SOUVIENS-TOI MAMADOU DIA, un regretté politique Qu’on l’aime - TopicsExpress



          

SOUVIENS-TOI MAMADOU DIA, un regretté politique Qu’on l’aime ou pas, l’histoire de Mamadou Dia restera à jamais gravée dans la mémoire des dignes Sénégalais et des hommes habités d’un esprit de liberté. La vérité est dure comme du piment, disent les Wolofs. Il faut à l’homme une raison autre que sentimentale mais un bon sens aigu et réaliste pour comprendre le jeu du destin. Né à Khomboleun certain 18 juillet 1911, Mamadou Dia est le fils d’un Torodo du Fouta d’origine de Kanel-Samba Dia, cheminot devenu policier à Khombole- et d’une dame sérère native du Baol. Très tôt, ses parents l’initièrent aux enseignements coraniques et l’inscrivirent plus tard à l’Ecole Régionale de Diourbel. A la mort de son père, il partit à Saint-Louis poursuivre ses études à l’Ecole primaire supérieure Blanchot en 1924 tout en se rendant au daara islamique. Quelques années s’achevèrent, le « Grand Mawdo » réussit avec brio le concours d’entrée à l’Ecole normale William Ponty de Gorée (Ecole normale fédérale de l’A.O.F.). Ayant admis à son examen final, le jeune Khombolois sortit major de sa promotion et devint instituteur affecté à Saint-Louis puis à Fissel. C’est en 1946 qu’il fut son entrée en politique avec le soutien des Fatickois etdes ses amis tels que Abdoulaye Sadji, JojephMbaye, Ousmane SocéDiop qu’il rencontrât à Blanchot. Toutefois, il faut reconnaître que c’est le poète sénégalais Léopold Sédar Senghor et l’historien Ibrahima Seydou Ndao qui le parrainèrent jusqu’à son élection comme conseiller régional. Ces derniers voyaient en lui un intellectuel perspicace sans moindre indulgence. Eternel contestataire, il s’allia à Senghor pour s’opposer au chef de la Section française de l’internationale ouvrière (S.F.I.O.), Maître Lamine Gueye. Ensemble, ils créèrent le Bloc démocratique sénégalais (B.D.S.) en 1948 à Thiès, leur région natale. Ce BDS fut devenu le Bloc populaire sénégalais qui finit par être l’Union progressiste sénégalaise (U.P.S.) qu’ils partagèrent désormais avec le député Lamine Gueye. De 1949 à 1955, Mamadou Dia fut élu sénateur du Sénégal à Paris et, en 1956, il devint député avec son ami Senghor à l’Assemblée nationale française siégeant au sein des Indépendants d’Outre-mer (I.O.M.). En France, Dia profita de son mandat parlementaire pour poursuivre ses études supérieures en géographie, en droit et, notamment, en sciences économiques. Mamadou Dia a été nommé Chef du Gouvernement Autonome du Sénégal suite aux élections de 1957 prévues par la Loi cadre-Deferre en 1956. Lors de son magistère, c’est lui qui s’était opposé à la position jugé machiavélique de Modibo Kéita qui voulait prendre le contrôle de la Fédération du Mali. Selon son ami Mansour Bouna Ndiaye, auteur du livre Le prince qui croyait à la démocratie, c’est Mamadou Dia lui-même qui a signé l’indépendance du Sénégal à la nuit du 20 au 21 Août 1960 imposant du coup l’état d’urgence. A cause de ses idées nationalistes, le premier Président de la République sénégalaise, Léopold Sédar Senghor, eut des réticences dans le modèle de gouvernance du Khombolois. Dia élabora le Premier Plan de Développement économique du pays qui remettait en cause les Sociétés Indigènes de Prévoyance (SIP) qui, selon lui, « en écartant les intéressés eux-mêmes de la gestion de leurs propres affaires leur enlevaient la possibilité d’acquérir l’expérience nécessaire au progrès humain, au mépris le plus complet de toute œuvre d’éducation ». Son Plan de développement heurtait non seulement les intérêts des Maisons de commerce européennes traditionnelles mais aussi ceux des chefs religieux appelés « grands laboureurs », des commerçants de détail et de demi gros dans l’approvisionnement du monde rural de marchandises de première nécessité. En plus de sa feuille controversée, il émit un programme d’austérité en réduisant le salaire des députés et