Pour sévader, pour le BRESIL avant les footballeurs, pour Bebel, - TopicsExpress



          

Pour sévader, pour le BRESIL avant les footballeurs, pour Bebel, pour Françoise Dorleac, divine soeur de la Deneuve, trop tôt disparue, pour sa simplicité dépaysante en ces temps moroses, pour le grand écran, pour sa numérisation et sa restauration (2013), pour proposer un film daventures et pour vous faire plaisir... MON CINé, dans ses choix très ouverts et, pour tous les goûts, vous propose ce mois-ci : LHOMME DE RIO de Philippe de Broca (1964) MARDI 3 DECEMBRE 2013 à 21H00 au cinéma LE CINQ CRITIQUE DE FILM Tintin au Brésil AVIS Ce qui frappe lorsque l’on voit L’Homme de Rio c’est à quel point le personnage de Belmondo court, il court toujours, il ne s’arrête jamais ! Il passe d’un lieu à un autre, il fout le bordel partout, il est continuellement poursuivi par tout le monde, on a l’impression de voir le descendant d’un humour français que l’on à connu lors du muet, notamment dans les films de ,l’un peu trop oublié, Jean Durand, ou des personnages couraient durant 10 mn, poursuivis par tout le monde et cassant tout sur leurs passages, ne s’arrêtant jamais, malgré les meubles, les tables et les pianos qui leurs tombaient sur la tronche. Et tout comme Durand influença le cinéma américain (Griffith lui même tourna un film dans l’esprit de ses comédies), on retrouve l’héritage du film de De Broca dans rien de moins qu’une saga réalisée par le plus grand cinéaste contemporain : la saga Indiana Jones de Steven Spielberg. Qu’il s’agisse de la relation entre Belmondo et un enfant durant une partie du film (faisant penser à Jones / Demi Lune), de l’histoire d’amour électrique et délirante entre les deux protagonistes, de l’attitude très détendue et têtue de Belmondo, ainsi que de la recherche d’objets d’arts anciens par des personnes les convoitant à tout prix, aux morceaux de bravoures en pays étrangers (la séquence délirante et très audacieuse ou Belmondo se balade dans les airs sur son avion faisant des pirouettes) aux expéditions en pleine nature pour réveiller un pouvoir ancien qui détruira les personnes qui l’utilisent, il semble impossible de ne pas penser à la saga de Spielberg. Mais il faut également souligner que De Broca s’est beaucoup inspiré de la bande dessinée (on pense notamment aux aventures de Tintin), référence également très présente dans le cinéma de Spielberg. Comme souvent chez De Broca c’est la femme (Francoise d’Orléac, délicieuse et excellente, qui forme un merveilleux duo avec Belmondo) qui fait pénétrer un homme dans une aventure délirante, lui faisant passer des épreuves qui lui feront prendre conscience de certaines choses. La fin illustre bien cela, lorsqu’un compagnon lui dit qu’il a traversé un long périple dans Paris pour venir jusqu’au train, Belmondo sourit, lui qui vient d’aller jusqu’à Rio pour une chevauchée fantastique ininterrompue. Les voies de l’imaginaire sont décidément impénétrable... Ainsi la dernière image montre le train partant au loin, avec un vieux bonhomme allant dans le sens inverse, encore une fois, une phrase nous vient en tête : « amuse toi ça empêche de mourir » (même si la on devrait remplacer le mot « amuse » par courir, car Belmondo a dû en baver !). Affiche LHomme De Rio Outre ses qualités intrinsèques, L’Homme De Rio est un indéniable jalon dans la représentation de Tintin au cinéma. Sans ce film de Philippe De Broca, Indiana Jones tel que nous le connaissons n’existerait peut être pas et les relations de Spielberg avec l’œuvre d’Hergé auraient été tout autre. En 1961, Philippe De Broca est contacté pour donner vie sur grand écran à un film live des aventures de Tintin. Ces dernières ont jusque là été adaptées pour le petit écran sous forme de séries plus ou moins animées ayant tout de même rencontrées un certain succès public malgré la qualité aléatoire de l’animation (et