République Démocratique du Congo: Alternance politique et - TopicsExpress



          

République Démocratique du Congo: Alternance politique et démocratie Dans le contexte politico-historique où se trouve la RDC aujourd’hui, il ne nous semble pas très sûr que l’alternance politique conduise nécessairement à l’épanouissement d’un pouvoir démocratique. Les vendeurs d’illusions essaient de nous faire croire en cela. Nous devrions, avant de souscrire à leur point de vue, examiner l’histoire et les faits politiques et géoéconomiques. Plusieurs compatriotes luttant contre la révision de l’article 220 de la constitution régissant notre pays (sous tutelle et sous occupation) estiment que l’éviter permettrait une alternance du pouvoir à même de rendre la RDC plus démocratique. Cette hypothèse mérite d’être discutée. Souhaiter que Joseph Kabila ne puisse pas se représenter pour un troisième mandat à « la présidence de la République » et croire que cela entraînerait ipso facto une alternance démocratique du pouvoir ne nous semble pas convaincant. Pour cause. Historiquement, après l’assassinat de Lumumba en 1961, le pouvoir politique au Congo a été confisqué par le cercle de ses assassins et leurs alliés. Depuis lors, ils ont fait jouer à leurs « nègres de service » des rôles leur facilitant la mainmise sur le cœur de l’Afrique. Ces « nègres de service » sont interchangeables. Depuis plus de deux décennies, ils ont facilité la mise de notre pays sous tutelle et sous occupation en donnant à nos populations l’illusion d’être engagées dans un processus politique et démocratique digne de ce nom. En publiant son dernier livre, le journaliste d’investigation franco-camerounais, Charles Onana, est venu, avec des documents à l’appui[1], lever un coin de voile sous lequel se cachait « une mafia internationale » et un réseau transnational de prédation ayant orchestré le marionnettisme dans la sous-région des Grands Lacs Africains pour servir leurs intérêts platement néolibéraux. Bien avant ce livre de Charles Onana (et bien d’autres), un groupe de compatriotes dénommé Justice et Libération avait pu se livrer à une étude minutieuse, sur terrain, de différents acteurs, membres de ce réseau transnational de prédation opérant dans notre pays pour comprendre pourquoi et comment les droits de l’homme pouvaient y être violés impunément[2] et en permanence depuis la guerre dite de « libération » sans que la communauté internationale s’en émeuve ? Le Groupe Justice et Libération en était arrivé à se rendre compte du poids des alliés majeurs et de leur capacité nocive d’instrumentaliser les alliés mineurs (« nègres de service »). Il est quand même curieux que la marche politique (ou post-politique) de notre pays intègre difficilement les résultats de la recherche de ses dignes filles et fils et de leurs amis. Le plus curieux est que les réponses à certaines questions d’actualité allant dans le sens des résultats de ces recherches n’arrivent pas à pousser certains « acteurs politiques » (ou ce qui nous en reste) au pays à changer leur fusil d’épaule. Prenons un exemple récent. Dans une interview accordée le 09 juillet à la RFI, un ex-responsable des services de renseignement rwandais, M. Karegeya, a confirmé un secret de polichinelle :Bosco Ntaganda (comme Laurent Nkunda) est un rwandais formé au Rwanda dans l’APR et envoyé au Congo par Paul Kagame. Karegeya a aussi confirmé le fait que le RCD et le M23 sont les créations de Paul Kagame et qu’il n’était pas impossible qu’un M27 naisse demain. Curieusement, notre classe politique (ou ce qui en reste) n’a livré aucun commentaire sur « ces révélations » et leurs implications. Sous des cieux politiques sérieux, ceux qui nous ont « vendu » Bosco Ntaganda comme un soldat congolais indispensable au retour de la paix à l’est de notre pays auraient pu être appelés à rendre compte de leur mensonge. Et le processus de (fausse) démocratisation qui nous a « vendu » un autre soldat de l’APR, Joseph Kabila, comme candidat du peuple congolais aux élections de 