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A propos de la résilience Il est bien évident que le parcours d’une victime d’inceste est une succession de plusieurs “pièces”, j’aime utiliser ce terme de pièce ou de “sas de sécurité”, car il nous faut ouvrir une porte et en refermer une autre pour pouvoir avancer dans le parcours qui est le nôtre. Nous ne pouvons pas ouvrir deux sas en même tempscar nous devons régler les problèmes de la pièce précédente avant de devoir affronter la nouvelle qui nous attend. Je suis actuellement dans mon sas de “résilience”, ce sas est l’un des plus importants pour une victime, car il fait partie de la finalité du parcours, très complexe à expliquer en quelques lignes. La résilience est une fin en soi, car cela signifie que nous avons ouvert, résolu, et fermé les autres sas que nous devons parcourir en tant que victime. La résilience passe par l’acceptation de sa condition, de son passé, elle passe aussi par l’absence de sentiment de haine à l’encontre de son ou de ses bourreaux. Nous savons en tant que victime quand nous entrons dans cette pièce là, ou que nous sommes sur le point d’y entrer, car nous sommes plus sereines, plus apaisées, moins oppressées par notre enfer. On apprend à lâcher prise sur ce qui nous a paralysées tant d’années par le passé.Je me permets d’ajouter ici les textes que j’ai déjà publiés sur le site internet de l’association à propos de la résilience pour aider les victimes. Le texte qui suit est librement inspiré des propos, entre autres, de Boris Cyrulnik et de mon propre parcours. - Résilience, résilier : ce mot latin signifie ressauter, rebondir. Exemple: je rebondis, j’ai été agressé, je contre-attaque ; le mot donne aussi le contrat avec le passé. Est-ce que les mécanismes de défense sont des tuteurs de résilience ou pas Sous l’effet d’un processus de résilience, une victime peut s’en sortir, tout en transformant sa souffrance en force créatrice ou libératrice.La psychanalyse nous a appris à penser les mécanismes de défense comme des mécanismes coûteux. La résilience est un processus coûteux. Exemple: lorsque l’on est blessé, traumatisé, ce n’est pas un avantage, cela ne nous aide pas à nous développer. Mais la résilience nous dit qu’il y a un développement possible malgré la blessure. Nous pouvons en faire quelque chose. Ces mécanismes de défense coûteux peuvent faire souvent un tuteur de résilience. Exemple: le déni est un mécanisme de défense, le clivage est un mécanisme de défense terriblement coûteux, puisque la personnalité est coupée en deux. Mais nous pouvons en faire quelque chose, et les deux parties peuvent être recousues .C’est -a-dire que les filles sont très délabrées, et les garçons encore plus délabrés, à cause de la pénétration. La maltraitance est travaillée par des professionnels, des chercheurs, des cliniciens et par des personnes qui n’ont aucune formation professionnelle, comme des associations, des anciennes victimes qui ont fait un travail scientifique. Un des mécanismes le plus précieux de la résilience est de chercher à comprendre. Le processus de résilience: Narrativité : Aptitude à se représenter quelque chose qui n’est pas là, être capable d’une représentation dans le temps. La narrativité joue un rôle majeur dans la théorie Le fait d’être capable de parler de quelque chose qui n’est plus, donne vie aux fantômes, c’est à dire que nous pouvons alors donner la parole aux problèmes de nos parents, nous pouvons donner la parole à des évènements, des traumatismes que nous avons subis 10 ans auparavant, 20 ans ou plus. C’est l’aptitude à la parole qui fait notre merveille, mais fait notre souffrance aussi. Nous arrivons à nous faire violence avec la représentation de quelque chose qui n’est pas là, c’est-à-dire avec un fantôme.Un fantôme est l’apparence de quelqu’un qui est mort, or, lorsque l’on a été traumatisé, l’on a été mort. Tous les gens qui ont connu un traumatisme disent: je reviens à la vie, je sors de l’enfer, j’ai été morte pendant 20 ans, 30 ans. Ce sont des mots qui traduisent un réel sentiment éprouvé dans le corps. La narration : acte de parole, la parole a une fonction bien plus affective qu’informative. L’acte de parole a un effet tranquillisant. L’empathie : c’est l’aptitude à se mettre à la place d’un autre, c’est une reconstruction. Cette reconstruction est permise par les interactions affectives Le déni : refus d’une chose due, de remplir une promesse. Exemple: déni de justice = refus fait par un juge de rendre justice. Le déni peut être comportemental (je ne veux pas le voir). Le