refusant l’augmentation des rémunérations des fonctionnaires. Selon PAGE 18 certaines sources, « de riches commerçants français et sénégalais avaient déposé des mallettes remplies de billets de banque dans les bureaux des parlementaires afin qu’ils votassent une motion de censure contre Dia et son gouvernement ».Pour d’autres, « Senghor avait profité du voyage de son Premier ministre hors du pays pour convaincre les députés de voter un projet de loi dans le but de hausser leurs salaires ». D’après Ibrahima Sène du P.I.T., « Senghor venait de confectionner un piège à Dia, dans lequel il est tombé tête baissée, en exigeant dès son retour au pays, de l’Assemblée nationale de revenir sur sa décision pour permettre au Bureau politique de leur Parti d’examiner la question ». Malheureusement, les députés pro-Senghor à l’instar de MagatteLô, Théophile James avaient déjà rédigé la fameuse motion de Censure. Mamadou Dia fut informé du piège et convoqua ses frères de parti pour leur dissuader d’attendre la réunion du Conseil national du Parti. « C’est le Parti qui m’avait investi. Donc, il lui incombait de trancher », dira-t-il dans un entretien à Rfi. Le 17 décembre 1962, lorsque les députés anti-diaistes tentaient de voter la motion de censure, le Président du Conseil ordonna à la Gendarmerie républicaine de bloquer le portail du palais de l’Assemblée nationale. En même temps, quatre représentants du peuple furent arrêtés. Pour Jean Colin, ex-collaborateur de Dia à son siège sis à la Madina devenu Maison de la Culture Douta Seck, « Mamadou Dia avait commis l’une des plus grosses maladresses de son parcours politique ». Malgré la perturbation de la séance extraordinaire, la loi fut votée à la maison du Président de l’Assemblée nationale Lamine Gueye. Le lendemain, après une rude conquête de l’appareil médiatique, le poète-Président parvint à s’adresser au peuple pour lui parler de la « tentative de coup d’Etat ». Selon le journaliste-philosophe Pape SadioThiam dans son essai La presse sénégalaise face aux politiques : Le dangereux Mythe de l’Objectivité, « SENGHOR n’aurait jamais pu « écraser » si facilement son adversaire s’il n’avait pas remporté la bataille d’opinion assurée par les médias » page 47. Le 18 décembre 1962, l’enfant de Khombole fut arrêté avec quatre de ses compagnons : ValdiodioNdiaye, Joseph Ndiaye, Ibrahima Sarr et AliouTall pour « violation de la Constitution ». En mars 1963, le Père de la Nation fit voter un référendum pour supprimer le poste de Premier ministre et imposa le régime présidentiel. « Le bicéphalisme ne convient pas à une Nation démocratique. Le régime présidentiel est le seul régime viable », déclarait Senghor. Du 9 au 13 mai 1963, Dia et ses frères furent traduits à la Haute Cour de Justice puis condamnés à perpétuité au centre pénitentiaire de Kédougou dans des conditions alarmantes. Leurs avocats, Mes Abdoulaye Wade et Robert Badinter ne purent rien contre leur retraite politique. Quelques années plus tard, de grandes personnalités de la Communauté internationale à l’image du philosophe français Jean-Paul Sartre, le Pape Jean XXIII demandèrent à l’Humaniste du Sénégal de libérer le prisonnier politique. Même son ami martiniquais Aimé Césaire avait signé la requête (source : le film documentaire de la réalisatrice Eugène Palcy sur les derniers moments de rencontre entre Césaire et Senghor). En mars 1974, le Président de la République gracia l’ancien Président du Conseil et l’amnistia. A la question d’un journaliste français : -« M. le Président, vous et M. Mamadou Dia, vous formiez une équipe attachante parce que se complétait. Est-ce que cette rupture, vous ne la regrettez pas ? Senghor répondit : -« C’est moi qui ai découvert Mamadou Dia et l’ai poussé à franchir les étapes de la carrière politique. Je regrette fort cette rupture ». Par Mour SEYE
Posted on: Sat, 20 Jul 2013 15:31:57 +0000

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