Tabari, v. 925 n-è, Chronique des Prophètes et des Rois + - TopicsExpress



          

Tabari, v. 925 n-è, Chronique des Prophètes et des Rois + Bal’ami XIème s. n-è, Tubba, roi du Yemen, conquiert la Chine et son général, Shamar baptise Samar-Qand C’est ce même Tubba qui expédia une armée en Chine, où elle porta le massacre et le pillage. Puis, il envoya son fils avec une puissante armée dans l’Hindustan, où ils tuèrent beaucoup d’habitants et d’où ils passèrent ensuite en Chine. D’un autre côté, il envoya un général nommé Shamar et surnommé Dhû-al-Jinâh (parce que, quand il partit pour la guerre, il marchait comme s’il avait des ailes), avec l’ordre de pénétrer dans le Turkistan, et de là en Chine pour prêter secours à son fils Hasan. Le général arriva à Samarqand, qui faisait partie alors des possessions de la Chine, et qui était une cité bien fortifiée. Il se rendit maître de la cité, la détruisit et tua un grand nombre d’habitants. Ensuite il la reconstruisit et la nomma, d’après lui, Samarcqnd, car auparavant elle avait porté un autre nom. Car en langue Pahlavi Qand signifie Grande Cité les Arabes, en traduisant ce nom dans leur langue, en ont fait Samarqand. Shamar entra ensuite en Chine, y porta la guerre et retourna victorieux. Shamar, de son côté, franchit le Jayhûn et marcha sur Samarqand, ville qui était défendue par une forteresse très solide, dans laquelle s’était renfermé le roi. Shamar assiégea la forteresse pendant un an sans obtenir le moindre avantage. Enfin, une nuit, il fit lui-même le tour de la forteresse, fit prisonnier l’un des gardiens des portes de la forteresse et l’emmena dans son camp. Il lui dit : « Le roi de cette ville, quel homme est-ce pour faire preuve de tant de valeur et d’intelligence que, depuis un an, j’emploie tous les moyens et ne peux réussir à prendre la forteresse ? » Cet homme répondit : « Ce roi n’a aucune espèce d’intelligence, il est complètement abruti, et ne s’occupe d’autre chose que de boire du vin et de s’amuser, et, jour et nuit, il est ivre ; mais il a une fille, et c’est elle qui prend toutes les mesures et a la direction de la forteresse et de l’armée. » Shamar pensa en lui-même que des mesures exécutées par des femmes étaient faciles à déjouer ; puis il dit : « Cette fille a-t-elle un époux ? » L’autre dit que non. Alors Shamar donna à l’homme un cadeau et lui dit : « J’ai besoin de toi pour que tu portes un message à cette jeune fille de ma part. » L’autre y consentit. Shamar apporta une boite d’or, la remplit de perles, de rubis et d’émeraudes, et dit : « Donne cela à la jeune fille et dis-lui de ma part : Je suis venu du Yaman pour te rechercher ; je n’ai que faire de ce pays, car tout le Khurâsân et toute la Perse sont à moi ; il faut que tu sois ma femme. Dis-lui encore que j’ai avec moi 4 000 de ces boites d’or, que je lui enverrai ; que je laisserai cette ville à son père, quand cette affaire sera terminée, et, si j’ai d’elle un fils, il aura le gouvernement de la Perse et de la Chine. Je commencerai par lui envoyer la nuit ces boites, ensuite je la chercherai. » L’homme retourna la même nuit à Samarqand et rendit compte de tout à la jeune fille. Celle-ci fut satisfaite, renvoya sur-le-champ l’homme avec son consentement, et l’on convint que, la nuit suivante, les boites seraient envoyées et introduites dans la ville, en secret. Samarqand avait 4 portes, et la jeune fille fit savoir quelle porte elle ferait ouvrir. Le lendemain, Shamar fit apporter 4 000 boites, et dans chaque boite il plaça 2 hommes tout armés. Quand la nuit fut venue, il fit charger chaque boite sur un âne