déni peut être émotionnel (on tourne la page, c’est du passé). Le déni peut être psychologique (dans un premier temps, c’est souvent un mécanisme de défense et dans un second temps, c’est une amputation de la Avant le récit, la narration, il y a une préparation, un type de développement soit émotionnel, biologique, ou psychologique. Le traumatisme, la déchirure arrive sur une personnalité de manière différente pour chacun d’entre nous. La construction de cette personnalité dépend en partie du programme biologique, sinon sur le plan psychologique, nous avons pratiquement tous les mêmes promesses, mais nous n’avons pas tous la même histoire, le même développement. Au moment où arrive le traumatisme, nous sommes déjà constitués par nos développements, nos histoires. Le développement a une connotation plus biologique même si elle exige un environnement affectif. L’histoire a une connotation, plus une représentation verbale de soi, de son identité narrative (qu’est-ce que je suis ?). Donc les discours privés et publics se mélangent pour participer à la constitution de mon identité. L’indifférence est un facteur de protection et non un facteur de L’adaptation n’est pas un facteur de résilience. Exemple: je fige mes émotions, car pour moi souffrir est un facteur d’adaptation, mais cela dure trop de temps. Cela m’empêche de revenir à la vie. Donc ce n’est pas un facteur de résilience. Tuteurs de développement : un enfant non déchiré voit autour de lui Maman, Papa, le frère, bref, tous ces tuteurs de développement dont l’enfant a besoin pour devenir luimême. L’enfant se « dépatouille » autour de ces tuteurs pour se ficeler autour Tuteurs de résilience : c’est lorsqu’il y a eu un traumatisme, une déchirure grave, une blessure. Et c’est avec cette déchirure que les enfants devront reprendre un type de développement. Mémoire épisodique : Je me rappelle quelques flashs, quelques images de ma Mémoire sémantique : c’est le récit que j’en fais. L’acte de parole nous rétablit dans le monde des humains. Narration orale : le fait de faire une narration orale ou une narration écrite, ce n’est déjà pas le même travail affectif. Dans la narration orale, celui qui écoute participe à l’acte de parole de la victime Narration écrite : Exemple: J’ai la possibilité de faire un remaniement cognitif de mon émotion. Je vais chercher à bien m’expliquer, je vais corriger. J’ai une maitrise émotionnelle, une plongée intime qui n’est pas tout à fait le même travail que lorsque je m’adresse a quelqu’un. Même s’il se tait, il participe à mon discours, par ses manifestations physiques, ses réactions verbales ou silencieuses. Pour la résilience, les 2 manières de travailler sont nécessaires : Travailler la parole avec quelqu’un, même s’il n’est pas d’’accord, s’il m’affecte, c’est un travail nécessaire. Le travail de la parole retranscrite qui n’est pas le même effort, ne correspond pas à la même zone du cerveau, ne correspond pas à la même fonction d’élaboration. Exemple: lorsque j’ai écrit mon drame, sur un journal intime, sur une lettre ou autre support, je l’ai objectivé (je peux la corriger, y revenir). Ce sont deux manières d’élaborer le traumatisme : toutes les deux sont complémentaires, toutes les deux correspondent à des expressions de soi Mais il n’y a pas que la parole: il peut y avoir le dessin, le théâtre, la poésie... Nous ne pouvons pas faire parler un enfant, le faire dessiner n’importe comment. Mais c’est important de lui proposer tous les canaux d’expression : dessin, parole, écrit, théâtre, poésie ou autre. Exemple: la poésie est certainement une fonction désuète dans un pays en temps de paix. La poésie est très importante en tant de guerre parce que c’est une manière de dire, de trouver les jolis mots, des jolies musiques, pour décrire l’horreur. On ne peut pas dire l’horreur cliniquement, car c’est encore plus horrible. Dire les choses telles qu’elles se sont passées paraît obscène. Très souvent, les victimes disent qu’elles ont honte d’elles-mêmes, alors qu’elles sont victimes. Exemple : j’ai été blessé, mutilé. J’ai été violé, donc je suis un peu moins que les autres. C’est un raisonnement psychologique même si ce n’est pas logique. Pour réparer leur honte, nous ne pouvons que nous mettre à leur rythme, nous allons créer des lieux d’expression et les ramasser comme les blessés de la route, quand nous pourrons, avec une certaine technique, à un certain moment, et surtout pas n’importe comment. Sandrine Rochel
Posted on: Wed, 30 Oct 2013 10:24:50 +0000

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