2006, devrait être récusé. Malheureusement, tous ces éléments historiques et géoéconomiques ne semblent pas être assumés dans une réflexion de fond pouvant conduire à la refondation d’un Etat sain au Congo. Tout est fait pour que ces éléments soient étouffés et que l’histoire de la RDC continue son petit bonhomme de chemin comme s’il n’y avait rien à voir ! C’est dans ce contexte de flou, de mensonge et de manipulation historico-politiques que les questions de la révision constitutionnelle et de l’alternance politique viennent se poser. Explicitons. Depuis « la guerre de libération » menée par les alliés mineurs (le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi) des alliés pléniers (les élites anglo-saxonnes dominantes et « leurs amis »), plusieurs militaires de l’APR/FPR ont infiltré l’armée congolaise et certaines institutions du pays. Les partis politiques créés par les alliés mineurs ont vu leurs membres s’installer sur le territoire congolais et au Parlement fantoche. Certaines entreprises de l’Etat (manqué) congolais sont gérées par les créatures de ce réseau transnational de prédation. Comment, dans ce contexte, croire à une alternance démocratique du pouvoir ? Si les vendeurs d’illusions la trouvent possible en poursuivant un processus post-politique biaisé dès le départ, nous nous n’y croyons pas. Sans la création des lieux de la Résistance et de la pensée où toutes ces questions peuvent être débattues sans tabou et des propositions faites pour une réappropriation de l’histoire du Congo par ses dignes filles et fils, nous ne croirons pas dans un miracle de l’alternance politique. C’est à ces lieux qu’il appartiendra de répondre en permanence à la question récurrente de « que faire ». Des propositions de réponses d’un individu resteront toujours insuffisantes et critiquables. Aussi qui dit alternance de pouvoir ne dit pas nécessairement démocratie ! La démocratie suppose une participation active du peuple à la délibération sur des questions engageant le destin collectif. Une participation d’un peuple éduqué, formé et informé. Elle ne se limite pas au dépôt d’un bulletin dans l’urne. Le suffrage universel ne peut plus être considéré aujourd’hui comme un élément suffisant de la légitimité politique en démocratie. Cela, même si le pouvoir représentatif se donne comme mot d’ordre « le peuple d’abord ». A notre avis, le véritable mot d’ordre devrait être « avec et pour le peuple d’abord ». Cela impliquerait que le peuple soit associé à toutes les étapes de la conception, de la conceptualisation et de l’exercice du pouvoir et que le pouvoir représentatif reste en permanence à l’écoute de la rue. Oui. La rue est en train de devenir une donne politique incontournable de l’exercice du pouvoir participatif (avec et pour le peuple). En Egypte, Morsi, élu au suffrage universel, voit son pouvoir contesté par une rue occupée par plus d’égyptiens que ses électeurs. Au Brésil, Dilma Rousseff, élu au suffrage universel, doit répondre aux appels permanents de la rue lui demandant de ne pas privilégier le football en négligeant les droits sociaux, économiques et culturels. Oui. Qui dit alternance du pouvoir ne dit pas nécessairement démocratie. François Hollande à succédé à Nicolas Sarkozy en France., ce n’est pas pour autant que la France a rompu avec « la démocratie du marché économico-financier » gérée par les oligarchies d’argent[3] sans mandat populaire. Il en va de même des USA. Après Bush Jr, Barack Obama n’a pas sorti les USA de leur statut d’Etat manqué[4] luttant contre la démocratie. Les rares pays ayant réussi, un tout petit peu, à associer leurs peuples à la gestion du pouvoir et à une alternance populaire sont ceux de l’Amérique Latine. La Bolivie, le Venezuela, l’Equateur, le Cuba et les autres pays de la CELAC et de l’ALBA sont très avancés sur les questions liées à l’alternance populaire. Ils devraient, tant soit peu, servir de référence pour le Congo de demain.
Posted on: Fri, 19 Jul 2013 21:06:56 +0000

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