sous la conduite d’un homme armé ; il fit entrer ainsi un corps de 12 000 hommes dans Samarqand. Il leur dit : « Je ferai poster l’armée entière tout autour de la forteresse. Quand vous serez dans la cité, ouvrez le dessus des boites, sortez et sonnez les clochettes dont vous êtes munis, pour m’avertir, et ouvrez les portes de la forteresse, afin que j’y entre ! » Au milieu de la nuit, l’envoyé de la jeune fille vint pour ouvrir la porte de la cité et pour laisser entrer les boites. Shamar les fit placer sur les ânes et se mit à la tète de ses troupes. Arrivés à l’intérieur de la forteresse, ces hommes sortirent des boites, sonnèrent les clochettes et ouvrirent les portes de la forteresse. Shamar avec ses soldats se jeta dans la ville ; ils mirent l’épée à la main et commencèrent un massacre qui dura. jusqu’au jour, de sorte que le sang coulait comme un fleuve. Shamar fit tuer le roi et fit sa fille prisonnière. Il y resta un an. Dans le « Dictionnaire des cités » il est dit que Samarqand, à cette époque, était appelée Chine et qu’elle était habitée par les Chinois, qui y ont inventé le papier. Shamar donna à la cité son nom, et l’appela Shamarqand, en langue persane ; qand, en turc, veut dire Ville ; enfin, transcrit en arabe, le nom est Samarqand. Ensuite Shamar fit marcher ses troupes vers le Turkistan, passa dans le Tibet et se rendit en Chine. Il y trouva Hasan, qui y était arrivé 3 ans auparavant et qui s’était emparé du pays. Ils y demeurèrent encore quelque temps tous les 2, ensuite ils retournèrent vers l’W, au le Yaman. On dit que, quand ils rentrèrent dans le Yaman le Tubba y était également déjà rentré. Voici comment la retraite du Tubba eut lieu. Lorsqu’il eut envoyé Shamar à Ray et que celui-ci eut tué Qubâd et marcha sur Samarqand, et qu’il eut envoyé son fils par mer en Chine, et Yafar dans le pays de Rûm, il voulut prendre pour lui-même le royaume de Perse, et se mettre à la place de Qubâd. Les habitants de la Perse se réunirent et mirent sur le trâne Nushirwân. Celui-ci, avec l’armée perse, attaqua le Tubba qui se retira dans le Yemen. Hârîth b. ‘Amrû retourna en Syrie, et Nushirwân fit venir Mundir b. Nu‘mân al-Akbar, à qui il confia le gouvernement des Arabes. L’empire tout entier obéissait à Nushirwân, qui chassa tous les ennemis du voisinage. HISTOIRE DE BAHRÂM-TSHUBIN ET DE SES COMBATS. Muhammad b. Jarîr n’a pas donné l’histoire de Bahràm-Tschoubîn en entier. Je l’ai trouvée plus complète dans le livre de l’histoire de Perse. Je vais la rapporter d’après ce livre. Lorsque, le lendemain, Hormuzd réunit les hommes et leur demanda leur avis sur celui qu’il fallait envoyer contre les Türük, tous prononcèrent le nom de Bahrâm-Tschubîn, homme brave et chevaleresque. Or il se leva un homme au milieu de l’assemblée, nommé Sâhnân, l’un des hauts fonctionnaires, qui dit : « Que le roi ait longue vie! Le roi connait sans doute mon père Mihrustâd et les fonctions qu’il a remplies auprès de Nushirwân. Maintenant il est vieux, il reste à la maison et ne peut pas venir te rendre ses hommages, parce qu’il est trop faible. » Hormuzd répliqua : « Je connais bien ton père ; j’ai des obligations envers lui ; car c’est lui qui fut envoyé par Nushirwân auprès du Khâqân, mon grand-père, pour lui amener ma mère. » Sâhnân dit: « J’ai raconté hier à mon père que le roi Hormuzd a convoqué les grands, et qu’il cherche quelqu’un qu’il puisse envoyer contre le roi des T. Mon père m’a dit : Je sais à cet égard quelque chose que je communiquerai au roi, s’il me fait appeler et m’interroge » Sur l’ordre d’Hormuzd , on alla le chercher pour l’introduire au