60 %. C’est le taux des marchés de gré à gré qui ont été - TopicsExpress



          

60 %. C’est le taux des marchés de gré à gré qui ont été attribués au premier trimestre 2013 en Côte d’Ivoire. Une situation totalement inédite dans l’histoire du pays. Même en 1998, à la fin du règne de Henri Konan Bédié, les dérives en matière de gestion n’étaient jamais allées aussi loin… C’est l’hebdomadaire Jeune Afrique qui donne l’information dans un « indiscret » que l’on peut lire dans sa dernière livraison. Les attributions de marchés publics de gré à gré ont connu, au premier trimestre 2013, une progression affolante. Elles représentent désormais 60% du volume total des passations autorisées ! En 2012, le gré à gré avait déjà pris l’ascenseur, si l’on se fie aux chiffres publiés par le site Internet l’Agence nationale de régulation des marchés publics (ANRMP) : il représentait environ 40% des marchés approuvés, contre 29,52% en 2011, 31,22% en 2010 et 27,84% en 2009. La tendance observée au premier trimestre 2013 laisse transparaître une dérive dans la passation des marchés de gré à gré (et donc dans la gouvernance) inédite depuis au moins l’an 2000. Même durant les années terribles 2005 et 2006, après la quasi-guerre franco-ivoirienne, les marchés de gré à gré représentaient 40% de l’ensemble des marchés approuvés. L’information est d’autant plus inquiétante qu’avec le retour des bailleurs de fonds internationaux, les sommes investies dans les marchés publics ont considérablement augmenté. En 2012, les sommes drainées par les « marchés » ont représenté environ 416 milliards de FCFA, contre 166 milliards en 2011 et 263 milliards en 2010. En 2012, le gré à gré, c’est-à-dire les marchés octroyés sans aucune ouverture à la concurrence (à la tête du client, donc) a représenté 162 milliards de FCFA. Une somme affolante ! Et inédite ! Il faut remonter à 1998, sous la présidence d’Henri Konan Bédié pour observer une telle dérive en matière de gouvernance. Les marchés de gré à gré avaient représenté environ 136 milliards de FCFA, mais ils étaient toujours contenus en-dessous de la barre de 50% de l’ensemble des marchés approuvés. Quand on sait que la situation a empiré cette année, il y a de quoi se faire du mauvais sang. Un boulevard vers une nouvelle situation de surendettement… Les bailleurs de fonds traditionnels, qui multiplient les satisfecit en ce qui concerne la gestion économique d’Alassane Ouattara, diront-ils demain qu’ils ne savaient pas que les très importantes sommes d’argent prêtées à la Côte d’Ivoire étaient dépensées dans la plus totale opacité, avec les risques de surfacturation massive que les procédés utilisés induisent naturellement ? Quand le pays des Eléphants sera à nouveau tombé dans la nasse du surendettement après les méfaits de ce régime, les générations suivantes ne seront-elles pas fondées à refuser de rembourser les sommes dilapidées par un régime porté à bout de bras par la « communauté internationale » qui l’a littéralement installé et l’a soutenu alors qu’il faisait taire toute voix dissidente ? Conscient de l’impact négatif du recours majoritaire au gré à gré, Non Karna Coulibaly, président de l’ANRMP a choisi de prendre les devants, sans doute pour anticiper les critiques qui ne manqueront pas de s’exprimer. Il a décidé de « dresser un état des lieux de ces passations de marchés », selon Jeune Afrique. Qui ajoute que « la sélection du cabinet chargé de cette étude est attendue prochainement » et que les marchés publics dont l’exécution traîne en longueur seront « passés au crible ». Une manière de gagner du temps et de créer l’illusion du mouvement ? Dans un pays où le chef de l’Etat demande publiquement à son Premier ministre (à l’époque Jeannot Ahoussou Kouadio) un audit de la passation du marché de l’Université Félix Houphouët-Boigny, et où cette demande reste lettre morte sans conséquences, on a le droit de se poser certaines questions. Philippe Brou
Posted on: Wed, 24 Jul 2013 15:42:25 +0000

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