Voici une liste de dopés - Mercredi 24 juillet 2013 - 20:55 - TopicsExpress



          

Voici une liste de dopés - Mercredi 24 juillet 2013 - 20:55 L’échéance avait été repoussée pour ne pas frapper trop fort le Tour de France. C’est finalement tombé ce mercredi : la fameuse liste des coureurs contrôlés rétrospectivement positifs à l’EPO sur les éditions 1998 et 1999, à l’initiative du Sénat. Qui a aussi livré ses propositions pour améliorer la lutte contre ce fléau : l’attendu rapport donne l’impression de traiter simultanément deux époques bien différentes sans en aider aucune. 138 personnes auditionnées pour une remise à plat, pas une révolution Leurs auditions de personnalités du sport, directement ou indirectement liées au dopage, en tout au nombre de 86 (138 personnes différentes en tout), avaient rythmé le début d’année : les sénateurs ont mené l’enquête dans le but de transformer en « longueur d’avance » la longueur de… retard qu’a aujourd’hui et depuis un bail la lutte antidopage. 19 « interrogatoires », puisqu’il s’agissait plutôt de cela dans les faits, concernaient le cyclisme. Les passages de Laurent Jalabert et Christian Prudhomme avaient été médiatisés car ils mettaient ces deux derniers, alors sélectionneur de l’équipe de France et patron du Tour de France, en difficulté. Celui de Travis Tygard, récent tombeur de Lance Armstrong à la tête de l’USADA, avait été le plus enrichissant. Celui d’Antoine Vayer, l’ancien entraîneur de Festina, qui calcule les watts des coureurs devant sa télévision pour dire s’ils sont dopés ou non, le plus divertissant. Mais aussi le plus révélateur : les sénateurs avaient accroché Vayer en ne cessant de lui demander des preuves des faits qu’il avançait, ce à quoi il répondait par d’autres questions comme pour instaurer un échange… face auquel les élus se braquaient. « C’est moi qui pose les questions. » Le membre actif de Change Cycling Now avait joué la provocation en se disant curieux de voir si ces dizaines d’auditions allaient vraiment permettre d’améliorer la lutte. On y vient : la commission d’enquête du Sénat a dévoilé ses propositions, qu’elle a elle-même résumées dans un document simplifié qui permet de comprendre quelles sont celles qui lui semblent être les plus importantes. Quatre orientations principales sont à retenir concernant la pratique en compétition et s’appliquant au cyclisme : - Créer une commission « vérité et réconciliation » pour « encourager la libération de la parole et mettre fin au climat de suspicion préjudiciable au monde sportif ». C’est une idée qui ne vient pas du Sénat, qui revient constamment depuis des mois, mais qui n’a jamais été mise en place, notamment par l’UCI. Il est également conseillé de réduire les sanctions des tricheurs qui coopérent pour faire tomber les trafics. Ca c’est déjà vu par le passé. - « Etablir une procédure de validation des calendriers sportifs par le Ministère des sports. » Dans le cyclisme, les équipes ont trente coureurs, les plus forts ne visent que quelques très grosses épreuves et s’accordent de longues places de récupération et d’entraînement. Et passer les grands tours de trois à deux semaines ne changerait rien à la tentation du dopage : c’est l’ambition de la victoire qui amène à tricher. - « Considérer par défaut toute manifestation sportive se déroulant en France comme nationale » : le but est là de permettre à l’AFLD d’être compétente pour les contrôles. Ce serait un plus, oui, à condition d’avoir les moyens financiers de le faire. Le sénat préconisant aussi de confier à l’instance la prévention et le pouvoir de sanction, ainsi que de l’informer davantage des procédures d’enquête. L’an dernier, l’USADA avait fourni à l’AFLD des preuves d’achat d’EPO de la part de Patrick Ciprelli, et l’AFLD a été très longue à dégainer derrière. Risque d’étranglement ? - « Elargir le champ des substances recherchées dans le cadre des analyses ». La limite de la proposition est-elle même expliquée par le Sénat : ça coûte cher, donc ça implique de réduire le nombre de prélèvements. L’auto-congratulation peut attendre Bref, il se confirme que l’amélioration de la lutte antidopage n’est pas un sujet facile et les préconisations du Sénat ont plutôt l’air destinées à remettre à plat le système, à corriger ses anomalies et incohérences, plutôt qu’à révolutionner le processus. Les sénateurs, au terme de leur intervention de ce mercredi matin, ont clairement incité les journalistes à se