milieu de cette assemblée. Mais comme il était très-faible et ne pouvait pas monter à cheval, on l’apporta dans une litière. Hormuzd le traita avec honneur, le fit asseoir et lui dit : « Tu as de grands droits à ma reconnaissance ; c’est par ta diligence que ma mère fut amenée auprès de Nushirwân ; il est juste que je te demande conseil dans les circonstances qui sont survenues dans le royaume. Tu vois ce qui m’arrive de la part de mes oncles et de mes parents ; après la mort du Khâqân , son fils a amené une armée dans mon royaume, sans égard pour ce qu’il me doit, mettant de côté toute considération pour ma personne et pour notre parenté. Maintenant il me faut quelqu’un pour l’envoyer contre lui à la tète d’une armée. Que sais-tu à cet égard ? » Mihrustâd dit : « Que le roi ait longue vie! Lorsque Nushirwàn m’envoya auprès du Khâqân, accompagné de hauts fonctionnaires et d’officiers supérieurs, au nombre de 50, il lui écrivit de me présenter toutes ses filles, afin que je pusse choisir l’une d’elles. Le jour de mon arrivée, le Khâqân me donna audience et me traita avec distinction et bienveillance. Le lendemain, il me présenta toutes ses filles ; sauf la fille de la Khâtûn, qui était dans ses habits ; ordinaires et malpropres, afin qu’elle parût laide à mes yeux, toutes les autres, nées des autres femmes du Khâqân , étaient parées. Mais je voyais que celle-là était assise sur le trône roval, à côté de la Khâtûn , tandis que les autres se tenaient debout devant moi et me furent ainsi présentées par le Khâqân, qui me dit : « Choisis celle que tu voudras. » Alors je choisis ta mère, la fille de la Khâtûn, parce elle lui ressemblait, quand celle-ci vit que j’avais choisi sa fille, fut très-affectée et sa figure exprima le mécontentement, et elle me dit : « Les autres sont plus belles que celle-ci. » Je répliquai : « Si vous voulez faire réussir ma négociation , je demande que vous m’accordiez cette jeune fille. » Le Khàqan insista auprès de la Khatûn, et elle finit par consentir à la donner, et ils l’accordèrent ainsi comme femme à Nushirwân, en la mettant entre mes mains avec des richesses incalculables. Le Khâqan avait un astrologue qui était le plus savant homme de son temps. Quand je me disposai à partir avec la jeune fille, le Khâqân le fit appeler et lui dit : « Vois quel sera le sort de cette jeune fille auprès de Nushirwân, à qui nous l’envoyons ! » L’astrologue dit : « Il sortira d’elle un fils qui, arrivé à l’âge mûr, ne sera ni grand ni petit ; il aura de grands yeux et les sourcils joints ; il montera sur le trône de Perse après Nushirwân. » Ensuite l’astrologue ajouta : « Ce roi qui sortira de celle jeune fille sera attaqué par une nombreuse armée venue du Turkistân , qui ravagera son pays. Alors il enverra une armée contre elle, sous la conduite d’un des grands de la Perse, homme de sang royal , nommé, de même que son père, Bahrâm. Ce sera un homme de haute stature, maigre, de teint foncé, ayant les sourcils joints. Il viendra avec un petit nombre de troupes et fera périr toute l’armée turque dans le Turkistân, et trouvera également la mort dans le Turkestân. Le grand prêtre dit: « Roi, l’homme qui vient d’être décrit est Bahrâm-Tshûbîn , dont le père s’appelle Bahrâm , et qui est ton lieutenant sur les frontières de l’Arménie. » Après avoir fait son récit, Mihrustâd expira dans sa litière. Hormuzd fut fort étonné, et le grand Prêtre dit : « C’est comme un avis céleste que Dieu ait laissé cet homme vivre jusqu’à ce qu’il pût connaître ces paroles, et qu’il l’ait l’ait mourir ensuite » Hormuzd envoya immédiatement chercher Bahrâm, qui