Voici un billet qui pourrait intéressé ce qui y pensent. Moroni, 50.000 électeurs, 44 bureaux de vote et une quête de leadership La capitale comorienne dans la perspective de l’élection présidentielle de 2016 Par ARM «Abass Djoussouf est mort sans préparer sa relève. Ali Mroudjaé et Mouzaoir Abdallah ont pris leur retraite politique sans confier les clés de la maison Moroni à un héritier, à un successeur. Aujourd’hui, Moroni est dans une incertitude totale en prévision de l’élection présidentielle de 2016. Les politiciens n’aiment pas parler de leur succession car ils ont l’impression qu’ils parlent de leur propre mort, de manière prématurée», soupire, excédé, ce Moronien pur jus, qui pleure à l’idée que le prochain Président puisse ne pas être de Moroni, la plus peuplée des villes comoriennes. En tout état de cause, Moroni est dans une situation très particulière au regard du scrutin présidentiel de 2016: quelque 50.000 électeurs et 44 bureaux de vote. Voilà une ville formée de villes, des villes dans la ville, une ville sans unité sociographique, une ville sans unité électorale. Donc, Moroni est une ville au sein de laquelle les communautés se croisent, s’ignorent et votent selon leurs régions d’origine. Moroni Sud (Bacha, Zilimadjou et Caltex) est le bastion de personnes originaires du Mbadjini, en général, et de Foumbouni, en particulier. Moroni Nord (Magoudjou, 4 bureaux de vote) est un Hamahamet en miniature. Depuis toujours, Coulées-de-Laves est un quartier où on parle plus anjouanais que grand-comorien, compte tenu de la grande concentration de fonctionnaires et autres cadres et commerçants anjouanais dans ce quartier disposant de 4 bureaux de vote. Moroni Centre comprend Badjanani (2 bureaux de vote), Bacha (4 bureaux de vote), Boueni et Mtsangani. Mais, à l’heure qu’il est, personne ne sait à quel Saint Moroni devra se vouer en 2016 lors de l’élection présidentielle. Mohamed Daoud dit «Kiki» et Ahmed Abdallah Salim sont tous deux de Moroni, du même quartier, Bacha, mais chacun a ses ambitions politiques, et ce sont des ambitions inconciliables. Ce sont deux adversaires irréductibles. Ils aiment se détester et chacun aime être détesté de l’autre. Depuis qu’ils étaient aux affaires, ils se vouent une compétition personnelle mortelle. Mohamed Daoud dit «Kiki» est en bons termes avec Ahmed Sambi, mais Ahmed Sambi a choisi Ahmed Abdallah Salim comme colistier du Caporal Bourhane Hamidou en Grande-Comore, et Mohamed Daoud a décidé d’être le prochain chef de l’État comorien, et a entamé sa campagne électorale depuis 2013, en France. En même temps, sur le ticket constitué par Ahmed Sambi (et ayant pour colistier à Mohéli, le Vice-président Fouad Mohadji), Ahmed Hassan El Barwane, grand notable de Badjanani, voudrait bien être le colistier du Caporal Bourhane Hamidou en Grande-Comore, en lieu et place d’Ahmed Abdallah Salim, mais Ahmed Sambi a déjà fait son choix, estimant qu’Ahmed Abdallah Salim a pu se constituer une clientèle politique depuis l’époque où il sévissait à la tête de la Société nationale des Hydrocarbures. Un billet de 5.000 francs comoriens par ici, un billet de 10.000 francs par là, et Ahmed Abdallah Salim s’est fait des obligés, que n’a pas Ahmed Hassan El Barwane, le grand notable. D’Ahmed Abdallah Salim et Mohamed Daoud «Kiki», qui tuera l’autre électoralement? C’est la grande question, à un moment où Ahmed Abdallah Salim avait placé 400 millions de francs «empruntés» aux Hydrocarbures sur la campagne électorale du bon Ikililou Dhoinine en 2010. Il en sortira très déçu car le même Ikililou Dhoinine le traitera en paria spécialisé dans le détournement de l’argent public. Ça laisse des bleus et des plaies sur le cœur et l’âme. Et «Ahmed» en a gros sur la patate. Il a des choses à rappeler à Ikililou Dhoinine, comme tous les autres membres de son quintet. Pour ce qui est de Mohamed Daoud dit «Kiki», il a aussi une revanche à prendre, et l’objet de cette vengeance mortelle a un nom et un visage: Mouigni Baraka, sa «créature» électorale, celui qui lui doit toute son «élection» question financement, sans