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le 27 juin 2012, Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE, (Direction générale de la sécurité extérieure, service de renseignement extérieur de la France) reconnu bien au-delà de l’Hexagone pour son expertise du monde arabo-musulman, L’expression printemps arabe est censée faire référence au « Printemps des peuples » de 1848. Depuis la révolte de Sidi Bouzid, le 17 décembre 2010, la contagion s’est étendue de la Tunisie successivement à l’Égypte, à la Libye, à Bahrein, au Yémen et enfin en Syrie. Contrairement à ce qui a pu être dit, ces contestations populaires, d’une ampleur et d’une intensité très variables, n’ont pas été le fait des réseaux sociaux, dans des pays où l’accès à Internet est réduit à une minorité de personnes branchées et où les moyens de blocage du Net sont très développés. De plus, beaucoup des leaders de la cyber-contestation sont en fait des agents formés et pilotés par la CIA. Même si les aspirations de ces divers peuples visaient à chasser des dirigeants corrompus pour favoriser l’instauration d’une démocratie, les manifestants en reprenant le slogan « Dégage ! » (« Erhal » en arabe) entendaient réclamer un meilleur partage des richesses pour améliorer leurs conditions de vie, obtenir des emplois et retrouver une certaine dignité (« karama » en arabe). En fait, ces révoltes, révolutions ou encore « réveil arabe » ont en commun d’avoir été financées par le Qatar et d’autres monarchies du Golfe et d’avoir été encadrées par les Frères musulmans. Le résultat ne s’est pas fait attendre : on en voit déjà les effets en Tunisie, en Libye et bientôt en Égypte. La question que l’on est en droit de se poser est : par quel miracle, les Européens ont-ils pu soutenir à ce point des mouvements qui vont à la fois à l’encontre des intérêts mêmes de ces populations et aussi des nôtres. Si la démocratisation de ces pays ne nous laisse pas indifférent, les voir retomber dans une nouvelle forme de soumission plus insidieuse n’augure rien de bon pour l’avenir. Depuis plus d’un an, ce printemps arabe n’en finit pas. La Syrie est le dernier pays à avoir été pris dans une tourmente qui a mis le pays à feu et à sang. Les pires conjectures formulées au premier semestre 2011 concernant les mouvements de révolte arabes deviennent aujourd’hui réalité. Je les avais largement exposées dans divers ouvrages et revues à contre courant d’une opinion occidentale généralement enthousiaste et surtout naïve. Car il fallait tout de même être naïf pour croire que, dans des pays soumis depuis un demi-siècle à des dictatures qui avaient éliminé toute forme d’opposition libérale et pluraliste, la démocratie et la liberté allaient jaillir comme le génie de la lampe par la seule vertu d’un Internet auquel n’a accès qu’une infime minorité de privilégiés de ces sociétés. Une fois passé le bouillonnement libertaire et l’agitation des adeptes de Facebook, souvent manipulés par les Américains, il a bien fallu se rendre à l’évidence. Le pouvoir est tombé dans les mains des seules forces politiques structurées qui avaient survécu aux dictatures nationalistes parce que soutenues financièrement par les pétromonarchies théocratiques dont elles partagent les valeurs et politiquement par les Occidentaux parce qu’elles constituaient un bouclier contre l’influence du bloc de l’Est : les forces religieuses fondamentalistes. Et le « printemps arabe » n’a mis que six mois à se transformer en « hiver islamiste ». En Tunisie et en Égypte, les partis islamistes, Frères musulmans et extrémistes salafistes se partagent de confortables majorités dans les Parlements issus des révoltes populaires. Ils cogèrent la situation avec les commandements militaires dont ils sont bien contraints de respecter le rôle d’acteurs économiques dominants mais s’éloignent insidieusement des revendications populaires qui les ont amenés au pouvoir. Constants dans leur pratique du double langage, ils font exactement le contraire de ce qu’ils proclament. En, Égypte, après avoir affirmé sur la Place Tahrir au printemps 2011 qu’ils n’aspiraient nullement au pouvoir, ils revendiquent aujourd’hui la présidence de la République, la majorité parlementaire et l’intégralité du pouvoir politique. En Tunisie, et après avoir officiellement renoncé à inclure la charia dans la constitution, ils organisent dans les provinces et les villes de moyenne importance, loin de l’attention des médias occidentaux, des comités de vigilance religieux pour faire appliquer des règlements inspirés de la charia. Ce mouvement gagne progressivement les villes de plus grande importance et même les capitales où se multiplient les mesures d’interdiction en tous genres, la censure des spectacles et de la presse, la mise sous le boisseau des libertés fondamentales et, bien sûr, des droits des femmes et des minorités non sunnites. Et ces forces politiques réactionnaires n’ont rien à craindre des prochaines échéances électorales. Largement financées par l’Arabie et le Qatar pour lesquels elles constituent un gage de soumission dans le monde arabe, elles ont tous les moyens d’acheter les consciences et de se constituer la clientèle qui perpétuera leur domination face à un paysage politique démocratique morcelé, sans moyens, dont il sera facile de dénoncer l’inspiration étrangère et donc impie. .........
Posted on: Mon, 04 Nov 2013 03:13:38 +0000

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