REACTION DE L’EGLISE CATHOLIQUE SUR LE DEBAT REVISIONNISTE AU - TopicsExpress



          

REACTION DE L’EGLISE CATHOLIQUE SUR LE DEBAT REVISIONNISTE AU BENIN : LE SENS DU DEVOIR PATRIOTIQUE En cascade, la semaine écoulée a été riche en faits et gestes qui ont garni particulièrement l’actualité socio-politique dans notre pays, le Bénin. Primo, je veux citer la très médiatique réaction du clergé béninois à propos du sujet tout aussi passionnel de la révision de la constitution du 11 décembre 1990 que le régime en place essaie tant bien que mal de faire passer aussi bien dans l’opinion que dans les faits. Je voudrais m’appesantir sur cette intervention lourde de sens pour deux raisons. Tout d’abord, il faut dire que l’Eglise catholique représente quelque peu une caution morale de notre système politique actuel depuis 1990. Nul n’ignore en effet que Feu Mgr Isidore De Souza alors représentant son patron ecclésiastique Mgr Robert Sastre avait participé aux travaux de la Conférence Nationale des Forces Vives de Février 1990 en tant que membre de la société civile. Il sera d’ailleurs désigné président du présidium de ladite conférence. De vénérable mémoire, ce prélat d’une stature exceptionnelle a pesé de tout son poids sur les débats et moments forts de ces assises historiques qui ont scellé le sort de notre république et par-delà le Bénin sans doute le destin de tout un continent désormais engagé sur la voie de la démocratie pluraliste après les balbutiements d’après les indépendances. Homme immense aussi bien de par sa vocation pastorale et sa fibre patriotique aura largement influencé l’issue des débats et échanges acharnés contre le régime militaro-marxiste dirigé par l’énigmatique Mathieu Kérékou. Ce dernier lui a d’ailleurs rendu un vibrant hommage aussi bien de son vivant qu’à sa disparition en 1998. Mrg Isidore avait un tel rayonnement et une telle aura qu’il a su à lui seul incarner la sagesse sans laquelle la Conférence n’aurait pas eu le retentissement médiatico-diplomatique qui a été le sien. En cela, il faut l’avouer, Mgr Isidore De Souza a ouvert la voie à l’intervention des hommes de foi dans le champ politique jusqu’ici réservé aux civils de tous bords. Car il a su imposer sa marque avec finesse et doigté. Il a rempli tout l’espace que lui a donné la Providence dans l’histoire de son pays. Ainsi, a-t-il accepté de présider le Haut Conseil de la République (HCR), instance qui faisait office de parlement du pays au sortir de la Conférence Nationale des Forces Vives. Jusqu’à sa disparition inattendue en 1998, Mgr Isidore De Souza n’a cessé d’être consulté sur les questions d’ordre politique malgré ses propres réserves et malgré aussi l’indifférence que manifestait le régime Soglo à son égard. Ses propos pleins d’émotion par lesquels il exhortait les participants à la modération et l’évitement d’un bain de sang ont tellement marqué bien des générations que sa disparition a laissé tout le système démocratique béninois orphelin de celui qu’on considère à juste titre comme son véritable parrain. Je parie que bon nombre de Béninois, aussi bien ses contemporains que les innombrables jeunes gens qui sont nés après les années quatre-vingt-dix continuent de se sentir orphelins d’un homme dont l’ombre aura porté notre démocratie à son sommet de gloire, tellement son charisme aura été bénéfique à la république. Secundo, la présente constitution qui n’est qu’une synthèse des conclusions issues des assises de la Conférence Nationale des Forces Vives est aussi perçue comme un bébé de l’Eglise à travers la personne du Monseigneur Isidore De Souza à qui on attribue la paternité de ce forum hautement politique. De bout en bout, l’Eglise a pesé sur les débats devant aboutir à l’adoption par référendum de l’actuelle constitution. Le Président revenu au pouvoir en 1996 a collaboré étroitement avec elle sur tous les sujets sensibles d’ordre national. Mais, la mise en quarantaine dont elle a fait l’objet de la part du président Yayi depuis son accession au pouvoir en 2006 notamment sur des sujets aussi sensibles que la révision de la constitution, pierre angulaire de la nation ont érigé un mur entre les deux camps. Peu à peu, l’Eglise s’est employée à relever les incohérences du comportement du chef de l’Etat. Troisièmement, il faut dire que l’Eglise représente un pan important du système du pouvoir dans notre pays. En effet, elle brasse un taux assez important de citoyens et donc d’électeurs potentiels. Du fait des faits liés à l’histoire de la colonisation, l’Eglise a bénéficié