Ouas Ziani Les narrations historiques proposées habituellement - TopicsExpress



          

Ouas Ziani Les narrations historiques proposées habituellement dans la presse écrite, les journaux électroniques et sur les réseaux sociaux sont lapidaires, superficiels. Dans le même texte, le récit est bienveillant dans la description des faits et gestes d’un acteur du mouvement national et hostile envers un autre. Autant l’auteur glorifie le premier en le décrivant par une inflation de superlatifs, autant il avilit l’autre par l’emploi d’une série de substantifs injurieux, dégradants. Ce qui saute aux yeux est la description caricaturale, manichéenne, des rapports entre les acteurs du mouvement national où le lecteur est mis en demeure d’adorer l’un et de haïr l’autre. Le narrateur dissimule l’histoire en orientant l’attention, l’intérêt du lecteur, sur l’événement, le fait divers, chargé émotionnellement, dans le but d’obtenir de lui une réponse instinctuelle. Le but évident du groupe qui inspire ou guide ces écrits, directement ou en confiant les morceaux choisis à ceux dont il se sert comme additifs répartis selon les complexions des lectorats, est d’entretenir la mécanique de la fragmentation du corps social et d’anticiper - de disjoncter le cas échéant - toute congruence jugée nécessairement fatale. L’unique dispositif, efficace par sa simplicité, consiste à contraindre le lecteur à adopter l’un ou l’autre des comportements fan/ennemi dans un jeu pulsionnel conduit par la ferveur/répugnance autour du duo saint/démon. L’auteur se conduit en agent anxiolytique pour les partisans du premier et en agent pathogène envers les sympathisants de l’autre. Intégration de l’un et rejet de l’autre. Cependant, le jeu est frustrant tant pour le premier que pour le second puisqu’officiellement Abane Ramdane est toujours un martyr tombé au champ d’honneur et Ahmed Ben Bella reste l’adjudant-décoré-par-De-Gaulle-un-Marocain-infiltré-dans-les-rangs-du-FLN-au-service-de-l’Egypte-d’Abdelnasser-puis-de-la-France-avant-qu’il-ne-détourne-sandouk-attadamoun. Ce rabâchage des poncifs participe au renforcement des clivages. Il faut convenir que nous sommes en face d’une lecture plus que tolérée, encouragée, agencée parallèlement à celle du récit officiel. Apparu timidement à partir de 1980, ce récit monte en cadence dès la déclaration commune entre le MDA et le FFS, le 16 décembre 1985, puis envahit massivement l’espace médiatique après les “réformes” qui ont suivi les dramatiques et mystérieuses émeutes d’octobre 88. Sa férocité est visible lors des célébrations et commémorations d’événements nationaux tels la crise du PPA, le 1er novembre, le congrès de la Soummam, la crise de l’été 62, la tragique disparition d’Abbane Ramdane, l’exécution de Mohamed Chaabani, l’assassinat de Mohamed Khemisti, la démission du bureau politique et l’exil volontaire de Mohamed Khider, l’arrestation et l’emprisonnement de Mohamed Boudiaf, le détournement de l’avion à bord duquel voyageaient les cinq dirigeants du FLN en octobre 56 et le coup at de juin 1965.
Posted on: Wed, 27 Nov 2013 19:59:57 +0000

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