pencher en priorité sur le fond, sur les propositions : la copie rendue n’en fait pas un sujet d’actualité démentiel et montre surtout que des personnes travaillent sur ce thème en dehors des instances purement sportives. Certainement que des enseignements tirés des diverses auditions pourront être exploités en dehors du cadre public, tout n’ayant sans doute pas été écrit dans le rapport dévoilé ce jeudi. Et cette commission d’enquête aura probablement pour effet à court terme de renforcer l’espoir des chantres de l’antidopage et d’inquiéter les tricheurs, qui se rendent compte que l’essau se resserre de plus en plus. Sera-ce vraiment le cas dans les faits ? Ce n’est pas au rapport de le dire, mais au temps. Les résultats d’un tel travail ne pouvant être constatés avec immédiateté, c’est avec un certain malaise qu’ont pu être accueillies les quelques marques d’auto-congratulation ressenties ce jeudi matin dans le discours des deux « leaders » de la commission d’enquête, son Président Jean-François Humbert et son Rapporteur Jean-Jacques Lozach. Une once, aussi, d’incompréhension autour d’un élément annexe à ce rapport : une liste de bordereaux correspondant à des cas de contrôles positifs sur les Tours de France 1998 et 1999. La séance a été ouverte avec deux politiciens assurant fermement que le cyclisme, sport le plus auditionné avec le rugby, loin devant les autres, n’allait pas être le le plus concerné par leur intervention. Celle-ci terminée, ce sont pourtant des dizaines de noms de coureurs aujourd’hui pour la quasi totalité retraités qui sont sortis dans la presse par recoupement de dossards. Rien pour les autres sports. Comme toujours, le cyclisme et le « reste du monde sportif » s’opposent : les uns pestent sur la destruction des échantillons de la Coupe du monde de football 1998, les autres parlent de disque de rayé et de « pédaleux » frustrés. « Est-ce que l’on fait de la lutte antidopage ou une traque aux cyclistes ? », éructe Frédéric Moncassin, contrôlé positif selon la dite liste, auprès de 20minutes.fr. Une liste noire qui s’agrandit encore Tous les points de vue se défendent. Une seule chose est sûre : 1998, 1999, c’est le siècle dernier. Le rapport du Sénat cultive un paradoxe puisqu’il s’ambitionne progressiste pour la lutte antidopage, mais a été essentiellement conçu sur la base des ruines de la course à l’armement dévastatrice des années EPO. Sortir de façon détournée les noms des tricheurs de Tours de France qui appartiennent au passé, se contentant de dire aux journalistes qu’il feraient mieux de ne pas s’attarder dessus, c’est à la fois hypocrite et contre-productif. Primo, des coureurs chargés comme des mules à l’époque des faits ne sont pas (ou pas encore ?) dans cette liste, deuzio plusieurs membres de celle-ci ont soit déjà avoué, soit ne sont plus dans le monde du cyclisme. Quel intérêt de savoir en 2013 qu’il y a quinze ans, Bo Hamburger ou Laurent Desbiens prenait de l’EPO ? Quelle surprise que de tomber sur le nom d’Erik Zabel, de Jan Ullrich ou de… Marco Pantani ? Certes, quelques unes de ces coureurs blacklistés à posteriori sont encore dans le milieu du cyclisme et n’avaient jamais fait d’aveux formels : Abraham Olano, l’un des patrons de la Vuelta, qui d’ailleurs se défend d’avoir triché car il était « sous le contrôle de son équipe » ; Mario Cipollini, fabricant de cycles ; Jacky Durand, consultant TV ; Andrea Tafi, au contact des jeunes dans une équipe amateur italienne qui a notamment sorti Richie Porte ; Axel Merckx, lui aussi formateur chez Bontrager ; Stefano Zanini, DS d’Astana ; Pascal Chanteur, patron de l’Union des Cyclistes Professionnels ; Stuart O’Grady, retraité depuis 24 heures… Et ? Pendant ce temps-là, Bjarne Riis est toujours manager de Saxo-Tinkoff et une horde de coureurs de cette triste période du cyclisme exercent comme dirigeants, sans parler de médecins qui étaient sur le Tour de France 1998 (ou ont été impliqué dans des scandales postérieurs) et sont toujours dans le circuit comme si de rien était. La lutte antidopage, dans le cyclisme, pourra avancer si ce sport se défait des anciennes chaudières qui continuent d’enseigner le mal dans les équipes (des exceptions existent et la proportion n’est pas calculable). En agrandir la liste plutôt que de la diminuer à la faveur de règlements stricts aide-t-il à avoir « une longueur d’avance » ?
Posted on: Wed, 24 Jul 2013 21:17:43 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015