Toutes presses confondues : Semaine du 17 juin Le Roi absent ! - TopicsExpress



          

Toutes presses confondues : Semaine du 17 juin Le Roi absent ! vous voulez rire ! Dieu omnipuissant trône loin dans les cieux, et jamais fidèle ne trouve à redire ni ne s’interroge sur son absence/présence. Bien au contraire, c’est son immatérialité qui fonde son omniprésence, parce qu’il est sensé tout contrôler, tout diriger, tout maîtriser. Il faut revenir à cette image de Dieu et au rapport intime qu’il entretient avec ses fidèles pour bien poser la question de la monarchie et du rapport au roi. La monarchie marocaine est de droit divin, ce n’est un secret pour personne. Le roi n’est pas un chef comme les autres sorti des urnes ou d’un récent champ de bataille, il a quelque chose de céleste et vit dans un ailleurs enveloppé de mystère. Toute la logique du rapport le liant à ses sujets en est imprégnée. Paradoxalement, la distance et la proximité conjuguées en sont les clés. Sous le règne de Hassan II, le protocole a soigneusement veillé à cette image d’un roi siégeant en haut lieu, au-dessus de la mêlée, distant, le visage fermé à tout signe de faiblesse. Il est dans ses palais, avec quelques stations pratiquement fixes d’où il dirige l’Etat par un relais d’intermédiaires comme Dieu le père avec ses messagers. Quand il se produit devant ses sujets c’est toujours l’image d’une poigne solide qu’il dégage, à la télévision comme lors de ses déplacements dans les régions. Ces derniers s’inscrivent plus dans la tradition de la harka sauf que les moyens de locomotion sont modernes et que la communication rapide ne laisse plus place à la propagation de discours sécessionnistes que nourrissait jadis la rumeur en raison de l’éloignement de l’autorité. Le roi est présent à cheval, en carrosse, sur les ondes ou sur le petit écran, il est bien là ; il pose soigneusement les règles du système de commandement. Sa présence physique, du moins par l’image, est vitale, il doit occuper le paysage qui n’est pas encore totalement purgé de ses relents subversifs. Le politique est l’objet d’un silence musclé et la critique jugée extérieure au système ne filtre qu’à travers des canaux déterminés bâillonnés le moment opportun. Le champ politique est dans un équilibre instable, mais chaque partie à sa place et le roi est le commandeur dont l’ombre plane sur le paysage. Depuis, les choses ont sérieusement évolué. La monarchie n’a plus besoin de brandir cette image d’un roi physiquement omniprésent. La fiction d’une forte présence jusque dans les foyers n’est concevable qu’avec la distance qui le tient à l’écart des foules et qui l’en rapproche plus encore. Le champ politique va être autrement structuré. L’opposition est non seulement muselée, mais se voit l’objet d’un effritement qui n’en finit pas. Idéologiquement elle est au point mort et la montée des islamistes arrive pour lui administrer l’extrême-onction. Le système a intégré intelligemment toutes les parties ayant pignon sur rue, il se déploie même à prêter vie sous respiration artificielle à ses anciens ennemis en déroute. Ils lui sont utiles pour animer le théâtre de marionnettes qu’est devenue une scène politique dérisoire. Ainsi avec Mohammed VI, la monarchie a progressivement clos le processus de délégitimation des autres partis et désactivé leurs mécanismes de contrôle sur le social et l’économique en prenant en main les rênes du pouvoir au sens plein du terme. Elle a aujourd’hui, en plus de sa légitimité historique, ce que j’appelle une légitimité de l’efficace autrement dit la maîtrise du savoir faire politique. Le roi est le seul en mesure de prendre les décisions stratégiques, non pas par effraction, mais parce qu’il est l’unique ayant en main tous les rouages. Il est le pôle vers lequel convergent les autres forces, surtout celles qui dominent les secteurs de la vie économique et décisionnelle. La décision lui revient du fait de l’incapacité des autres à agir. Déjà les cent jours du gouvernement Abderrahman El Yousfi, dit de l’alternance, dévoilent cette inaptitude. Les cartes étaient jetées de la nouvelle configuration du pouvoir où le roi est sollicité pour dire la Loi, façon de dire véritablement entreprendre là où les autres calent. La classe politique est dès lors sous tutelle, elle est minorisée du fait de sa propre faiblesse et fait appel au monarque pour régler ses propres conflits internes. Le roi est plus présent que jamais. Ses tournées, son penchant affable et bienveillant aux catégories pauvres le rend encore plus proche, dans le cadre d’une proximité et d’une présence aux antipodes de celle d’un tyran despote. La bienveillance prend le pas sur la peur. Jamais le roi n’a été plus proche, n’en déplaise à la distance ! Le reproche de l’absence ne tient alors plus la route dans l’analyse de la monarchie, c’est une pure myopie. C’est la pâleur de la décision gouvernementale avec ces nouveaux acteurs qui est nouvelle. La classe politique est absente dans la décision parce qu’elle est formée par une élite médiocre et sans horizon, émiettée et livrée à l’abandon et qui se tient pour orpheline lorsque le roi se déplace déjà à Agadir ! Mohammed VI a depuis le départ pris ses distances et manifesté une certaine pudeur dans l’exercice ostentatoire du pouvoir, c’est un constat difficile à contester. Sa force le met en mesure aujourd’hui de se déplacer comme il l’entend, rien ne se meut sans son vouloir et cela à son corps défendant. Mais la pression des événements et les modes d’action et de sollicitation de la classe politique ont réintroduit des rituels protocolaires qui semblaient, aux premières années du règne, vouées à l’oubli. Aussi, ce qu’on peut retenir de la présente configuration c’est l’absence de la classe politique gouvernante en raison de son statut mineur qui la met en quête continuelle de son maître et tuteur. L’agitation des nouveaux leaders qui s’en vont par monts et par vaux justement se donner une allure de présents, mais c’est une pure illusion. Un théâtre de marionnettes ne peut se mettre en branle tout seul, Pinocchio a besoin de son maître pour le mettre sur pied et au besoin le sermonner.
Posted on: Tue, 25 Jun 2013 15:36:13 +0000

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