d’un grand avantage concurrentiel sur les autres religions du pays. Elle a formé les très hauts dignitaires et cadres qui ont animé la vie administrative et politique du pays. Donc, normalement, elle est largement écoutée et estimée par les milieux les plus influents du pouvoir d’Etat. Décider d’ignorer cette institution dans la conduite d’un dossier aussi sensible au plan politique que la révision de la constitution ne peut que retourner l’Eglise contre le président Yayi. Et ce qui devrait arriver arriva. Ceci dit, analysons froidement cette intervention du clergé catholique sous l’angle de son importance au double plan sociopolitique et moral. D’un côté, il faut dire que du fait de son poids dans la société était attendue de tous les acteurs pour son intervention dans cette crise qui commençait à couver depuis un certain temps dans notre pays. C’est l’antichambre des grandes décisions politiques car en réalité, qui parmi nos éminents hommes politiques n’a pas pris langue avec l’Eglise en sourdine sur les grands dossiers sensibles de la nation ? L’église catholique : une force politique de fait L’Eglise catholique est probablement la seule institution religieuse au monde à avoir érigé un Etat de type de moderne, le Vatican situé sur le territoire italien. L’Eglise a des nonces qui ont rang d’ambassadeurs dans tous les pays du monde entier. Ainsi, elle est bien au parfum de toutes les décisions majeures que prend l’Etat et donne son avis. C’est un fait empirique et nul ne peut le contredire. Dans l’ordre des séquences qui se mettaient en place dans la saga de la révision de la constitution, le camp du président Yayi partait déjà trop fort dans le rapport de force qui l’oppose avec ses concurrents politiques. A l’allure où se déroulait ce feuilleton de tensions socio-politiques notamment au regard des dernières nominations au gouvernement, tout portait à croire que le peuple frôlerait la catastrophe dans les jours à venir. C’est en cela que l’intervention de l’Eglise, catholique qui avait maille à pâtir avec le gouvernement sur bien d’autres sujets, était bien opportune. En effet, le président qui nous a habitués à ses élans trop paternalistes sur l’ensemble de ses collaborateurs s’est encore illustré par deux actes non moins humiliants pour notre pays. D’abord, il nomme des gens apparemment sans un palmarès impressionnant dans leurs domaines respectifs ; ce qui fait d’eux des gens taillables à merci face à un président passé maître dans l’art d’embarrasser ses ministres. Puis, il se permet de leur donner des sommations humiliantes face au micro lors de la photo de famille ayant marqué le premier conseil des ministres de son deuxième gouvernement. Il aurait dit à l’endroit des nouveaux treize ministres nommés : « si vous ne pouvez suivre mon rythme de travail, vous pouvez alors démissionner ». C’est un grave manque de respect pour des cadres nommés à ces hautes charges républicaines. Un ministre est un haut commis de l’Etat et en tant que tel, on lui doit un minimum de respect. De plus, si un chef prend du plaisir à humilier ses plus proches collaborateurs devant la télé comme cela, comment peut-il protéger son propre pouvoir et son autorité alors ? Réfréner l’élan dictatorial de Yayi Il fallait donc freiner l’élan dictatorial du président dans sa fougue révisionniste. Et en cela, l’Eglise catholique rend un bien précieux service à la république. Ce message sans équivoque vient donner de l’ampleur à la série d’initiatives patriotiques qu’entreprennent déjà des acteurs avertis de la vie politique et de la société civile. Le Mercredi Rouge mené de main de maître par l’ancien ministre Gaston Zossou et l’avocat Joseph Djogbénou ainsi que l’entrée en scène du PRD par son acte de refus catégorique à une éventuelle entrée au gouvernement Yayi sans oublier la constituent bien des séquences heureuses et porteuses d’espoir pour le peuple. On doit aussi relever le geste du Front Citoyen pour les acquis démocratiques d’Antoine Détchénou. Pourvu que toutes ces initiatives fassent entendre raison à ceux qui rêvent encore de mener notre peuple en bateau. Même Blaise Compaoré qui cherchait à avancer manu militari vers une nouvelle république au Burkina a su rengainer un peu face à la furia de son peuple. La sagesse n’est pas un anathème du peuple béninois. Ne dit-on souvent pas que c’est le pouvoir qui arrête le pouvoir ? Prions et prions encore, chers amis. Dieu nous garde et nous sauve !
Posted on: Sun, 18 Aug 2013 02:20:00 +0000

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