Salam ‘alaykum, Ce soir, je voudrais évoquer la première - TopicsExpress



          

Salam ‘alaykum, Ce soir, je voudrais évoquer la première fitna que les musulmans ont connu, celle du premier meurtre d’un musulman par d’autres musulmans. Et ce ne fut pas n’importe qui… Je vais vous parler des derniers moments de ‘Uthmân ibn ‘Affân, le noble compagnon du Prophète, son ami, son gendre, son compagnon du Paradis. Cette histoire contient nombre de leçons, de morale, d’enseignements, de tristesse aussi… À son habitude, ‘Uthmân fit ses ablutions et alla dormir quelques heures pour pouvoir prier dans la seconde partie de la nuit. L’homme était fatigué, car la journée avait été éprouvante. Cela faisait quarante jours que la rébellion avait commencé, quarante jours durant lesquels le noble calife était assiégé dans sa propre demeure car les rebelles l’avaient encerclée… quarante jours durant lesquels il ne reçut ni eau ni nourriture… Au lieu de se rebeller et d’affronter ses opposants, ‘Uthmân préféra jeûner en se disant : qui d’autre que Dieu pourrait m’aider à me sortir de cette situation si difficile ? À qui m’en remettre si ce n’est à Celui qui veille constamment et qui accueille les actes de chacun ? Oui, ‘Uthmân était soucieux... Il avait tout fait pour tenter de calmer la situation, il avait accepté de parlementer, il avait promis des changements, mais les véritables intentions de ces quelques hommes n’étaient pas des plus nobles. Le juif ‘Abdallâh ibn Sabâ’ avait certes réussi à semer la division dans la communauté musulmane grandissante. Et les gens profitaient de la gentillesse, de la bonté et de la pudeur du vieil homme. Que n’avait-il fait que ‘Umar lui-même avait fait ? Rien… Et il était là, à subir un embargo injuste et indigne… Mais, comme à son habitude, notre homme s’en remettait à Dieu, le Meilleur garant… C’est sur cette pensée que le vieil homme de 82 ans s’endormit, usé par la fatigue, le jeûne, et les soucis… Il avait tant besoin de réconfort… Un réconfort qui vint de la meilleure des manières… La veille de son quarantième jour de siège, de jeûne et de privation, alors qu’il dormait profondément, ‘Uthmân vit le Prophète (pbsl) dans un rêve, sans doute le plus beau rêve de sa vie. Ce dernier lui dit : « Ô ‘Uthmân, viens rompre ton jeûne avec nous demain ! » À son réveil, ‘Uthmân comprit… Alors il se leva et pria le reste de la nuit, comme à son habitude, mais avec une ferveur particulière… Quand son épouse Nayla se réveilla, elle regarda son époux et vit combien il était rayonnant. Dieu, comme cela faisait longtemps qu’elle ne l’avait pas vu sourire ainsi. Comme son époux semblait heureux, malgré la situation critique dans laquelle il était. Elle ne comprit pas immédiatement… Puis ‘Uthmân alla à la porte voir les gardes qui restaient là nuit et jour. Il trouva Hasan et Husayn, Abû Hurayra, ‘Abdallâh ibn Zubayr, Muhammad ibn Talha et quelques autres Compagnons. Il les salua et leur demanda de partir, mais les nobles compagnons refusèrent. Ils étaient prêts à défendre leur calife, au prix de leur vie. ‘Uthmân cependant ne voulait rien de cela. Il leur dit alors : – Je vous le demande, posez vos armes, et ne vous battez pas, vous m’apporterez ainsi le meilleur soutien. Je vous supplie de m’écouter ! Ne versez pas de sang à cause de moi ! Puis il entendit un grand brouhaha : il vit alors des Médinois en train de repousser des rebelles qui tentaient de s’introduire. ‘Uthmân était si triste de voir la situation ainsi dégénérer. Il rentra chez lui et se mit à son balcon pour parler aux rebelles : – Ô gens, leur dit-il. Ne me tuez pas, car, par Dieu, si vous le faites, plus jamais vous n’éprouverez d’affection les uns pour les autres, et vous ne prierez plus jamais en commun ! La situation s’étant quelque peu calmée, il décida de rentrer chez lui… Comme il avait peur que les musulmans se divisent… Il était prêt à mourir pour qu’une telle chose n’arrive pas… Un peu triste de ce qu’il venait de voir, mais l’âme apaisée, il vaqua à quelques occupations de son quotidien, puis dans l’après-midi, il se leva, alla chercher de l’eau et fit ses ablutions avec soin. Puis il prit son Coran, l’exemplaire qu’il avait lui-même compilé, et se mit à le lire dans l’intimité… Il n’y avait alors que lui et Dieu… quand soudain il vit un homme escalader le mur arrière de la maison. Au lieu de se sauver ou d’aller chercher son arme, ‘Uthmân ne pensa qu’à une chose : réajuster son pantalon qu’il avait retroussé pour faire ses ablutions. Car notre noble compagnon était d’une telle pudeur qu’il refusait que quiconque voie de lui des parties de son corps que le commun des mortels n’aurait aucune gêne à montrer. Oui, notre homme était d’une pudeur telle que le Prophète lui-même avait dit : « Comment ne pas être pudique face à un homme devant lequel même les anges éprouvent de la pudeur ? » L’homme arriva face à lui et lui saisit la barbe… ‘Uthmân le regarda et le reconnut aussitôt. C’était