se mit aussitôt en route. Lorsqu’il fut arrivé, Hormuzd le traita avec distinction et lui dit : « Sache que le Khâqân , mon grand-père, est mort, et que son fils est monté sur le trône ; il est mon oncle, mais il m’a renié et a amené une armée et s’est emparé de Balkh. Il me faut quelqu’un qui s’y rende pour le chasser de là, au besoin, par la guerre. Mon choix est tombé sur toi, à cause de ton origine et de la bravoure que lu as déployée au service de Nushirwân, et des grandes actions que tu as accomplies sous son règne ! » Bahram répliqua : « Je suis l’esclave du roi, exécutant ses volontés, l’une de ses épées ; partout où il m’enverra, je ferai le sacriiice de ma vie. » Cette réponse plut à Hormuzd, qui ordonna de garder Bahrâm ce jour-là. Le lendemain , il lui fit dire de paraître devant lui à cheval et armé comme pour la guerre. Lorsque Bahram seprésenta ainsi sur l’arène où se trouvait Hormuzd , entouré de l’armée, celui-ci le regarda et vit sa grande taille ; il fut très-satisfait et le traita avec honneur. Le jour suivant, il le fit appeler et lui dit : « Je te donne la libre disposition de mon trésor et de mon armée ; prends autant d’argent et d’hommes que tu voudras ; et chaque ville que tu conquerras est à toi ! » Bahram sortit de l’audience plein de joie, et le lendemain il rassembla toute l’armée et en choisit 12 000 hommes braves et propres à la guerre, ni trop jeunes, ni trop vieux, âgés d’environ 40 ans ; il leur distribua des équipements, des armes, des chevaux, des bêtes de somme et autres choses semblables. On en informa Hormuzd, qui le fit appeler et lui dit : « L’ennemi que tu vas combattre a 300 m hommes, comment veux-tu l’attaquer avec 12 000 hommes ? » Bahrâm répondit : « Roi, une armée nombreuse n’est qu’une lourde charge. 4 000 hommes forment la plus petite légion, et 12 000, la plus nombreuse. Rustam a fait ta guerre du Mâzenderân avec 12 000 hommes, et Isfendiâr a attaqué avec 12 000 hommes Heft-Khàn et Diz-Rwîn. » Il énuméra ainsi plusieurs rois de Perse qui avaient entrepris de grandes guerres avec 12 000 hommes, et il termina en disant : « En effet, le succès dans la guerre ne dépend pas des hommes, mais de la fortune. » Hormuzd lui dit : « Mais pourquoi as-tu choisi des hommes d’un certain âge et non des hommes jeunes ? » Bahrâm répondit : « Parce que le succès dans la guerre dépend du zèle des soldats ; des jeunes gens n’ont ni zèle, ni discernement, ni expérience ; ils ne connaissent pas les règles de la guerre et ne savent pas prendre une résolution. Les hommes d’un âge mûr, au contraire, ont et le zèle et l’expérience. » Le roi Hormuzd l’approuva également en cela, et ordonna qu’on choisit un. jour pour le départ de Bahrâm et de l’armée. Le roi Hormuzd avait un astrologue très-habile en son art, et qui était en même temps devin. Il l’envoya à la suite de Bahrâm , lui disant : « Va , suis le cortège de Bahrâm, observe-le dans une de ses actions, tires-en un présage, et viens me le dire. » L’astrologue fit ainsi. On appelle, en Pahlavi, cette consultation Marghewd. Bahrâm rencontra un homme, un marchand, complètement nu, ayant sur la tète, pour le porter plus facilement, un baquet plein de têtes de moutons. Bahrâm prit la pique d’un lancier, allongea la main, enleva 2 de ces têtes de moutons à la pointe de la lance, qu’il retira ensuite, la tenant droite. L’une des deux têtes retomba dans le baquet, l’autre resta fixée sur la pointe de la pique, et Bahrâm continua ainsi son chemin. L’augure revint et apprit cette aventure. Celui-ci lui demanda ce que signifiait ce présage. L’autre dit : « Les deux têtes signifient 