Une bière. Et puis une clope. Cest dingue comme ça passe tout - TopicsExpress



          

Une bière. Et puis une clope. Cest dingue comme ça passe tout seul après une certaine heure. Et une certaine quantité de bière. Jessaye de faire part de ce constat, tout ragaillardi, à Lola, qui vient qui lâcher un étrange pet de fouffe dans un demi-sommeil alors que je suis encore assis à mon petit bureau dans ce minuscule appartement rue des Arts. Elle geint à peine, totalement indifférente à mes considérations éthyliques du mardi soir. Difficile de penser que jai pu être complètement amoureux delle quelques dizaines de minutes auparavant, quand javais encore la garde solidement ancrée dans le plus profond de sa constitution. Cest ainsi, cest triste, mais bon dieu, comment ne pas aimer le corps qui vous accueille de si bonne grâce ? De toutes les filles que je connaisse, Lola est bien la seul à réussir à me faire croire quelle est la seule et unique quand elle saffaire autour de mon petit matos. Probable que je laime un peu quand même, fut pas déconner. - Allez paloche, lance-je à la volée, je suis dhumeur lyrique ! Mais elle répond pas. Je mengonce, tout merdeux, dans une bougonnerie dont je suis certainement le seul à pâtir. Je rumine, par tous les dieux du dernier bordel, le vide sempare de moi. Vite ! Une bière, puis deux. Les volutes de tabac blond sélèvent comme des serpents lascifs jusquau plafond jaunâtre de mon palace sans âge. Je zieute Lola comme le dernier des pervers perdu dans la contemplation dun vieux support fétichiste. Jlaime bien, Lola, ça oui. Sa nature désinvolte, ses seins déjà un peu lourd, les plis grossiers de sa bedaine de buveuse de bière peu précotionneuse. La façon toute à elle quelle a denvoyer se faire foutre trente ans de tyrannie féministe faisandé. Et puis, vraiment, elle a cette façon de jouir comme on soupire après huit heures dusine, le repos du travailleur harassé par sa tâche. Il sen faudrait de peu, en définitive, pour que je la demande en mariage et plaque tout et le reste. Une vie à deux, nous deux, dans une masure putride où nous passerions la journée à nous saouler, bouffer-chier-dormir et attendre que dame la mort vienne nous saisir, encore tous pleins de plaisirs, de râles et de poils entre les dents. Parce quil y a aussi, et je sais que tout homme normalement sain de corps et desprit me comprendra : il ny a pas plus grand honneur en ce bas monde que de se voir offrir lorigine du monde à satisfaire du bout des lèvres. Toute à ma compassion aux tristes cons qui nont pas eu le privilège exquis de goûter à celui dune amante nonchalante et lasse. Jy ai toujours vu le meilleur moyen de communier avec ses satanés dieux de lOlympe, du Vahlhall et tout le toutim. Croyez-le ou non, je suis bien certain que Guerre et Paix naurait jamais été écrit si ce bon vieux ruscoff navait eu le souvenir ému dune jolie chatte dans lequel enfuir ses plus intimes frustrations. Parce que voilà, ami lecteur, quoiquon en dise, on ne tombe amoureux, in fine, que du goût dune chair, cette saveur indécise, légèrement salée il est vrai, qui de la pisse aux larmes emplit notre âme dune frénésie obsessionnelle. Jen suis à ruminer platement ses considérations, allumant une énième cigarette et avalant goulûment ma vingt-septième bière. Foutrefieu, que je sois foudroyé si le bon saint Pierre ose maffirmer que je nai pas vécu. Il lui suffirait dhumer les douces lèvres de Lola pour se convaincre du contraire. Par le Velux, jentraperçois les humeurs courroucées dune demi-lune. Mon pauvre père disait souvent, quand les brumes alcoolisés du PMU voisin lui en laissaient le loisir, que même les astres les plus majestueux se reflétaient dans leau saumâtre du caniveau. Jy vois lamertume quotidienne dune existence sans éclat et le doux réconfort de coïts à venir. Puisse ma bourse moffrir encore de partager la couche de Lola, et la vigueur me permettre de men montrer digne. Coquin comme un larron en foire, je mempare du cahier desquisses récemment acheté auprès de ces sacrés fripons du VIII°, et y décris les grandes lignes de lanatomie de ma captive dun soir. Dire quil y a des pays où peindre le corps dune femme est contraire à la morale, vous rendant suspect aux yeux des bonnes gens et corvéable à merci une fois le passage du Styx accompli. Peu importe, que diable ! A lui les regrets, les remords et la culpabilité. Ce soir Lola est à moi, à la pointe de mes mines et à la blancheur virginale de la page tombée sous mes doigts fébriles de vieux con monomaniaque. Là voilà tout à toi, honteux 3B. Sois gras, plus gras encore, et rends lui justice, pour une fois. Que la catin satisfaite qui oublie son office dans mes draps sales, moites de nos ébats sans pensée, vive un peu par ma main, cette nuit, et en oublie la triste asphalte quelle piétine de huit heures aux première lueurs de jour nouveau. Rends moi fort, rends la belle comme une chaste nymphe aux lèvres empourprées. Rends nous immortels pour quelques heures. Chasse les mauvais esprits de sa couche, isole son aura dans une seconde de grâce et de saveur jamais connues par les générations passées. Le dessin fini, pauvre brouillon bien en deçà de mes intentions première, est prestement jeté sur le petit bureau. Lola se languit dans le lit sale. Jy vais, mon palo, jy cours et jy vole. Mais avant, une dernière clope. Et une bière pour la faire passer.
Posted on: Tue, 15 Oct 2013 20:09:46 +0000

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