WIGWAM n. m. I. Hutte ou tente utilisée par les Amérindiens - TopicsExpress



          

WIGWAM n. m. I. Hutte ou tente utilisée par les Amérindiens semi-nomades de l’Amérique du Nord, dont la construction est caractérisée par le montage d’une structure, arquée ou conique, faites de perches recouvertes de bois d’écorces, de nattes ou de peaux d’animaux sauvages. LES EMPLOIS : 1. Chacun d’eux [Indiens] rentra dans son wigwam et en sortit bientôt […]. Tous ensuite se rendirent à la hutte [wigwam] de Membertou, et s’assirent en cercle, les jambes croisées autour d’une immense chaudière, placée sur trois pierres et sous laquelle brûlait un bon feu de branches de sapin. Cette hutte était formée […] d’écorces de bouleau, étendues contre des perches enfourchées pyramidalement, avec une ouverture au sommet, pour laisser passer les vapeurs. Des feuilles, recouvertes de peaux de loups marins et de nattes en paille de maïs servaient de siège et de lit tout à la fois. Ça et là pendaient les armes du sagamo [chef indien], au milieu des trophées de chevelures qu’il avait ravies à ses ennemis (Chevalier, Émile, H., « Histoire d’une famille canadienne » dans La Ruche littéraire illustrée, Montréal, Cherrier, G.H, 1859, p. 19, CELM[1]). 2. Sur la scène qui sétale dans le temps de Stadaconé jusquà Québec, défilent des peuplades associées à la forêt mixte qui lont utilisée chacune suivant sa culture et la trame historique. Quand Cartier visita en 1535 les bourgades huronnes ou iroquoises du Saint-Laurent, dautres peuples déjà, des millénaires plus tôt, y avaient dressé leurs wigwams et fait surgir de la pierre à feu létincelle qui embrase le feu de camp (Rousseau, Jacques, « La forêt mixte du Québec dans la perspective historique », in Cahiers de géographie du Québec, vol. 7, n° 13, 1962, p. 116, CELM). 3. Par rapport à la société chinoise qui est contrôlée de façon stricte par un grand appareil bureaucratique et autoritaire, les Amérindiens à la même époque appartiennent à des sociétés préétatiques et égalitaires où un individu ne peut donner dordres à un autre. Nomades, les Algonquiens habitent dans des wigwams, sorte dabris provisoires de forme conique ; cette habitation, couverte décorces ou de peaux en été comme en hiver, peut loger jusquà une douzaine de personnes. La famille qui habite dans le même wigwam est patrilinéaire et constitue la base de lorganisation sociale (Shenwen Li, Stratégies missionnaires des Jésuites français en Nouvelle-France et en Chine au XVIIe siècle, Thèse de doctorat, Québec, Université Laval, Département d’histoire, 1998, p. 46, CELM). 4. Les Hurons se seraient donc présentés « aux portes des wigwams du grand conseil » dans différentes nations algonquiennes, dans le village le plus oriental des Ojibwas, Pequaming, et, le visage noirci en signe de deuil, auraient raconté leurs malheurs pour susciter la « pitié » de leurs hôtes. Les Ojibwas auraient finalement accepté d’oublier les querelles passées et de les recevoir pour « amis ». Un chef de guerre, levant la hache, leur aurait promis la protection de son peuple, en les recevant comme des « enfants » (Havard, Gilles, Empire et métissages, Paris et Québec, PUP-Sorbonne et Septentrion, 2003, p. 221, CELM). DÉRIVÉ morphologique : « Ce sont surtout dans les travaux qui étudient un état de langue plus récent qu’on relève le plus grand nombre d’intégrations morphologiques. Ainsi dans le Dictionnaire des canadianismes (1989) de Gaston Dulong, on note […] wigwamer « monter une tente », de l’algonquien wigwam[2]. QUASI-ÉQUIVALENCE : Tipi, hutte (fr.). Pour plus d’informations, voir, infra, la rubrique encyclopédique. SYNTAGMATIQUE : Passer du wigwam au bungalow « se sédentariser, devenir sédentaire, en parlant des Amérindiens[3]. ÉTYMOLOGIE et HISTOIRE : Wigwam (1688) est emprunté à lalgonquin wiki8am « leur maison », « peut-être par une forme ojibwa (région du lac Supérieur) wigwaum ». Cette dernière forme est d’ailleurs employée par Chateaubriand dans les Mémoires d’outre-tombe (DHLF, 4141b). D’après A. M. Elliott, wigwam s’est infiltré dans certaines langues européennes sous l’influence des Hurons ou des Hurons-Iroquois puisque le m bilabial a été remplacé par le son [w] et son signe graphique —w. Ces modifications pointent en faveur de langlais américain comme agent, non seulement de mutation, mais d’intermédiaire avant d’atteindre le français, à moins que, comme dans le cas de tomahawk, il ne représente simplement que l’état d’une orthographe plus récente[4]. CATÉGORIE : Amérindianisme. RUBRIQUE ENCYCLOPÉDIQUE : Les mâts ou poteaux avaient différentes significations chez les peuples amérindiens rencontrés par les voyageurs [voir article »]. Les poteaux étaient d’usage courant dans la construction des campements comme les tipis (faits de poteaux droits et couverts de bouleau) et les huttes (tipi plus petits et temporaires couverts de feuillages), les wáginogans des Ojibwés (ou wigwams, structures hémisphériques faites de poteaux recourbés et couvertes d’écorce de bouleau) et leurs cäbandawans (wáginogans plus allongés). Il est probable que l’on voyait souvent, le long des routes de traite, les débris architecturaux des camps amérindiens abandonnés. Mais certains poteaux avaient une signification plus profonde. L’un des exemples les plus connus de piliers sacrés se trouve chez les Omahas. Appelé Umon’honti, le pilier sacré de la tribu omaha n’était pas qu’un objet matériel fait de peuplier, mais une personne vivante. Robin Ridington et Denis Hastings (In’aska) expliquent que le Pilier sacré « servait à symboliser l’unité de la tribu en un temps où ils se déplaçaient d’un endroit à l’autre. Il se tint debout pour leur identité tribale au cours de la belle époque où ils contrôlaient la traite en amont et en aval du Missouri ». Les conceptions et les usages de ces piliers chez les Amérindiens ont-ils influencé les pratiques des voyageurs, ou est-ce l’usage que les voyageurs faisaient des arbres de mai qui a influencé les peuples autochtones[5]. --------------- [1] CELM : Centre dÉtudes Linguistiques de la Mauricie, Trois-Rivières, Serge Fournier (dir.), «sergiusfournier@gmail». [2] Faribault, Marthe « Lemprunt aux langues amérindiennes », in Français du Canada – Français de France. Actes du troisième colloque international dAugsbourg du 13 au 17 mai 1991, publiés par Hans-Josef Niederehe et Lothar Wolf, Tübingen (Allemagne), Max Niemeyer Verlag, 1993, p. 206, § 3 (Canadiana Romanica 7). [3] Dulong, Gaston, Dictionnaire des canadianismes, Québec et Paris, Septentrion et Larousse, 1989, p. 459b. [4] Elliott, A. M., « Speech mixture in French Canada » in American Journal of Philology, vol. VIII, 2, No 30, p. 146. [5] Podruchny, Carolyn, Les Voyageurs et leur monde. Voyageurs et traiteurs de fourrures en Amérique du Nord, Québec, PUL, 2009, p. 135-136. La première édition paraît en anglais, aux Presses de l’Université du Nebraska en 2006.
Posted on: Sat, 02 Nov 2013 14:20:26 +0000

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