2 rois sur qui Bahrâm mettra la main ; il tuera l’un, et il laissera l’autre s’en aller et rentrer dans son royaume. La nudité de cet homme signifie que Bahrâm cessera de t’obéir et se révoltera contre toi ! » Hormuzd fut effrayé et ne dormit pas cette nuit. Le lendemain , il écrivit à Bahrâm une lettre ainsi conçue : « J’avais à te dire quelque chose, mais je l’ai oublié. Laisse l’armée à l’endroit où elle se trouve et reviens seul, afin que je te fasse cette communication verbalement ; tu repartiras immédiatement après. » Cette lettre parvint à Bahrâm, à la première station. Hormuzd voulait rappeler Bahrâm pour mettre un autre général à la tête de l’expédition. Bahrâm répondit par une lettre, dans laquelle il s’exprima ainsi : « L’affaire dont le roi m’a chargé ne permet pas que je revienne ; je ne veux pas que le roi me voit avant que j’ait exterminé ses ennemis ; qu’il me fasse connaître ses ordres par lettre, je les exécuterai » Ensuite il quitta ses quartiers et continua sa marche. Hormuzd fit appeler, le lendemain , le grand Prêtre et lui fit part du présage, de sa lettre et de la réponse de Bahrâm, et il ajouta : « Qu’y a-l-il à faire, car je n’ai plus le pouvoir de changer celle affaire ? » Le Prêtre répondit : « J’ai vu Bahrâm sérieusement soumis au roi et prêt à combattre les ennemis ; les présages sont tantôt vrais, tantôt faux ; ne le rappelle pas, car Dieu lui donnera aide contre les ennemis, à cause de toi. Le Prêtre le tranquillisa ainsi au sujet de Bahrâm. Bahrâm se dirigea de l’Iraq vers Tahwâz. Une femme vint le trouver sur la route, dans une station, et lui dît : « Un cavalier m’a pris un panier de foin ; et elle en fournit les preuves. » Bahrâm fit trancher la tète à ce cavalier. Lorsque Hormuzd apprit cette action, il fut très-satisfait de la justice de Bahràm. A l’époque où Sâwê-Shâh s’était avancé sur le territoire de Balkh, Hormuzd, craignant que l’armée turque ne parvint rapidement jusqu’à lui, avait envoyé contre Sâwè-Shâh un petit détachement sous la conduite d’un général nommé Hormuz-Kharrâd-Bar-Zin, homme plein de ruse, de dissimulation et d’imposture. Il lui avait enjoint d’arrêter Sâwè-Shàh par la ruse, jusqu’à ce que Bahrâm arrivât à Hérât ; de lui dire que te roi de Perse voulait faire la paix avec lui, envoyer un ambassadeur et se soumettre à lui payer tribut. Son but était d’empêcher Sâwè-Shâh d’avancer au delà de Balkh, et de mettre le pays à l’abri du pillage et de la dévastation, jusqu’à ce que son armée fût prête. Hormuz-Kharrâd-Bar-zin alla, et, en trompant Sâwè-Shâh de cette façon, il le maintint à Balkh pendant une année, jusqu’à ce que Hormuzd eût préparé son armée et qu’il envoyât Bahrâm-Tschubîn. Bahrâm se dirigea sur Balkh, non par le chemin ordinaire, mais en se rendant de l’Ahwâz en Taylesân, de là par le Khuzistân à Hérât, de Hérât en Khotlân, puis à Balkh, afin de surprendre Sâwè-Shâh. Lorsque celui-ci apprit l’arrivée de Bahrâm, il envoya quelqu’un vers Hormuz-Kharrâd-Bar-zin, pour se plaindre de ce qu’il l’avait trompé par une ruse ; mais celui-ci avait quitté son campement et s’était enfui, allant rejoindre Bahrâm, qui fit halte à la station la plus rapprochée de Balkh. Le roi des Turcs fit venir le gouverneur du Khurâsân et le chargea d’aller reconnaître l’armée de Bahrâm, le nombre et la qualité des soldats, leur armement, et quel était leur général. Le gouverneur du Khurâsân partit avec 10 cavaliers. Arrivé auprès du camp de Bahram, qui s’était avancé avec 5 de ses cavaliers, il lui dit : « Qui es-tu ? Bahiàm répondit : « Je suis le serviteur de ce roi qui a amené cette armée et qui