etc. Mais plus grave, il y a la situation d’instabilité générée actuellement par les dossiers supposés ou vrais de tentative d’assassinat et de tentative de coup d’Etat à l’encontre du Chef de l’Etat. Chacun sait les gravissimes erreurs de jeunesse qu’a commises le régime en place dans la gestion de ces dossiers. En prime, l’on peut citer les campagnes propagandistes organisées et suscitées par le pouvoir à hue et à dia par le pouvoir pour faire croire au peuple et au monde entier que le président béninois serait en danger à l’intérieur de ses frontières nationales…Alors que l’on disait dans le même temps que le dossier serait en instruction par la phrase vide de sens : « laissez la justice faire son travail ! ». Puis, il y a eu les réactions inexplicables et futiles à l’encontre du juge Angelo Houssou que le régime a rendu célèbre par les bastonnades et les brimades à lui infligées alors qu’il n’a fait rendre une décision de justice dans les conditions parfaitement prévues par les textes de loi. Sans mentionner aussi le principe sacro-saint de présomption d’innocence piétiné à souhait par le régime qui ne ratait aucune occasion pour trainer dans la boue, par presse interposée, les citoyens qui ont été cités dans ces divers dossiers…Ce faisant, le régime multiplié le capital de discrédit sur notre démocratie qui semble perdre de plus en plus de sa superbe depuis le légendaire K.O de Mars 2011. Au risque où on commence de plus en plus par supputer sur une situation pouvant nécessiter que ce pays jadis reconnu comme une référence incontournable en Afrique en matière démocratique plonge dans une grave crise politique. Oui, osons le dire tout net. Le Bénin, notre cher et beau pays est tombé tout bas et ne mérite plus le prestige qu’implique la visite d’un président américain. Obama et les siens ont sans doute cherché à se reprendre de leurs erreurs passés. En effet, on se souvient que les présidents de trois pays africains, en l’occurrence le Niger, la Guinée et sans doute notre le pays, le Bénin avaient été invités et reçus en pompe à la Maison Blanche pour représenter la nouvelle Afrique démocratique en émergence. A l’époque, le régime Yayi avait glosé sur cette visite octroyée comme une prime américaine à la réussite politique du président béninois. Et comme à leur habitude, les caciques du régime n’ont raté aucune occasion pour brailler sur les ondes et vociférer partout que le Yayi est un bon démocrate. Patati, patata…Puis, viendra la superbe de la présidence de l’Union Africaine qui fut aussi exploitée voire surexploitée politiquement pour cacher les graves dérives du régime Yayi. Mais, si certains patriotes comme moi avaient préféré partager cette petite embolie politique, c’était surtout en espérant que cet encouragement du prégo yankee aide notre prince dominant et dominateur de sa monarchie tropicale à savoir raison garder. Car avec les américains, c’est la règle du pragmatisme qui prime en toute chose. Mobutu en sait quelque chose, lui que les généreux dollars des présidents Eisenhower, Nixon, Reagan et Bush n’avaient pu délivrer de la fureur de Bill Clinton. Il lui a été refusé tout bonnement une audience avec le président d’un pays qui l’avait pourtant porté à bras-le corps plus de trois décennies durant…Changement d’époque oblige… Notre pays a perdu tout le crédit politique du fait d’un président qui se taille chaque jour la part du lion des pouvoirs d’Etat quitte à contraindre les autres institutions de contre-pouvoir à la reculade et lui laisser du champ libre pour opérer et à tout broyer sur son passage. Passons les détails. La saga d’une révision opportuniste de la constitution, pierre angulaire du système démocratique du pays en a rajouté aux suspicions légitimes nourries ici et là par les observateurs nationaux et internationaux avertis de la dynamique politique sur le continent noir. A force taire les quelques voix d’opposition encore audibles dans le pays et persécuté les hommes d’affaires ne partageant pas les visées autocratiques du régime, le président Yayi a réussi à multiplié le capital risque du Bénin auprès des agences spécialisées de l’ONU et décrédibilisé la démocratie aux yeux des puissances mondiales comme la France et les USA. Car que dirait-on d’Obama qui n’a dû sa réélection à la tête des Etats-Unis l’été dernier que grâce, entre autres, à son capital en matière de diplomatie en faveur de la paix et de la liberté dans le monde. Il ne ferait pas au Bénin un cadeau prestigieux pour se faire dévoyer aux yeux de son électorat devant qui il est comptable de ses actes en termes d’image. Si Yayi avait compris tout ceci, il ne se hasarderait pas à rendre le pays invivable aux hommes d’affaires et aux opposants à son régime. Il se hâterait plutôt d’ouvrir le débat politique contradictoire et permettrait à la presse toutes tendances confondues de se déployer à merveille. Il ne chercherait pas à museler les forces politiques et à caporaliser la justice…C’est le péché mignon de ce régime qui compromet