Rwanda - RDC : ennemis intimes Pomme de discorde entre la RDC - TopicsExpress



          

Rwanda - RDC : ennemis intimes Pomme de discorde entre la RDC de Kabila et le Rwanda de Kagamé, les rebelles du Mouvement du 23-Mars ont finalement concédé une défaite historique. Mais la méfiance entre les deux voisins reste tenace. On raconte quau XVe siècle les habitants du royaume du Rwanda fuirent leur pays devant lavancée des Bunyoro, des envahisseurs venus du Nord, pour se réfugier chez les Bashi, de lautre côté du lac Kivu, dans lactuelle RD Congo. Initialement bonne, la cohabitation entre les deux peuples se dégrada progressivement, jusquà ce quun contentieux pousse les Banyarwanda à partir reconquérir leurs terres... Depuis, le Rwanda a bien changé. Fort de ses 11 millions dhabitants, le pays est dirigé avec poigne depuis Kigali, petite capitale propre, sécurisée et ordonnée, posée sur les collines où fleurissent des immeubles de verre. Les Bashi (dont est issu Vital Kamerhe, lopposant et ancien président de lAssemblée nationale congolaise) font quant à eux partie de la mosaïque des 67 millions dhabitants quest devenue limmense RD Congo, avec pour mégalopole Kinshasa, joyeusement désorganisée, tentaculaire et frondeuse. Les préjugés opposent Congolais et Rwandais LHistoire continue de lier Congolais et Rwandais. Celle-ci est traversée déchanges, sous les auspices dun même colonisateur belge, de migrations, mais aussi dingérences et dhumiliations. Aussi la méfiance, les préjugés et parfois le mépris opposent-ils les deux nations. Il nest pas rare dentendre à Kigali que les Congolais sont paresseux ou, de lautre coté de la frontière, que les Rwandais (terme qui désigne le plus souvent les Tutsis) sont menteurs. Nombre dentre eux, dont la famille avait fui les pogroms des régimes hutus successifs, ont pourtant grandi au Zaïre, avant de revenir, après le génocide de 1994. À lintersection de ces deux mondes : le Nord-Kivu, province de lest du Congo, riche en minerais et en armes de guerre. Refuge dune importante minorité rwandophone, en proie à linstabilité depuis près de vingt ans, cette zone cristallise les phobies nationales. Côté congolais, où lon a dû se battre dès lindépendance contre le séparatisme, on redoute une balkanisation du pays qui verrait une rébellion lamputer dune partie de son territoire. En créant en 2012 le Mouvement du 23-Mars (M23), énième rébellion issue de la communauté rwandophone, les officiers mutins du Nord-Kivu voulaient dénoncer le non-respect des engagements du gouvernement central. Sans doute ressentaient-ils également un sentiment de trahison après avoir tant fait dans leur province pour la réélection du président Joseph Kabila, lors du scrutin contesté de 2011. Mais dans les rues de Kinshasa, la thèse du mouvement sécessionniste téléguidé par Kigali (voire avec lassentiment de... Kabila !) la immédiatement emporté. Nul na oublié que le Rwanda avait porté Laurent-Désiré Kabila au pouvoir face à Mobutu, en 1997, pour ne quitter le pays que des années plus tard. À lépoque, le mentor de Joseph Kabila nétait autre que le Rwandais James Kabarebe, actuel ministre de la Défense à Kigali. La question sécuritaire est devenue une obsession Les nostalgiques du Grand Rwanda ne manquent pas sur la rive ouest du lac Kivu. Je ne suis pas le seul à le penser : certains territoires du Congo devraient nous appartenir, lâche Thomas, attablé dans un restaurant de Kigali. Les lieux portent des noms rwandais, et avant la colonisation ils étaient sous lautorité du mwami [le roi]. Les richesses minières du Nord-Kivu sont convoitées par tous. Mais à Kigali, où règne depuis 1994 un gouvernement issu de lancienne rébellion tutsie du Front patriotique rwandais (FPR), dont bien des membres ont perdu leur famille dans le génocide, la question sécuritaire est devenue une obsession. Lui-même arrivé au pouvoir par les armes à partir de lOuganda, le FPR du président Paul Kagamé sait trop bien ce que des rebelles peuvent faire dès