Via Pierre Boyer Lhistoire du Christianisme primitif offre des - TopicsExpress



          

Via Pierre Boyer Lhistoire du Christianisme primitif offre des points de contact remarquables avec le mouvement ouvrier moderne. Comme celui-ci le christianisme était à lorigine le mouvement des opprimés, il apparaissait tout dabord comme religion des esclaves et des affranchis, des pauvres et des hommes privés de droits, des peuples subjugués ou dispersés par Rome. Tous les deux, le christianisme de même que le socialisme ouvrier, prêchent une délivrance prochaine de la servitude et de la misère; le christianisme transporte cette délivrance dans lau-delà, dans une vie après la mort, dans le ciel ; le socialisme la place dans ce monde, dans une transformation de la société. Tous les deux sont poursuivis, et traqués, leurs adhérents sont proscrits et soumis à des lois dexception, les uns comme ennemis du genre humain, les autres comme ennemis du gouvernement, de la religion, de la famille, de lordre social. Et malgré toutes les persécutions, et rnême directement servies par elles, lun et lautre se frayent victorieusement, irrésistiblement leur chemin. (...) Déjà au moyen-âge le parallélisme des deux phénomènes simpose lors des premiers soulèvements de paysans opprimés, et notamment, des plébeins des villes. Ces soulèvements, ainsi, que tous les mouvements des masses au moyen-âge portèrent nécessairement un masque religieux, apparaissaient comme des restaurations du christianisme primitif à la suite dune corruption envahissante [Note : A ceci les soulèvements du monde mahométan, notamment en Afrique,forment un singulier contraste. LIslam est une religion appropriée aux Orientaux, plus spécialement aux Arabes, cest-à-dire, dune part à des citadins pratiquant le commerce et lindustrie, dautre part à des Bedouins nomades. Là réside le germe dune collision périodique. Les citadins, devenus oppulents et luxueux, se relâchent dans lobservance de la Loi . Les Bedouins pauvres, et, à cause de leur pauvreté, de moeurs sévères, regardent avec envie et convoitise ces richesses et ces jouissances. Ils sunissent sous un prophète, un Madhi, pour châtier les infidèles, pour rétablir la loi cérémoniale et la vraie croyance, et pour sapproprier, comme récompense, les trésors des infidèles. Au bout de cent ans, naturellement, ils se trouvent exactement au même point que ceux-ci ; une nouvelle purification est nécessaire ; un nouveau Madhi surgit ; le jeu recommence. Cela sest passé de la sorte depuis les guerres de conquête des Almoravides et des Almohades africains en Espagne jusquau dernier Madhi de Khartoum qui bravait les Anglais si victorieusement. Il en fut ainsi, ou à peu près, des bouleversements en Perse et en dautres contrées mahométanes. Ce sont tous des mouvements, nés de causes économiques, bien que portant un déguisement religieux. Mais, alors même quils réussissent, ils laissent intacts les conditions économiques. Rien, nest changé, la collision devient périodique. Par contre, dans les insurrections populaires de loccident chrétien, le déguisement religieux ne sert que de drapeau et de masque à des attaques contre un ordre économique devenu caduc ; finalement cet ordre est renversé; un nouveau sélève, il y a progrès, le monde marche.] , mais derrière lexaltation religieuse se cachaient régulièrement de très positifs intérêts mondains. Cela ressortait dune manière grandiose dans lorganisation des Taborites de Bohème sous Jean Zizka, de glorieuse mémoire ; mais ce trait persiste à travers tout le moyen-âge, jusquà ce quil disparaît petit à petit, après la guerre des paysans en Allemagne, pour reparaître chez les ouvriers communistes après 1830. Les communistes révolutionnaires français, de même que Weitling et ses adhérents, se réclamèrent du christianisme primitif, bien longtemps avant que Renan ait dit : Si vous voulez vous faire une idée des premières communautés chrétiennes, regardez une section locale de lAssociation internationale des travailleurs.
Posted on: Wed, 27 Nov 2013 16:01:15 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015