parfois quelques énormes malentendus comme la façon des américains d’évacuer tout rapport à l’alcool du capitaine Haddock !). Amateur du personnage d’Hergé, De Broca est très intéressé par le projet mais souhaiterait s’éloigner d’une adaptation littérale et surtout trouve ridicule l’idée d’un Tintin de chair et d’os. Pour lui, le meilleur compromis est de faire un film s’inspirant d’Hergé, une histoire originale dont les personnages et les péripéties retrouveraient des caractéristiques tintinesques sans pour autant coller à une représentation fidèle. De fait, Tintin Et Le Mystère De La Toison D’Or se fera sans lui. De Broca s’oriente alors vers une adaptation des Trois Mousquetaires, avec Jean-Paul Belmondo dans le rôle de d’Artagnan, qui deviendra Cartouche. C’est durant la promotion du film en Amérique du Sud que De Broca a l’idée d’un film d’aventures rocambolesques qui se dérouleraient à Rio et verraient Belmondo courir à en perdre haleine. Ne reste plus qu’à trouver après quoi il s’active et comment articuler le tout. Le scénario concocté par De Broca, Ariane Mnouchkine, Jean-Paul Rappeneau et Daniel Boulanger va donc s’évertuer à lui trouver un but et va surtout brasser de nombreux éléments issus des albums du jeune reporter belge. Ce ne seront pas que des références isolées puisque la dynamique des histoires d’Hergé sera convoquée. Ce qui fait justement dire à Philippe Lombard dans son essai Tintin, Hergé Et Le Cinéma que L’Homme De Rio est du Tintin sans Tintin. LHomme De Rio Jeune soldat, Adrien Dufourquet (Belmondo), profite de sa semaine de permission pour rejoindre à Paris sa fiancée Agnès (Françoise Dorléac) tandis qu’au même moment, une statuette maltèque est volée dans un musée. Cette dernière est l’un des trois statuettes que le professeur Catalan, en compagnie du père d’Agnès et d’un autre scientifique, avait rapprté d’un expédition en Amérique du Sud. Leur réunion permettant de déterminer l’emplacement d’un fabuleux trésor maltèque. C’est dans ce but précis que les voleurs kidnappent peu après leur forfait le professeur puis Agnès. N’écoutant que son courage, Adrien se lance à la poursuite des ravisseurs de sa belle, ce qui va propulser le couple au cœur de péripéties trépidantes au Brésil. Rapidement, on s’aperçoit que De Broca utilise le biais de ce film pour mettre en scène le projetTintin tel qu’il l’avait envisagé quelques années auparavant. Les références directes foisonnent, notamment dès le début du métrage, la statuette maltèque renvoie, par sa ressemblance et la façon dont elle est dérobée, au fétiche Arumbaya de L’Oreille Cassée, Dufourquet passant d’une fenêtre à l’autre d’un bâtiment rappelle la même action effectuée par le reporter dansTintin En Amérique, ou les parchemins découverts par Catalan dans les statuettes et dont la superposition devant une source lumineuse permettra de révéler les coordonnées conduisant au trésor n’est rien moins qu’un décalque du même type de résolution éprouvée par Tintin dans Le Secret de la Licorne. Aussi rythmé qu’un album d’Hergé, L’Homme De Rio fait également épouser aux personnages d’Adrien et d’Agnès une interaction comparable à celle qui anime Tintin et Haddock ou les Dupondt entre eux. Belmondo n’arrête pas de parcourir l’écran d’un coin à l’autre, à pied, à moto, en avion, suspendu au dessus du vide, à la nage, en voiture, et se montre toujours aussi impressionnant dans les cascades effectuées. On pourra s’amuser de voir quelques incongruités comme Dufourquet parvenant à prendre de la distance à la nage sur une vedette à moteur mais le film de De Broca fait preuve d’une belle énergie et synergie rendant sa composition au premier degré parfaitement réjouissante et accomplie. Outre Tintin, le réalisateur mêle à son cocktail exotique quelques mesures bondiesques tout aussi jouissives. A cette franche réussite, ajoutons la partition de Georges Delerue qui