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Un texte très juste de Denise Bombardier, sur les enfants, leurs droits, la façon dont il arrive quils soient traités, dans le Journal de Montréal de ce jour: ---------------------------------------------------------- Opinion | Chroniqueurs Les enfants : de la pâte à modeler? Denise Bombardier Journal de Montréal, Publié le: vendredi 22 novembre 2013, 20H47 Un enfant n’est pas un jouet. Ce n’est pas davantage un statut social. Ce n’est certes pas un objet de consommation. Pas davantage une monnaie d’échange, de négociation. Un enfant n’est pas un ami nain des parents. Pas plus qu’un dérangement. L’enfant qui est revendiqué de nos jours comme un droit par des gens comme symbole de leur normalité ou comme solution à leur angoisse de solitude ou encore comme compagnon de vie, à vrai dire comme enfant de compagnie calqué sur le modèle des animaux de compagnie. L’enfant, donc, est plus malmené que ne laisse croire le discours officiel enrobé de la rectitude politique qui s’impose. Les avocats en droit familial sont en mesure de témoigner de l’«usage» que des parents font de leurs enfants. Cette semaine, on apprenait dans La Presse que la garde partagée est souvent le premier choix des parents séparés, même pour des bébés. Au Québec, avant l’âge de six ans, 25% des enfants nés au tournant de 2000 ont déjà vécu une séparation. Des enseignants au primaire ont l’habitude d’avoir des élèves de sept ou huit ans qui ont déjà vécu trois ou quatre ruptures conjugales chez l’un ou l’autre parent. DROITS ET RESPONSABILITÉS Mais quel est donc le droit premier de l’enfant sinon d’être un enfant, ce qui entraîne des devoirs et des responsabilités incontournables de la part des parents? La culture du «je» et de l’épanouissement du moi qui en découle se fait trop souvent au détriment des enfants. La psychologie est loin d’être une science exacte. C’est sans doute ce qui explique les théories tirées par les cheveux de psys qui décrètent en écho aux parents qui cherchent à se déculpabiliser que l’enfant s’adapte à tout. Peut-être, mais à quel prix? Pour avoir divorcé, et plus d’une fois, je n’ai pas de leçons à donner. Mais je ne ferai jamais l’éloge du divorce et des vertus thérapeutiques de la garde partagée systématique indépendamment de l’âge des enfants. Les supposés bienfaits pour ces derniers en termes d’autonomie, de débrouillardise, d’accès à une maturité précoce sont avant tout un cataplasme posé sur la culpabilité parentale. Celle-ci mène aussi à l’enfant roi. BESOINS ET CONTRAINTES Ce n’est pas un retour au passé que de mettre en lumière cette redéfinition de l’enfant en fonction des besoins et contraintes des parents. Croyons-nous vraiment que les enfants se contentent d’une présence parentale virtuelle? Et que le nomadisme à trois ans, une semaine sur deux, les comble de joie? Qu’ils adorent avoir deux chambres, deux garde-robes, quatre parents, huit grands-parents, et une flopée de demi-frères et demi-sœurs? La vie moderne en complexifiant les relations humaines accentue le mal de l’âme. Même chez les tout petits. Pour affronter les malheurs de nos vies, n’est-il pas nécessaire d’éviter de vivre dans l’illusion qui consiste à engourdir nos peines et nos déchirements et à déguiser nos responsabilités? Nos enfants, nous les blessons, nous les décevons et nous les traumatisons avec nos vies de ruptures successives. Et les aimer vraiment nous condamne à souffrir du mal que nous leur causons. Ne serait-ce pas une définition d’un bon parent?
Posted on: Sun, 24 Nov 2013 00:56:44 +0000

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