Politique - Mini-tournée d’Alpha Condé à l’intérieur : une visite au goût amer ! Le président de la République, Pr Alpha Condé a entrepris du 15 au 20 août une mini-tournée qui la conduit respectivement dans les régions de la Haute Guinée et de la Moyenne Guinée. Histoire de remobiliser sans doute les populations de ces deux régions à moins de deux mois des prochaines batailles électorales pour les législatives dont la date est initialement fixée au 24 septembre. Ce premier véritable contact du chef de l’Etat avec la Guinée profonde aura été un grand safari réussi aux électeurs s’il n’avait pas été émaillé de quelques incidents à Kankan, l’un de ses bastions historiques et à Labé, le fief de Cellou Dalein Diallo, son principal opposant. Après des voyages-éclair à Boké, Kindia et N’Zérékoré, indubitablement et logiquement les régions de Kankan, Labé et Mamou avaient hâte de voir et de recevoir, à leur tour, la première visite du Pr Alpha Condé dans sa tunique de président de la République. En effet, en allant à nouveau au contact des populations de la Savane et du Fouta Djallon, le chef de l’Etat espérait sans nul doute, avoir avec elles des moments de retrouvaille véritablement empreints à la fois de convivialité et de chaleur. Plus de deux ans après son élection et après une si longue absence sur le terrain, Alpha Condé, même s’il le répète souvent à satiété et à qui veut l’attendre qu’il a hérité d’un pays totalement délabré, ressemblait à un ‘’étranger’’ coupé voire déconnecté de la dure réalité et du quotidien du bas peuple qui a pourtant constitué le fer de lance de son élection. Des réalités qui n’avaient en toute évidence guère substantiellement changé. La détérioration inextricablement croissante du niveau de la desserte en eau et électricité, le retour et la persistance du couple ‘’corruption-impunité’’ qui à tendance à prendre une proportion particulièrement inquiétante comme si la méthode est un système agréé de gouvernance, la paupérisation plus ou moins poussée des populations, constituaient entre autres, les pires ennemis de ce déplacement du président Alpha Condé. Malgré sa volonté et son engagement, de même que les grands investissements effectués dans des mégas projets -la construction du barrage hydroélectrique de Kaléta, les subventions massives sans précédent de l’Etat accordées au secteur de l’agriculture notamment la riziculture, la mise en place d’un fonds revolving de micro-finances destiné aux femmes et aux jeunes, la réforme des services de défense et de sécurité doublée de celle structurelle au niveau de l’économie qui a permis de décrocher avec succès le PPTE- le programme de changement qu’il promeut contre vents et marées, a de sérieuses difficultés à prendre rapidement forme comme le souhaite l’écrasante majorité du peuple. C’est une partie de ce bas peuple silencieux, excédé et qui a du mal à attendre encore longtemps qui a voulu se faire entendre bruyamment à la faveur de son arrivée à Kankan le 15 août. L’attachement historique et le pacte tacite qui le lient aux populations de la cité Nabaya, n’y furent rien pour étouffer ce ressentiment face à la mal gouvernance des autorités locales. Ce passage du chef de l’Etat dans leur ville était donc une aubaine pour des jeunes d’attirer son attention sur le malaise profond qu’ils vivent au quotidien. En dépit du secret qui a entouré le voyage du président, qui pourtant a été annoncé plusieurs fois puis reportés, les jeunes ont eu le temps de placarder qui sur des cartons, qui sur des tableaux, des slogans choc assaisonnés à foison de coups de sifflet hostiles au préfet, au président de la délégation spéciale de la ville et aux directeurs d’EDG et de la SEG. Des slogans tels que : EDG=0’’ ; ‘’Préfet =0’’ ; ‘’Maire=0’’ ont été servis à souhait au remarquable hôte du jour. La démarche et le comportement des jeunes étaient si iconoclastes et inattendus que le président est rentré dans une colère noire qui finira par gâcher la fête. Touché dans son égo, il tiendra un discours haché et peu convivial. Ce qui n’est pas allé sans conséquences. Avec la tension qui montait, le chef de l’Etat quittera la salle tout furieux et de nombreuses chaises en plastiques voleront en éclats suite à la colère des jeunes, déboussolés. Il a fallu une deuxième réception, cette fois pompeuse et somptueuse, pour enterrer la hache de guerre entre le président et les populations de Kankan, après les étapes de Siguiri, Kouroussa et Mandiana qui ont été couronnées de succès. Après ces incidents que certains qualifient de mineurs du côté du palais Sékhoutoureya, le président devait mettre le cap sur le Foutah le lendemain. Dans la foulée, il limogea le préfet de Kankan. A Labé comme à Kankan, la visite présidentielle sera émaillée de quelques incidents consécutifs aux échauffourées entre un groupe de jeunes et les forces de l’ordre, de même qu’à la résidence du gouverneur où des confrères ont été éconduits manu militari de la salle. De Labé, le chef de l’Etat poursuivra son périple dans la région avec des escales à Pita, Dalaba pour le terminer en apothéose à Mamou, la ville carrefour, située à plus de 300 km de la capitale Conakry. Au regard de ce qui précède, nombreux sont des observateurs qui estiment que cette sortie présidentielle dans la Guinée profonde s’est soldée par une moisson mitigée. Une prise de contact qui doit, à n’en point douter, sonner comme un signal d’avertissement pour le locataire de Sékoutoureya à moins deux mois des élections législatives du 24 septembre.
Posted on: Thu, 22 Aug 2013 11:29:21 +0000