oublier qu’Ahmed Sambi n’y a pas été de main morte, lui qui a tout fait pour voler les suffrages majoritairement exprimés pour Mohamed Abdouloihabi, réellement élu, mais qui a été empêché de rester à la présidence de l’Île autonome de la Grande-Comore en 2010. À Djoumoimdji (2 bureaux de vote), Soulé Abdou Elbak et Mahmoud Ali Mohamed vont s’affronter sans concession. Soulé Abdou Elbak a été Président de l’Île autonome de la Grande-Comore, mais n’a même pas pu accéder au second tour en 2007. Il s’est singularisé par les relations pourries qu’il entretenait avec le Président Azali Assoumani. Pour ce qui est de Mahmoud Ali Mohamed, Président de l’ANC, il avait été étrillé financièrement par Ahmed Sambi. Il est également connu pour les 100 millions de francs comoriens qu’il avait placés dans la dernière élection des Conseillers et des Députés, sans en tirer le moindre profit électoral. Un désastre. Le monde évolue. Moroni évolue. On ne peut pas arrêter le progrès. Mais, on est tout de même obligé de noter que Moroni manque cruellement de leadership. On ne va pas demander à Ali Mroudjaé et à Mouzaoir Abdallah de se porter candidats en 2016. Or, à Moroni, certains aimeraient le faire car, dans la capitale comorienne, il y a beaucoup d’ambitions politiques qui s’affrontent, mais on ne voit émerger aucune ambition susceptible de fédérer les politiciens de la capitale comorienne. Moroni est dans le même état que Fomboni, à Mohéli, où la pluralité des ambitions présidentielles fait que des hameaux de 50 habitants peuvent battre une ville de plusieurs milliers d’habitants. Il n’y a que Mutsamudu, à Anjouan, qui peut faire émerger un leader, comme cela a été constaté en 2006, au moment de l’élection ayant porté Ahmed Sambi au pouvoir car, même les Ahmed Saïd Jaffar et Mohamed Bacar Dossar, qui étaient opposés à Ahmed Sambi, avaient fini par se rallier à lui. Mais, on doit tenir compte du fait qu’à Anjouan, on ne pratique pas d’«œcuménisme social», puisque sur cette île, le «blédard» reste dans son état de «campagnard», l’accès aux villes de Mutsamudu, Ouani et Domoni n’étant ouvert qu’à «quelques heureux élus». Or, Moroni et Fomboni sont des villes ouvertes qui n’appartiennent pas à leurs habitants originels, les Moroniens et les Fomboniens de souche. Dès lors, dans la configuration politique actuelle, électoralement, Moroni n’appartient plus aux Moroniens. Aujourd’hui, c’est uniquement Moroni Centre qui a un électorat pouvant aller vers un candidat de la capitale des Comores. Moroni Sud, Moroni Nord et Coulées-des-Laves se présentent dans une configuration politique différente. Ces données sociologiques ne sont pas à prendre à la légère car, comme on peut le constater, en plongeant ses mains dans les caisses remplies de milliards de francs d’Ahmed Sambi, le Docteur Sounhadj Attoumane, la bonniche à tout faire et homme de main et de bouche de l’ancien Président, arrose les Anjouanais du Marché de Volo-Volo de billets de banque pour qu’ils aillent acclamer l’«Ayatollah» lors de ses passages à Moroni, faisant croire qu’il y est très populaire. C’est de la frime. Du vent. Des mensonges. Or, à un moment où Moroni est à la recherche d’un leadership, se faire acclamer à Moroni peut avoir son importance sur le plan politique. Donc, Moroni concentre plus de 10% de l’électorat comorien, mais il s’agit d’un électorat sans unité sociographique et sociale. C’est un électorat éclaté, éparpillé aux quatre vents et sans leader capable de le fédérer. Selon la plupart des projections électorales faites à ce jour, la ville de Moroni doit accomplir beaucoup de prouesses d’unité pour pouvoir influencer le scrutin présidentiel de 2016. Ce n’est pas gagné d’avance parce que, même si Moroni ne manque pas d’atouts, elle ne sait pas encore les exploiter et les rentabiliser. En 2016, Moroni sera tellement balkanisée électoralement qu’il sera difficile de voir y émerger une candidature capable de fédérer les membres de la classe politique locale. lemohelien
Posted on: Sat, 19 Oct 2013 06:12:25 +0000
Trending Topics
Recently Viewed Topics
© 2015