Muhammad, le fils d’Abû Bakr ! Que faisait-il ici, parmi les rebelles ? Au lieu de se défendre ou de s’énerver, ‘Uthmân lui dit alors avec calme et sagesse : « Mon neveu, lâche cette barbe ! Par Dieu, ton père, lui, la respectait. Et s’il te voyait agir ainsi, il aurait honte pour toi ! » En entendant ces mots, Muhammad ibn Abû Bakr se sentit pris de vertiges… Il se rappela soudain qu’il s’attaquait à un Compagnon du Prophète, à un homme que son père et le Prophète aimaient affectueusement. Horrifié par ce qu’il venait de faire, Muhammad ibn Abû Bakr prit la fuite, refusant de participer à l’horreur qui allait suivre. Il retourna devant la maison et se mit aussitôt aux côtés des Compagnons qui défendaient le calife. Mais les rebelles avaient de nombreux autres hommes, deux d’entre eux escaladèrent ainsi le mur arrière de la maison et s’introduisirent dans la pièce où ‘Uthmân se trouvait. Lui avait repris sa lecture et était si concentré qu’il ne les avait même pas entendus arriver. Et même lorsqu’il les vit, il continua à lire, imperturbable, comme s’il était déjà ailleurs. Un homme s’approcha alors et voulut le poignarder mais le coup atteignit la main de ‘Uthmân. Au lieu de crier à l’aide ou de se défendre, il dit : « Comment pouvez-vous vous attaquer à cette main ? Par Dieu elle est la première main à avoir retranscrit les versets du Coran ! » Mais cela n’amadoua pas les rebelles qui étaient déterminés à tuer ‘Uthmân. Un des rebelles lui asséna alors un coup à la tête si violent que cela fit jaillir le sang de cette chevelure blanchie par l’âge… Le sang gicla et coula sur le Coran que ‘Uthmân lisait quelques minutes plus tôt. Dès qu’il vit le sang couler sur le Livre, il le ferma aussitôt de peur d’effacer des versets et il le pressa contre sa poitrine. Nayla, son épouse, arriva alors, alertée par le vacarme et l’acharnement des rebelles. La pauvre femme tenta de s’interposer entre eux et son époux, le protégeant de ses mains. Mais les hommes sans scrupules lui coupèrent un doigt, osant ainsi s’attaquer à une vieille dame qui ne cherchait qu’à défendre son époux mourant. Puis l’inévitable se produisit : un homme s’approcha de très près et transperça le corps de notre cher calife, le tuant ainsi, à l’âge de 82 ans… Les Compagnons étaient dehors en train de se battre pour tenter de défendre la demeure du calife, ils ne savaient pas ce qu’il se passait à l’intérieur, mais quand ils entendirent les cris de déchirement de Nayla, mêlés aux hurlements de joie des rebelles, ils comprirent aussitôt. Tous furent saisis de terreur, immobilisés par l’acte qui venait d’être commis… Comment avait-on pu tuer le prince des croyants ? Un homme qui avait consacré sa vie, sa richesse et sa famille à l’islam ? Un homme dont le Prophète avait dit qu’il serait son Compagnon au Paradis ? Oui ‘Uthmân venait de mourir… Il fallut plusieurs minutes pour que les Compagnons le réalisent. Pendant ce temps, les rebelles s’étaient emparés du corps de ‘Uthmân ; sans égards pour lui et dans le désir de le mépriser jusqu’au bout, ils jetèrent la noble dépouille à la décharge publique en criant à corps et à cris : – Personne ne sera autorisé à enterrer ‘Uthmân ! Personne ne pourra disposer de son corps ! Les gens ne savaient plus quoi faire… Devaient-ils en faire une question d’honneur et être prêts ainsi à faire couler le sang des musulmans ou devaient-ils s’abstenir ? Le corps resta ainsi trois jours, durant lesquels l’incertitude mêlée à la colère enflaient dans les rangs des musulmans. Personne ne savait quoi faire… Et ce fut une femme qui leur donna la réponse. En entendant ces menaces, Umm Habiba, l’épouse du Prophète, monta sur le minbar du Prophète (pbsl) et dit : « Ô vous les rebelles, sachez que si vous ne nous laissez pas prendre le corps de Uthmân pour que nous puissions l’enterrer, moi, l’épouse du Prophète, celle qu’il a aimé et avec laquelle il s’est uni, oui, moi la mère des croyants, Umm Habiba, fille d’Abû Sufyan et épouse du Prophète, je descendrai dans les rues de Médine sans voile, les cheveux découverts pour prendre le corps de ‘Uthmân et l’enterrer de mes propres mains ! » Plus personne n’osa parler, même les hommes les plus violents parmi les rebelles comprirent qu’ils avaient été trop loin. Qui oserait laisser l’épouse du Messager de Dieu, la mère des croyants, sortir sans voile pour faire ce qui relève du devoir des hommes ? Alors les rebelles cédèrent. Ils acceptèrent que quatre personnes seulement s’occupent d’enterrer ‘Uthmân et de prier sur lui. L’imam ‘Alî prit ses deux fils, Hasan et Husayn, ainsi que Muhammad ibn Talha, et dans l’intimité ils rendirent les derniers hommages à un des plus grands califes de l’histoire… Le jour de sa mort, ‘Uthmân rendit son dernier souffle dans l’après-midi, juste après le ‘asr, le soir il était à la table du Prophète, dans les plus hauts degrés du Paradis…
Posted on: Fri, 02 Aug 2013 21:39:01 +0000

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