m’a ordonné de préparer le lieu du combat. » L’autre dit : « De quelle force est cette armée? » Bahràm répondit : « Quelque chose comme 10 000 hommes. » L’autre dit : Comment veut-il combattre 300 m hommes ? » Rahràm répliqua : « Il l’ordonne ainsi. » Le gouverneur du Khuràsân s’en retourna et donna ces renseignements à Sàwè-Shàh. Le lendemain, Hormuz-Kharrâd-Barzin vint trouver Bahrâm et lui dit : « Général, ne livre pas le combat à ces T avec la poignée de soldats que tu as avec toi ; la paix vaut toujours mieux ; tâchons de nous entendre et de conclure la paix ! » Bahrâm lui répondit par des injures et lui dit : « Tais-toi ; que la langue te soit arrachée ; le village dont tu sors ne produit rien que des pécheurs ; qu’as-tu à faire avec la guerre ? Va et pèche des poissons ! » Il y avait dans l’armée de Bahrâm un scribe nommé Buzurg-Debîr, que Bahrâm avait demandé à Hormuzd, et qui lui dit : « Ne te hâte pas de livrer le combat à ces ennemis. » Bahrâm lui répliqua: « Tais-toi, pour que la mère ne soit pas privée de toi. Ce qu’il te faut, c’est la plume et l’encrier ; tu n’as rien à faire avec la guerre. » Le lendemain, Sâwè-Shâh envoya son chef des négociations vers Bahrâm et lui fit dire : « Si tu veux passer à mon service, je le donnerai le commandement du royaume de Perse et te nommerai mon lieutenant dans toute la Perse. » Bahrâm répondit : « Va lui dire que les serviteurs du roi ne le quittent pas pour aller dans un autre endroit, si ce n’est par ses ordres. » Le jour suivant, Sâwè-Shâh envoya de nouveau quelqu’un vers Bahrâm et lui fit dire : « Le roi de Perse m’avait envoyé un homme nommé Hormuz-Kharrâd-Barzîn, qui est resté depuis un an en face de moi, qui m’a sollicite et a demandé la paix. Fais, toi aussi, la paix, ou attends que j’envoie un messager pour savoir quel est le dessein du roi de Perse. » Bahràm répondit: « Celui-là s’est moqué de toi ; mais moi je ne serai pas content avant que ton jour décline, afin que je prenne ta tête et l’envoie au roi de Perse ! » Sawè-Shâh entra en colère, fit battre le tambour et rassembler son armée autour de lui. Il passa toute la journée, jusqu’au soir, à disposer son armée, inspecta la place de chaque troupe et résolut de livrer bataille le lendemain. Bahram, dans cette nuit, disposa également ses troupes, et en examina lui-même toutes les parties, le centre et les 2 ailes. A la pointe du jour, il fut pris de sommeil et s’endormit sur son cheval. Il rêva qu’il combattait contre les Turcs et qu’il était mis en fuite. S’étant réveillé quand le jour fut tout à fait venu, il ne raconta à personne le songe qu’il avait eu, pour ne pas décourager les soldats. Lorsque le soleil se leva, les 2 armées se trouvèrent en présence. Bahram, avant de commencer le combat, se transporta de sa personne dans chaque division, encouragea les soldais et leur dit : « Que chacun aujourd’hui fasse son devoir, pour sa subsistance, son nom et son honneur ; ne me faites pas honte et vendez cher votre vie ; car il y a loin d’ici à votre patrie, et si vous prenez la fuite, aucun de vous n’échappera à l’épée de l’ennemi ni ne reviendra dans sa famille. » Bahram leur fit de tels discours et plaça un officier avec 500 cavaliers derrière l’armée, en lui ordonnant de charger quiconque voudrait s’enfuir. Le roi des T se rendit sur une hauteur et s’assit sur un trône d’or, entouré de 40 000 hommes, qu’il avait choisis pour rester auprès de lui ; il envoya au combat 260 000 hommes, et ordonna au général en chef de disposer devant lui les troupes dans l’ordre de bataille où elles devaient combattre. Sàwè-Schâh avait amené 200 éléphants