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Pour en savoir plus sur mes sculptures... SCULPTURES Michel Batlle Dans l’histoire de l’art, que ce soit celle du « classicisme méditerranéen » ou des arts tribaux de l’Afrique, l’Inde ou l’Asie, une grande part des œuvres traite le corps humain comme sujet sculpté. Le début du XXème siècle a vu, avec le Cubisme, le Futurisme et le Constructivisme, s’ouvrir le traitement du volume à l’espace tout entier. Toutes ces expériences avec leurs artistes de Brancusi à Calder et Moore, jusqu’aux Minimalistes sans oublier Duchamp et son interminable file de suiveurs, nous ont ouvert les portes du « tout possible ». Certains rares artistes d’aujourd’hui sont revenus vers le sujet essentiel à savoir l’être humain, le corps humain. Je dis sujet essentiel car faire de l’art, c’est traiter, de diverses manières des questions et des problèmes fondamentaux que nous nous posons. Représenter l’être humain aujourd’hui n’est pas si simple que cela. La sculpture est en majorité traitée par des formes assez abstraites et assez pures, assez simples mais aussi par des technologies nouvelles, tirant le plus souvent vers un aspect ornemental. La majorité de ceux qui traitent le corps humain, le font de la même manière que les peintres qui utilisent majoritairement la photographie, cest-à-dire de façon hyperréaliste, ajoutant parfois des ingrédients issus du Surréalisme. Parcourant la sculpture moderne et contemporaine, j’ai réalisé que la grande majorité des œuvres étaient construites à partir d’un centre, d’un tronc, d’un noyau, d’un bloc. J’ai aussi réalisé, que mes sculptures se construisent à partir d’un vide, cest-à-dire qu’il y a un vide à la place d’un centre, d’un bloc, autour d’une « colonne d’air », comme on dit pour le chant et en langage musical. La définition qui en est donnée étant représentative en ce qui concerne la conception de mes sculptures : « La colonne dair est le volume dair mis en vibration dans un instrument de musique à vent. Cette vibration est à une fréquence en relation avec la note entendue, et correspond à un régime de résonance ». C’est donc autour d’un vide que s’organisent mes sculptures. Et lorsqu’il s’agit d’un plan vertical ou horizontal, il n’y a que du vide à pourvoir en formes, autour de ce plan. Cette conception est à l’image de notre corps qui est une enveloppe renfermant une architecture et des organes qui ont une autonomie tout en vivant en synesthésie ; les uns ne pouvant se défaire des autres. Penser la sculpture autour d’un néant ou à travers des vides, peut rappeler ces images réalisées pour nous faire comprendre l’organisation des structures moléculaires. Tout le monde a déjà vu ce genre de structures. Il faut sans doute aborder les miennes en plongée, en se frayant un chemin dans les vides. Mais ce qui me différencie de ces structures quasi géométriques, c’est qu’elles sont loin de l’être. On est plus dans un labyrinthe ou dans un chaos organisé, que dans une trame répétitive. Mais où se trouve alors le volume ? Le volume c’est l’œil du regardeur qui le définit. L’œil est accroché par les lignes de métal, les plans qui s’ouvrent sur d’autres surfaces et d’autres lignes-trajectoires. Ce sont ces espaces-plans, ces vides qui forment l’objet-sculpture et deviennent la solution-sculpturale. Je ne peux pas dire que ce soit là une invention de ma part mais seulement la pratique des préceptes du Cubisme, ou plutôt, ce que le Cubisme m’a suggéré. Dans la fin des années 80, ma rencontre avec l’écrivain d’art Bernard Lamarche-Vadel, m’avait conforté dans cette démarche, bien que je ne fasse pas encore de la sculpture à temps plein, seulement une pièce de temps en temps. « Tu es le seul artiste, m’avait-il dit, à réaliser de la sculpture à plat ». A cette époque, je peignais et dessinais des corps et des visages fortement structurés, je les présentais souvent accolés d’un panneau abstrait qui était sensé représenter la légende colorée et structurale du tableau, sortes de cartouches explicatives comme pour les cartes de géographie. Pour les sculptures, par contre, il n’y a pas d’explications suggérées. Le volume est évalué par le spectateur, chaque pièce est conçue avec un « donné à voir », à chacun, chacune de décider de l’interprétation, pas seulement anecdotique ou visuelle