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Olivier Dard. Historien et universitaire ► Pour l’OAS, l’Algérie doit rester française ◄ Voyage au cœur de l’OAS sera présenté par son auteur Olivier Dard, demain à 15h, au cinquième et dernier Diwan Dar Abdeltif consacré à la période coloniale «Algérie, récit colonial». El Watan Week-end revient sur l’histoire de cette organisation criminelle. - Votre livre Voyage au cœur de l’OAS est édité en Algérie. Pensez-vous qu’il permettra aux Algériens de trouver des réponses à certaines questions ? Je l’espère vivement. Mon livre est celui d’un historien universitaire qui a travaillé sur des archives inédites et s’est employé à les questionner avec rigueur et sans parti pris. Les analyses qui en ressortent brossent de l’OAS un tableau différent de ce que qu’elle-même comme ses adversaires ont donné. L’OAS ne saurait être vue comme un bloc monolithique uni et soudé, mais s’apparente au contraire à une nébuleuse territorialisée, d’Alger à Oran, de Constantine à Bône, sans parler de ses liens, beaucoup moins marqués qu’on ne pourrait le penser avec la métropole. L’ouvrage montre aussi que la puissance de l’OAS symbolisée par le slogan : «L’OAS frappe où elle veut et quand elle veut doit être relativisée. La violence développée par l’organisation et sa propagande ne sauraient être prises, sur ces points, au pied de la lettre et mon livre étudie aussi les faiblesses de l’OAS. - Les archives qu’on trouve dans votre ouvrage décortiquent les mécanismes d’une organisation hautement organisée et soutenue, aussi bien par des militaires que par des intellectuels français... L’OAS se pense et se veut une organisation structurée. En pratique, les choses sont un peu différentes. D’abord, parce que cette structuration, dont le modèle se veut l’OAS-Alger, n’est pas la même partout même si on trouve les mêmes organes dans chacune de ses antennes (Organisation, Renseignements Opérations etc.). Par ailleurs, si le poids des militaires et des civils s’équilibre (difficilement) sur Alger, l’OAS oranaise, nonobstant la présence du général Jouhaud, est d’abord l’affaire de civils. Sur le plan de ses conceptions, l’OAS ne diffuse pas une idéologie homogène et, pour le dire clairement, le fascisme dont l’accusent ses adversaires est loin d’être partagé par ses dirigeants. Au plan idéologique, l’OAS est un agrégat combinant des doctrines politiques variées voire opposées (un de ses dirigeants admire l’ancien président socialiste Vincent Auriol) et différentes déclinaisons des théories de la «guerre psychologique» alors en vogue. Le résultat est que, malgré la volonté du général Salan, l’OAS n’a pas de plateforme politique solide, sauf pour considérer que l’Algérie doit rester française... - Qu’elle était la nature des relations entre l’OAS et le FLN ? C’est une question passionnante qui mériterait d’être creusée, en particulier quant à l’histoire du renseignement et ce afin de savoir de quelles informations le FLN disposait sur l’OAS. Il est clair, du côté de l’OAS que certains de ses dirigeants connaissent fort bien le FLN pour l’avoir étudié et combattu, à commencer par le colonel Godard. Le FLN est l’ennemi principal, rejoint et peut-être même dépassé, si l’on peut dire, par l’ennemi «gaulliste» après mars 1962. L’OAS s’emploie alors à lutter sur deux fronts et n’en a nullement les moyens, d’autant que son implantation se limite à une partie des villes. J’ajoute par ailleurs que «l’accord FLN-OAS», quelles qu’en aient été le caractère très tardif et les limites, est instructif d’un virage d’une partie de l’organisation qui, derrière Jean-Jacques Susini, tente de nouer un contact avec l’ennemi, hors de la référence à la métropole (même si Christian Fouchet est au courant). C’est la première (et seule fois) fois que l’organisation envisage une approche sécessionniste, impensable jusqu’alors pour sa direction. - 50 ans plus tard, l’histoire ne dit pas tout. Ce passé commun devra-t-il être remué davantage ? Pour les historiens, l’écriture de l’histoire n’est jamais finie, car non seulement les sources peuvent se renouveler, mais surtout d’autres questionnements se font jour. Dans le cas précis qui nous occupe, il appartient aux universitaires de travailler encore davantage ensemble pour écrire sinon une histoire commune et affadie, mais s’employer sur la base de la méthode historique, à croiser sources et questionnements. La démarche a déjà été entreprise et doit être poursuivie et approfondie même si elle est délicate. Le passé commun doit donc être remué, comme vous dites. L’histoire en effet n’est pas la ou plutôt les mémoires même si ces dernières constituent, avec le temps, des objets historiques à part entière. - Qu’attendez-vous de la rencontre prévue demain à Alger ? Je suis d’abord très heureux de constater comme universitaire que mes travaux sont diffusés et même traduits. Je souhaite que cette rencontre soit le début d’échanges fructueux et je viens moins pour diffuser mes analyses que pour échanger avec des interlocuteurs en tentant de répondre à des questions qu’ils pourraient se poser. De mon côté, je suis attentif à ce qui peut se dire et s’écrire en Algérie sur les objets qui m’intéressent, mais je sais par expérience que rien ne remplace un contact direct. Bio express : Olivier Dard est un historien et essayiste français, agrégé et docteur en histoire contemporaine. Il s’intéresse principalement à l’histoire des élites en France pour la période de l’entre-deux-guerres. Docteur en histoire contemporaine (1994), Olivier Dard travaille sur une thèse intitulée Les novations intellectuelles des années trente : l’exemple de Jean Coutrot. Dirigée par le professeur Serge Berstein, cette thèse a été soutenue à l’Institut d’études politiques de Paris. Faten Hayed le 21.06.13 elwatan/culture/pour-l-oas-l-algerie-doit-rester-francaise-21-06-2013-218217_113.php
Posted on: Fri, 21 Jun 2013 10:59:00 +0000

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