de guerre et 100 lions sauvages, qu’il fit placer devant les rangs. Bahram, apercevant ces éléphants et ces lions, donna l’ordre à ses soldais de faire pleuvoir, tous en même temps, une grêle de traits sur ces animaux, et leur recommanda de viser les éléphants aux yeux. Les soldats firent ainsi, et les éléphants, effrayés par les traits, tournèrent le dos. Alors Bahrâm fit lancer par les artificiers du feu sur les éléphants et les lions, qui se jetèrent en rugissant sur leur propre armée et écrasèrent sous leurs pieds environ 30 000 hommes, en leur communiquant les flammes par lesquelles ils étaient consumés. Lorsque Bahrâm vit que les rangs des Turcs étaient rompus et que les troupes s’ébranlaient, il fit une charge générale. Les Turcs se mirent à fuir, et se replièrent vers l’endroit ou se trouvait Sâwè-Shâh. Celui-ci, voyant cela, demanda un cheval. Son écuyer lui dit : « Veux-tu un cheval pour fuir, ou un autre ? » Sâwè-Schâh se mit à rire et dit : « Un cheval pour fuir. » Au moment où il descendait du trône, Bahrâm arriva, et, le voyant sur le trône et avec la couronne, il sut que c’était le roi ; il ajusta et fit partir une flèche, qui pénétra dans la poitrine du roi et sortit par le dos ; le roi tomba en bas du trône. Alors toute l’armée turque prit la fuite, poursuivie par Bahrâm, qui fit un grand nombre de prisonniers. A la tombée de la nuit, Bahrâm vint dans le camp turc, fit saisir les trésors et les effets, le trône d’or, la couronne du roi et des richesses dont la grande quantité n’est connue que de Dieu seul. Il fit transporter tout ce butin et les prisonniers dans son propre camp, et y resta cette nuit. Le lendemain matin, Bahrâm passa en revue toutes ses troupes ; il ne manquait personne, sauf un officier d’un rang élevé, nommé Bahrâm- Seyâwshân, qui était son neveu, ayant épousé la fille de sa sœur, et qu’il avait en grande affection. Ne le voyant pas, il fut très effrayé, pensant qu’il avait été tué. Il donna l’ordre de le rechercher sur le champ de bataille parmi les morts. Après une heure, Bahrâm-Seyâwshân arriva avec un prisonnier turc ayant une petite barbe rousse et des yeux gris. Bahrâm fut très-heureux de voir son neveu et lui demanda quel était le prisonnier qu’il amenait. L’autre lui dit : « C’est un homme que j’ai voulu tuer ; il m’a dit : Mène-moi auprès de votre roi, je sais quelque chose qui pourra lui être utile. » Babrâm lui dit : « Quelle est la chose que tu sais ? Dis-la, pour te sauver de la mort. » Le prisonnier répondit : « Je suis un sorcier, le plus habile de tout le Turkistân. Quand j’accompagne un roi dans une campagne, je fais voir en songe à l’ennemi qu’il sera mis en fuite, et par là je le décourage ; la preuve en est que je t’ai fait voir, hier matin, en songe que ton armée serait mise en fuite. » Babrâm pensa en lui-même : « Un homme intelligent n’acceptera pas ses paroles et n’y croira pas. » Puis il lui dit : « Quel mal ai-je eu de ton songe, et quel avantage en est-il résulté pour ton armée ? » Ensuite il donna l’ordre de le mettre à mort. Bahrâm resta un mois à Balkh. Il fit réunir tout le butin qu’il avait fait sur les Turcs, fit expédier à Hormuzd ce qu’il voulait lui envoyer et distribua aux soldats ce qui leur revenait. Ensuite il fut informé qu’un fils du roi des Turcs, resté dans le Turkistân, rassemblait une armée, et que les troupes qui avaient été mises en fuite s’étaient jointes à lui, et qu’il s’avançait avec une armée de 500 000 hommes contre Babrâm, pour venger la mort de son père.
Posted on: Thu, 31 Oct 2013 14:59:59 +0000

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