mais volumique, la masse d’acier ou d’air parcourant la sculpture ayant plusieurs pôles d’attraction, plusieurs perspectives visuelles. Revenons à l’essentiel de la sculpture, à savoir, le bloc, l’extension-modelée, les lisières du vides se construisant. Dès les débuts du Cubisme, les guitares de Picasso en métal ou carton avec leurs percées intérieures, annoncent ce processus de vide au sein des formes. Il déstructure pour établir une nouvelle architecture de l’objet qui lui donnera un nouvel esprit, une nouvelle réponse à sa forme connue. D’autres sculpteurs cubistes annoncent eux aussi cette démarche spatiale tel que Otto Gutfreund, Gargallo, Julio Gonzalez, sans oublier Tatline et Archipenko. Mais aussi Marcel Duchamp et son porte-bouteilles qui recèle de l’espace vide en tous points, l’objet et sa vertu de « ready-made » perd ou gagne de sa puissance évocatrice et sculpturale. Viendront ensuite s’y greffer le mouvement, la lumière et la couleur. Dans son « Manifeste du Futurisme », Boccioni écrit une phrase qui m’a intéressée car elle contient les deux pôles moteurs de mes sculptures. « Il faut proclamer à haute voix que dans lintersection des plans dun livre et les angles dune table, dans les lignes droites dune allumette, dans le châssis dune fenêtre, il y a bien plus de Vérité que dans tous les enchevêtrements de muscles, dans tous les seins et toutes les cuisses de héros et de Vénus qui enthousiasment lincurable sottise des sculpteurs contemporains. » Dans la première partie, il s’agit d’une nouvelle vision de l’art avec tout l’apprentissage du Cubisme et ensuite il parle de tous les « enchevêtrements de muscles » qui sont pour moi tout aussi importants, non pas à représenter de façon réalistes mais à imaginer comme source de mouvements et constructions internes du corps devenu une architecture de métal. La « Vérité », dont il parle, ne peut exister et les formes géométriques de plans d’angles et lignes, sont, tout comme les muscles des prétextes et des inspirations qui se matérialisent dans un ensemble de formes qui devient « autre » en une apparence volontairement humaine, en ce qui me concerne. La sculpture, c’est du dessin ! Avant de parler de sculpture, d’espace, de volume, de couleur, il y a le dessin. On peut le considérer comme l’action générique qui amène et matérialise toute forme d’art. Il est dans la tête le plan d’un parcours… Lorsque Ingres disait « le dessin est la probité de l’art », il balayait tout le pan de l’histoire de l’art jusqu’au XXème siècle, moment où apparut le « cubisme », déstructurant pour mieux bâtir, les charpentes de nouvelles compositions. J’ai été nourri par son esprit qui fut une quête essentielle pour comprendre les formes et même une technique efficace pour ausculter les corps humains. Dans ce dernier demi-siècle passé, la sculpture s’est développée en parallèle avec notre civilisation de consommation, prenant divers aspects bien souvent éloignés de la statuaire traditionnelle, jouant avec l’architecture et le design, le gigantisme, le théâtral et les images décoratives de notre temps. La culture industrielle est bien là, souvent au service d’une pensée dominante… Face à cette course aux anecdotes, aux technologies, à l’ornemental, aux remodelages des mouvements du passé, aux mythologies individuelles et aux spécialistes d’une seule idée, je me positionne comme un artiste généraliste. Mes sculptures humanoïdes ou architectures morphologiques, sont issues de mes travaux d’anatomies imaginaires entrepris dès 1966 : dessins et gravures sur radiographies, sous le vocable de « Psychophysiographie », sorte d’avatar scientifique exprimant par tous moyens graphiques, les relations entre le corps et l’esprit (1). 1 - Cette science de linexactitude et du simulacre anatomique, justifie son existence du fait de léloignement, des artistes, du corps humain à ce moment là, dans les années soixante, en tant que base de recherche fondamentale de lart, non seulement dans sa spiritualité mais dans sa physiologie. Elle est la matérialisation dune activité de recherches des relations entre le charnel et la raison, entre l’instinctif et le monde visible, avec toutes leurs perceptions et leurs sensations combinées. A SUIVRE …
Posted on: Sat, 16 Nov 2013 22:11:46 +0000

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