lors quils disposent de bases arrière et de soutien dun pays voisin. Or les Hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda sont toujours présents dans lest du Congo. Bien quaffaiblis, ils sont parvenus en décembre 2012 à lancer de nouvelles attaques sur le sol rwandais. La menace deviendrait plus sérieuse en cas dalliance avec les dissidents du régime en exil, parmi lesquels se trouvent quelques militaires expérimentés et de riches hommes daffaires. >> Lire linterview de Olivier Nduhungirehe : La RDC et la Monusco nont plus dexcuses pour ne pas neutraliser les FDLR Pour Kigali, le but est déviter davoir à affronter ses ennemis sur son sol, à la manière de son allié israélien, autre nation victime dun holocauste et adepte des frappes préventives. Au-delà de la sympathie du gouvernement rwandais à légard du M23, ce dernier lui servait aussi de bouclier le long de la frontière. En dépit des accusations des experts de lONU, de gouvernements occidentaux et dONG comme Human Rights Watch (la bête noire de Kigali tout au long de cette crise), le Rwanda a toujours nié fournir des hommes et des armes aux rebelles. À lévidence, ces dernières semaines, Kigali na pas soutenu un M23 aux abois, comme en convient HRW. La pression inédite exercée par Washington en est lune des explications. Le 25 octobre, le Rwanda a menacé dintervenir si son territoire était à nouveau visé par des tirs dobus venant du Congo, rappelle Ida Sawyer, une enquêtrice de lONG. Dans la soirée, John Kerry [le secrétaire dÉtat américain] et William Hague [le ministre britannique des Affaires étrangères] ont tous deux appelé Paul Kagamé pour lavertir : Attention, il y a une ligne blanche à ne pas dépasser. La nécessité dune solution politique Dès lors, Kigali na plus levé le petit doigt pour défendre les rebelles. Ainsi, au matin du 29 octobre, alors que le M23 perdait ses dernières batailles, Paul Kagamé préférait deviser sur lintérêt des nouvelles technologies devant six chefs dÉtat quil avait invités. Au même moment, à Kinshasa, cétait le soulagement. La capitale congolaise na pas connu les mêmes souffrances que Goma, brièvement occupée par le M23 en novembre puis victime de tirs dobus. Mais cela ne lempêche pas de manifester sa solidarité : messages de soutien à la télévision et affiches sur les bâtiments publics dans lest du pays. De crainte dêtre pris pour cibles, les Tutsis de la capitale se terrent. En dépit de leurs turpitudes, les soldats des Forces armées de la RD Congo (FARDC), kalachnikov en bandoulière, font lobjet dun rare consensus. Cette campagne victorieuse aurait été bien moins aisée sans lappui des brigades dintervention des Casques bleus de la Monusco, ces unités malawites, sud-africaines et tanzaniennes venues en renfort des forces congolaises. Kinshasa ne sy est pas trompé : le président sud-africain Jacob Zuma, venu opportunément en visite dÉtat du 28 au 30 octobre, a eu droit à une standing ovation des parlementaires congolais au Palais du peuple. >> Lire aussi : Sultani Makenga, chef militaire du M23, serait détenu en Ouganda >> Après sa défaite militaire, le M23 se scinde en deux branches distinctes Pour autant, les Kinois nont pas basculé dans la liesse et certainement pas dans la gratitude envers Joseph Kabila. Toujours aussi réservé, ce dernier sest gardé de tout triomphalisme, insistant sur la nécessité dune solution politique. Une hypothétique réconciliation avec le Rwanda dépendra beaucoup du sort réservé par Kinshasa et la Monusco aux rebelles hutus des FLDR qui se trouvent sur son sol et dont Kigali attend avec impatience la mise hors détat de nuire. Joseph Kabila devra aussi composer avec lopinion. Le patriotisme de ce président qui vient de remporter sa première vraie victoire militaire depuis son arrivée au pouvoir reste sujet à caution pour bien des Congolais, qui le soupçonnent toujours de complicité avec lennemi rwandais.
Posted on: Mon, 18 Nov 2013 14:49:32 +0000

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