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les décisions économiques entre lutte de pouvoir et d’influence Après près de trois mois d’absence, le président de la République est revenu en Algérie la semaine dernière. Une absence remarquée dont l’incidence aussi bien sur le plan politique qu’économique, tant au niveau local qu’international ne fait pas l’unanimité entre ceux qui parlent de «blocage» et ceux qui décrivent une situation de normalité. Dans une tentative de combler le vide, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a été omniprésent sur le terrain, au même titre que ses ministres, presque autant que la présence virtuelle du chef de l’Etat par le biais des nombreux messages qu’il a transmis depuis Paris, à diverses occasions. Cela a-t-il été suffisant pour assurer la continuité des affaires économiques du pays et donner l’illusion que tout fonctionne ? Rien n’est moins sûr. Pour Boubekeur Derguini, ancien député à l’Assemblée populaire nationale, «ce n’est pas le gouvernement qui active, mais plutôt le Premier ministre, Sellal, qui cherche à se placer sur l’orbite de la succession en tenant compte des expériences antérieures. C’est-à-dire, en donnant l’impression que le jeu est ouvert pour intéresser des figurants et des lièvres potentiels». Car, en réalité, «la Constitution actuelle concentre tous les pouvoirs entre les mains du Président», observe Abderrahmane Mebtoul, économiste, pour qui Sellal a pour seule mission d’«assurer la gestion des affaires courantes». A partir du moment où on reconnaît que le Président est seul maître à bord, on ne peut donc pas prétendre que son absence a été sans incidences, notamment sur le plan économique «Les grandes décisions économiques, même du temps d’Ouyahia, se prennent au niveau de la Présidence. Les décisions concernant les investissements arabes ont été prises par le Président à ma connaissance, mais il est en relation avec les services de sécurité. Le véritable pouvoir économique est concentré à la Présidence. Ce ne sont ni les ministres ni le Premier ministre», souligne notre interlocuteur. L’image du Président qui concentrerait la totalité de tous les pouvoirs est pourtant nuancée par Bachir Mazouz, expert en management stratégique et gouvernance publique. Selon lui, «les ‘‘bons’’ présidents et souverains de ce monde se réservent la formulation des orientations générales sans avouer qu’ils ne peuvent ni savent quoi ni comment faire. C’est le secret de la gouvernance». Toutefois, «l’économie des États faiblement institutionnalisés, c’est-à dire dont les institutions économiques et administratives sont peu ou pas du tout fonctionnelles, n’est pas tributaire des personnes mais des coalitions dominantes». C’est, selon le professeur Mazouz, «le secret des dirigeants politique et militaires algériens depuis 1979». En Algérie, le pouvoir des décisions économiques est souvent associé à des cercles, des clans, des lobbys dont le pouvoir d’interférence et d’influence serait davantage qu’une simple vue de l’esprit. Faux, estime M. Mebtoul pour qui «rien ne peut se faire sans l’aval du Président, du moins avant sa maladie et d’ailleurs toutes les grandes nominations c’est lui qui les fait». Influence L’on se souvient pourtant des déclarations de l’ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui avouait l’impuissance du gouvernement devant l’«alliance de la mafia financière avec les barons du commerce». Le patron de Cevital, Issad Rebrab, dénonçait encore récemment le blocage de ses investissements par «une partie influente», évoquant le Président et son «entourage». La «concentration des pouvoirs entre les mains du Président ne veut pas dire nécessairement qu’il tient les rênes», estime M. Derguini. La dernière révision constitutionnelle a «élargi ses prérogatives», mais le Président «fait partie du système». A ce titre «il en incarne la face la plus visible ; mais il s’efface face au pouvoir réel dans l’exercice de ses fonctions et de ses attributions». Aujourd’hui, il y a un Parlement «de façade qui observe passivement les événements, puisque le gouvernement n’a de compte à rendre réellement qu’au président de la République». Le renforcement du pouvoir présidentiel a donc «rendu systématiquement impossible son exécution à l’échelle individuelle», en théorie, mais en réalité, ce sont «les tenants du pouvoir réel» qui ont vu «leur ascendant consolidé, ce qui leur permet d’exercer leur influence et de contrôler le pays comme ils l’entendent». Quelle que soit la manière dont l’organisation du pouvoir est imaginée et expliquée par les acteurs et observateurs de la scène politique et économique, il semble difficile d’écarter l’idée du «blocage», comme incidence de l’absence du Président, mais pas uniquement. L’avocat Mokrane Aït Larbi parlait récemment sur les colonnes d’El Watan d’un «blocage institutionnel» qui «n’est pas le résultat direct de la maladie du Président», mais le résultat de la révision constitutionnelle de 2008. «Le Président a entre les mains tous les pouvoirs : il est chef de l’Etat, du gouvernement, ministre de la Défense nationale, il légifère par ordonnance…». Cette situation ajoutée à «sa maladie et l’absence des partis politiques et de la société civile ne peuvent que conduire à ce blocage», dit-il.
Posted on: Tue, 23 Jul 2013 17:39:34 +0000

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