ainsi les chances de toute une génération. Car la visite d’un président américain qui plus est un des plus populaires comme Obama dans un coin de la planète attire l’attention du monde entier avec toutes les bénédictions qui vont avec… Mais, à force de multiplier des crises et des scandales de tous genres sur notre pays, le président et son gouvernement ont tout simplement annulé les crédits qu’il avait laborieusement accumulés durant les précédents régimes depuis la tenue de l’historique Conférence Nationale des Forces Vives… On a beau nous rabâcher les oreilles sur les succès diplomatiques et économiques du régime en place, l’ignorance de notre pays dans la liste des pays à visiter par Obama en Afrique ne peut être interprété autrement que comme un cinglant désaveu par Obama d’une politique de musèlement et d’accaparement des espaces de liberté consacrés par la constitution et d’une volonté manifeste de se maintenir aux affaires qui sont le propre du gouvernement du président Yayi. Comment pouvait-il d’ailleurs en être autrement quand on sait que dès son arrivée aux affaires, Yayi s’est évertué à saccager le précieux héritage laissé par l’ex-Chef d’Etat, le Général Mathieu Kérékou. En témoignent les acquis de la vision « Réconciliation et Développement » par laquelle notre pays a pu s’incruster majestueusement sur l’axe très disputé des relations entre l’Afrique et la Diaspora Noire (descendants d’esclaves noirs). Combien de pays au monde n’auraient activement et jalousement entretenu les rapports privilégiés que notre pays a su gagner, à travers le leadership de Kérékou, auprès de cette communauté à laquelle tout nous lie, l’histoire, le sang, la culture, etc. On peut citer les avantages vendangés par notre gouvernement actuel dans ce domaine très envié. Primo, il y a la création de l’Agence Béninoise pour la Réconciliation et le Développement (ABRD), véritable organe servant d’interface entre le Bénin et la communauté noire des USA, des Antilles, etc…Le sort réservé à cette institution depuis l’avènement du régime dit du changement est on ne peut plus misérable… Puis, quid du Gospel et Racines, ce festival original forgé dans le génie même de notre peuple pour nouer les amarres avec nos frères et sœurs de la Diaspora Noire. Ce grand rassemblement culturel (et non cultuel comme certains l’ont jugé abusivement et injustement) a su, en quatre éditions, placer notre pays en pôle-position en matière de diplomatie culturelle. Tant et si bien que grâce au lobbying des sénateurs américains (le fameux Black Caucus du Congrès), notre pays a obtenu en 2004 son intégration au programme privilégié du Millenium Challenge Account grâce auquel il a pu engranger plus de cent millions de dollars U.S sans parler du second compact déjà accordé. Le très mythique Etat d’Alabama (dont est originaire le célèbre pasteur Martin Luther King, Jr.) a pris une résolution (JHR25) en 2004 pour établir un forum d’affaires et de coopération économique avec notre pays. Mais depuis 2006, toutes ces initiatives ont été gelées Comment donc notre pays qui a pu marquer son territoire dans ce registre s’est-il fait distancer par d’autres comme le Ghana et el Sénégal au point où par deux fois, ils nous ont ravi la vedette en accueillant en 2008 et en 2013 le même président noir, symbole légendaire des Noirs américains et de la thématique même de la réconciliation Afrique-Diaspora Noire ? En définitive, je crois que tous nos chefs d’Etat africains doivent intégrer à leur vie la dimension d’homme d’Etat qui nous manque si tant sur le continent noir. Et ce malgré que la terre africaine ait produit des hommes aussi grands d’esprit que Nelson Mandela…La vertu tend de plus en plus à s’éloigner de nos palais présidentiels appelés pourtant par le principe à refléter une certaine dignité d’être de l’homme africain…Si bien qu’en face de l’appétit vorace de nos dirigeants pour le pouvoir ainsi que les nombreux scandales socioéconomiques qui s’en suivent, nos jeunes en sont arrivés à perdre toute notion de valeur et d’idéal de vie. Tout semble graviter de l’argent et de l’opportunisme politique. A cette allure, l’Afrique ne séduira plus que ses profiteurs et non des leaders emblématiques comme Obama…Il est tant que Yayi et ses successeurs au Palais de la Marina sachent poser des actes qui pourront les élever au firmament de la gloire. A force d’avancer à pas militaires vers une révision constitutionnelle qui n’a de sens que l’intérêt politicien de ses initiateurs, Yayi et son régime ont détruit la réputation de notre pays pourtant récemment aux manettes de l’Union africaine…Drôle de sort que le nôtre, n’est-ce pas ? Tout le paradoxe béninois s’invite encore une fois et nous devons, par-delà toutes choses, essayer courageusement d’y réfléchir. Car qui perd ses points dans un jeu échoue tout bonnement dans la partie. Pourvu que nous en tenions compte à l’avenir ! Portez-vous bien !
Posted on: Fri, 28 Jun 2013 11:50:43 +0000

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