حوار في لونفال ابسيرفاتور الفرنسية - TopicsExpress



          

حوار في لونفال ابسيرفاتور الفرنسية مع فرنسوا بورجا الباحث في شؤون الحركات الإسلامية ------------------------------------------------------------------------------------------- TUNISIE. Le retrait dEnnahda nest pas un échec de lIslam politique Publié le 29-10-2013 à 11h32 Par Céline Lussato Le politologue François Burgat, de retour de Tunis où il a rencontré le leader du parti islamiste Rached Ghannouchi, met en garde contre la tentation dextrapoler les difficultés dEnnahda. Interview. François Burgat est politologue à lInstitut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman(IREMAM - Aix-en-Provence). Il consacre l’essentiel de ses travaux à l’étude des dynamiques politiques et des courants islamistes dans le monde arabe. De retour de Tunis, où il a notamment rencontré le fondateur du parti islamiste Ennahda, il met en garde contre la tentation dextrapoler les difficultés de ce parti au point d’en faire un échec de l’Islam politique. Si la feuille de route est bel et bien appliquée, le Premier ministre Larayedh cédera sa place dici 8 jours et son équipe dans les deux semaines suivantes. Cela vous semble-t-il effectivement envisageable ? Les Tunisiens (presse, blogueurs...) semblent sceptiques. - La décision de se plier au strict respect de la feuille de route a effectivement été chaudement débattue dans le camp gouvernemental. Mais elle semble désormais acquise. Les ultimes tractations en coulisse concernent sans doute les garanties que réclame Ennahda contre les manœuvres judiciaires que lopposition pourrait tenter à l’encontre des dirigeants ou des ministres issus de ses rangs. Dans quel état desprit est le fondateur du parti islamiste Ennahda Rached Ghannouchi en ce moment ? Lopposition accuse les islamistes davoir voulu saccrocher au pouvoir. Ont-ils renoncé ? Après tout, ils gardent une forte proportion de lAssemblée nationale constituante (ANC). - Ghannouchi la déclaré clairement : il reconnaît que la légitimité électorale du gouvernement était affaiblie. Mais il na pas lintention de voir son parti se retirer. Ennahda ne quitte pas le pouvoir mais seulement le gouvernement... Le parti reste à lANC et il participe également au choix du nouveau gouvernement, dit-il. Ce retrait du pouvoir exigé par lopposition a paradoxalement toutes les chances de servir Ennahda. Les électeurs, souligne encore Ghannouchi, auront ainsi tout le loisir de réaliser que notre retrait du gouvernement ne suffira pas à résoudre instantanément tous les problèmes auxquels ils sont confrontés. La grande colère exprimée par les forces de lordre a encore alourdi le climat dinstabilité dans le pays. A quoi est-elle due ? Que peut-il en résulter ? - La grande colère des forces de lordre est manifestement instrumentalisée par lopposition à travers ses relais dans les syndicats de gauche. Elle a pris le risque considérable de faire entrer la police dans larène politique. Sur toile de fond de ces assassinats très mystérieux qui surviennent immanquablement lors de chaque progrès du dialogue national, cette fronde policière est une composante de la stratégie de tension entretenue par le tandem de lopposition de gauche et des forces liées à lancien régime. Cette stratégie manifeste à mes yeux la crainte de l’opposition face à une échéance électorale que, à la régulière, elle n’est absolument pas sûre de pouvoir remporter. Cette nouvelle déstabilisation peut-elle un peu plus peser sur les négociations en cours en vue de nommer un nouveau gouvernement, achever la Constitution, organiser de nouvelles élections... Le tout dans un temps record ? - La nouvelle Constitution est désormais à peu près achevée, notamment parce quEnnahda a fait toute une série de concessions majeures, sur des questions de société ainsi que sur la forme de lexécutif qui sera présidentialiste plutôt que parlementaire comme les islamistes l’auraient souhaité. Les délais (près de huit mois) dans lesquels doivent se tenir les élections sont en fait tout à fait tenables. Encore faut-il quaucune de ces forces qui, à mon sens, continuent de redouter la sanction des urnes, ne cèdent à la tentation de trouver un raccourci égyptien vers le pouvoir. Ne sous-estimez vous pas le discrédit qu’a valu aux islamistes leur difficile expérience du pouvoir ? - Un parti n’accède pas impunément au gouvernement qui inaugure la sortie d’une séquence autoritariste lorsque, dans un environnement régional globalement hostile, ses militants, dans leur écrasante majorité, sont coupés depuis plusieurs décennies de la haute administration ou du monde des finances et de l’économie. Ennahda a donc indiscutablement payé le prix de son apprentissage, difficile, de l’exercice du pouvoir. Il convient pour autant de résister à la tentation didéologiser ces difficultés et de les extrapoler au point d’en faire un échec de l’Islam politique ou cette débâcle des islamistes que l’on nous annonce chaque année depuis trente ans à propos de l’Iran. La répulsion de la bourgeoisie francophone (ou de l’immense majorité des observateurs étrangers) à l’égard d’Ennahda a vraisemblablement un écho beaucoup plus limité dans les profondeurs de la société. Si discrédit, très relatif, il y a, il tient aux limites de leur efficacité en tant que gestionnaires mais certainement pas à leur couleur politique. Propos recueillis par Céline Lussato – le lundi 28 octobre
Posted on: Tue, 29 Oct 2013 12:57:19 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015