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Zoom sur le dernier phénomène social en France... François Hollande a-t-il tort de minimiser les ‘bonnets rouges’ ? Rédaction La Libre DORIAN DE MEEÛS Publié le samedi 16 novembre 2013 INTERNATIONAL Nous n’avons strictement aucun contact avec Paris ! Cela fait 3 semaines que nous demandons des contacts, mais nous n’en avons pas du tout... Quand la grogne sociale s’organise dans un collectif breton aussi diversifié que déterminé, le sommet de l’Etat ne sait plus comment calmer le jeu. Entre manifestations massives et dérapages violents, les bonnets rouges deviennent incontournables. L’extrême droite tente de récupérer cette mobilisation grandissante. Christian Troadec, la figure de proue des ‘bonnets rouges’, est l’Invité du samedi de LaLibre.be Ancien journaliste puis patron de presse locale, Christian Troadec sait comment faire passer un message. Ce maire Divers gauche de la petite ville bretonne de Carhaix assume son étiquette régionaliste, mais rejette celle de populiste. Entretien . Comment est né l’actuel phénomène des ‘bonnets rouges’ ? C’est un rappel à notre Histoire et au célèbre mouvement de 1675, qui est une révolte bretonne contre un impôt supplémentaire édictée par Louis XIV pour financer les guerres de Hollande. Dans notre cas, on s’est levé contre l’écotaxe sur les poids lourds qui plombe un peu plus notre industrie agro-alimentaire en augmentant les coûts sur nos produits. Clairement, sans cette nouvelle taxe, votre collectif n’existerait pas aujourd’hui ? L’écotaxe a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Cette nouvelle fiscalité a cristallisé toutes les oppositions. Les ras-le-bol fiscal et social étaient déjà bien perceptibles avant l’écotaxe. La pilule commence à être dure à avaler. Nombreux sont ceux qui étaient extrêmement inquiets par rapport aux pertes d’emplois et aux licenciements dans les usines qui ferment, tout particulièrement dans le Finistère. Le climat anxiogène était palpable, il fallait juste que le gouvernement évite la mesure de trop… C’est raté ! La difficulté pour le gouvernement français, c’est qu’il ne fait pas face à un syndicat clairement structuré et représenté, mais à un collectif où l’on retrouve des gens de gauche comme de droite. Nos membres sont en effet d’origines très différentes. C’est d’ailleurs ainsi qu’on l’a souhaité dès le départ afin de mieux représenter tous les visages de la Bretagne. On dénombre des paysans, des marins, des ouvriers, des petits commerçants, des artisans, de simples citoyens,… Bref, les acteurs socio-économiques et culturels de la Bretagne. Cette diversité n’est-elle pas la cause des dérapages que l’on constate parfois, comme les très nombreuses destructions de radars routiers ou de portiques écotaxe ? Certains actes sont clairement violents. En réalité, très peu. Je pense en particulier à la manifestation de Quimper qui a réuni 30.000 personnes dans le calme. Les échauffourées, c’étaient quelques personnes qui n’étaient pas venues dans l’esprit de cette manifestation qui se voulait calme et pacifique. Ces gens ont simplement profité de la manifestation pour semer un peu de désordre. Ceux qui s’en prennent aujourd’hui aux radars n’ont rien à voir avec notre mouvement. D’ailleurs, on les condamne. On les dénonce. Vu qu’ils commettent certains actes de vandalisme avec des bonnets rouges, vous ne craignez pas de devenir un symbole national d’opposition à François Hollande, comme ont eu tendance à le devenir les anti- Mariage pour tous ? Non, bien au contraire, car on est prêt à discuter avec François Hollande. La révolte des bonnets rouges de 1675, ce n’était pas seulement une réaction, c’était aussi une construction pour se faire entendre du pouvoir de Paris (ou Versailles) avec des doléances clairement établies. Nous aussi, nous sommes dans une dynamique de proposition de solutions à nos problèmes. Notre priorité, c’est de mettre fin au dumping social et à la distorsion de concurrence entre les pays européens. Exemple : un salarié d’un abattoir en Allemagne est payé 5 ou 6 euros de l’heure parce qu’il vient de Roumanie et bénéficie de la directive sur le détachement des travailleurs, alors qu’en Bretagne on est à 17 ou 18 euros. Rien qu’avec le coût du travail, les produits bretons ne sont plus du tout compétitifs. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a proposé son Pacte d’avenir pour la Bretagne . Un catalogue de mesurettes à vos yeux ? Comme toujours en France, c’est pensé par des technocrates de Paris et imposé à la Bretagne. Or, nous, on souhaite que notre redressement puisse être pensé, organisé et développé par les Bretons. Paris pourra ensuite nous fournir les moyens et outils nécessaires demandés pour y parvenir. Ici, on est toujours dans le schéma inverse, celui du dictat de Paris. Vous parlez de la Bretagne comme celui qui doit légiférer et exécuter toute la politique régionale. Votre collectif n’est-il en réalité pas un mouvement indépendantiste breton ? Non, pas du tout. Les sensibilités et opinions politiques sont très diverses au sein du collectif. Cela n’a strictement rien à voir avec une affirmation de volonté d’indépendance. On peut plutôt le qualifier de régionaliste et de rapport de force avec Paris. Justement, quelles sont vos relations avec le gouvernement ? Nous n’avons strictement aucun contact avec Paris ! Cela fait 3 semaines que nous demandons des contacts, mais nous n’en avons pas du tout… On commence à voir des récupérations politiques de votre mouvement, comme Jean-Marie Le Pen qui s’est affiché avec un bonnet rouge sur la tête. Cela vous inquiète, vous qui êtes un élu Divers gauche? Nous condamnons et je condamne tout particulièrement le Front national. Je lutte contre le Front national. Le FN est un poison pour le Bretagne et, au contraire, nous constituons un antidote contre ce poison. Je crois que Le Pen a dû confondre avec un béret rouge, ce qui lui va beaucoup mieux… Vous annoncez un durcissement du mouvement, mais concrètement, quelles actions allez-vous prendre ? Un grand rassemblement est prévu le 30 novembre dans un lieu qui reste à déterminer. D’ici-là, certaines corporations vont faire des actions locales. Ce sera le cas des transporteurs ce samedi. Chacun y va de sa partition en attendant cette grande manifestation. Mais on garde espoir d’être entendu avant… Et vous sentez que la mobilisation s’étend, prend de l’ampleur ? Oui, il y a une lame de fond contrairement à ce que le gouvernement prétend. Jean-Marc Ayrault et la ministre de la Décentralisation Marylise Lebranchu tentent de minimiser le mouvement et l’importance du collectif. Ils se trompent, il est évident qu’une lame de fond voit le jour en Bretagne. Nous avons bien l’intention d’obtenir des avancées prochainement en faveur de l’emploi et de la Bretagne. On ne se limitera pas à la suppression de l’écotaxe - aujourd’hui suspendue – mais on attend la fin du dumping social et des vraies mesures pour notre région. lalibre.be/actu/international/francois-hollande-a-t-il-tort-de-minimiser-les-bonnets-rouges-5283a6fb3570aa4f7904cc8a
Posted on: Sat, 16 Nov 2013 12:42:21 +0000

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