permet d’insérer dans un programme génialement désinvolte une certaine gravité. Il joue le jeu de la comédie, de l’action, du suspense, sans jamais verser dans la caricature. LHomme De Rio Pour reprendre les mots du journaliste Jean de Baroncelli parlant du film, au moment de sa sortie de l’époque, et notamment du héros interprété par Bébel, Dufourquet est un Tintin à qui la gouaille et l’insolence seraient venus en même temps que le poil au menton. On pourrait tout aussi bien réfracter cette réflexion envers Indiana Jones qui peut être considéré comme un Adrien Dufourquet à qui la maturité et la soif de connaissance seraient venus en même temps que la cicatrice sur le menton. L’Homme De Rio ne fut pas seulement un succès national, il eu également un certain retentissement aux Etats-Unis où le sénateur Robert Kennedy fut un enthousiasme supporter. Parmi les spectateurs figurait Steven Spielberg qui au moment de la mise en chantier, en 1977 en compagnie de George Lucas, des premières aventures de l’intrépide archéologue se rappellera du film de De Broca et le reverra plusieurs fois. Le cinéaste américain écrira même une lettre au réalisateur français pour lui expirmer sa passion et sa reconnaissance envers son film. Une référence qui devient évidente en revoyant L’Homme De Rio, la relation d’amour et de défiance mutuels entre Adrien et Agnès trouve ainsi un écho dans les rapports volcaniques entre Indy et Marion Ravenwood et la séquence où le professeur Catalan découvre l’emplacement du trésor maltèque grâce à un subtil jeu de réverbération de la lumière se voit magnifié dans Les Aventuriers De L’Arche Perdue lorsque Indy détermine l’emplacement du puits de âmes grâce à un médaillon reflétant la lumière sur une maquette (la conclusion de la scène quant à elle renvoyant au début du film de Spielberg). Surtout, les deux œuvres partagent une mécanique narrative semblable, les plages de calme où l’on s’entretient de la marche à suivre ou du décryptage des éléments trouvés relançant prepétuellement l’action. Exactement comme la manière d’Hergé d’imprimer ce rythme si particulier à ses albums et que Spielberg reprend avec faste et génie dans Le Secret De La Licorne (et que certains définiront par une frénésie éreintante). En s’inspirant de L’Homme De Rio pour son Indiana Jones, Spielberg faisait du Tintin sans Tintin sans le savoir. C’est d’ailleurs en 1981 à l’occasion de la promotion du film que l’américain apprendra l’existence du personnage dessiné belge qui revient dans toutes les bouches des journalistes européens. La boucle est bouclée puisque ensuite Spielberg puisera directement dans les albums de Tintin pour le reste de la saga de l’homme au fouet. Film quelque peu oublié désormais, L’Homme De Rio est non seulement un grand film d’aventures et la démonstration qu’une adaptation réussie de l’œuvre d’Hergé était possible. On peut garder un souvenir ému et attendrissant des deux films avec Jean-Pierre Talbot mais la houppette ne fait pas tout. L’HOMME DE RIO Réalisateur : Philippe De Broca Scénario : Philippe De Broca, Daniel Boulanger, Ariane Mnouchkine, Jean-Paul Rappeneau Production : Georges Dancigers & Alexandre Mnouchkine Photo : Edmond Séchan Montage : Françoise Javet Bande originale : Georges Delerue Origine : France Durée : 1h52 Pour sévader, pour le BRESIL avant les footballeurs, pour Bebel, pour Françoise Dorleac, divine soeur de la Deneuve, trop tôt disparue, pour sa simplicité dépaysante en ces temps moroses, pour le grand écran, pour sa numérisation et sa restauration (2013), pour proposer un film daventures et pour vous faire plaisir... MON CINé, dans ses choix très ouverts et, pour tous les goûts, vous propose ce mois-ci : LHOMME DE RIO de Philippe de Broca (1964) MARDI 3 DECEMBRE 2013 à 21H00 au cinéma LE CINQ
Posted on: Sat, 30 Nov 2013 17:57:56 +0000

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