On observe donc un repli, mais il ny a-t-il pas quelque chose de paradoxal quand on voit une vague deuroscepticisme doublée dune demande dEurope plus présente, comme sur le sujet dun smic européen pour lutter contre le dumping social ? - Cela na rien de paradoxal : vous faites simplement pivoter la menace. Tantôt la menace est extérieure à lEurope : la mondialisation est alors à lorigine de la disparition de certains corps de métiers. A ce moment-là, vous militez pour plus de protection aux frontières européennes, plus de taxes, un smic européen… Tantôt la menace est à lintérieur de la communauté nationale : elle va alors se retourner contre des groupes sociaux, religieux ou économiques… Cest lexpression dune même demande de protection et de repères identitaires. Les mouvements de contestation actuels expriment-ils plus de lattente ou du désespoir ? - La question est plutôt de savoir si le mouvement profond de la société française, qui avait évolué vers davantage de tolérance, se trouve aujourdhui confronté à un simple point dinflexion, avec une crispation due à la conjoncture, ou si, au contraire, nous sommes face à lamorce dun nouveau cycle, un cycle de rétractation par rapport à cette ouverture qui avait caractérisé la société ces trente dernières années. Jai plutôt le sentiment que nous sommes confrontés à quelque chose de profond et qui va durer. Ce mouvement ne va pas remettre en cause lensemble des acquis des dernières décennies mais il marque un tournant qui s’est amorcé vers 2010 et qui se poursuit.
Posted on: Sun, 24 Nov 2013 06:14:53 +0000
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