Après la victoire… la cuisine du compromis (par Vanessa - TopicsExpress



          

Après la victoire… la cuisine du compromis (par Vanessa Boy-Landry - Paris-Match) Une victoire pour les vapoteurs, le Parlement européen a refusé, mardi dernier, de classer la cigarette électronique comme un médicament. Mais l’aventure européenne ne fait que commencer puisque doivent maintenant s’ouvrir des négociations qui vont déterminer l’avenir d’un produit unique en matière de lutte contre le tabagisme et porteur d’une économie dont la croissance est exponentielle. Le Parlement européen a résisté aux pressions des lobbies et « sauvé » la cigarette électronique en refusant de la classer comme un médicament. L’amendement 170, porté par un trio d’eurodéputés convaincus de l’intérêt de la cigarette électronique dans la lutte contre le tabagisme, a été voté à la majorité absolue. Une victoire « historique » pour la communauté des vapoteurs qui y voient aussi le fruit de leur mobilisation à travers l’Europe, (40 000 signatures recueillies par l’Association indépendante des utilisateurs de cigarette électronique — Aiduce — manifestation sur le parvis du Parlement à Strasbourg…). Un front auquel se sont associés différents acteurs de santé publique (l’Office français de prévention du tabagisme — OFT —, spécialistes, experts...) depuis que la Commission a proposé, en juillet dernier, de la classer comme médicament. Pour Mickaël Hammoudi, président du Collectif des acteurs de la cigarette électronique (Cace) qui défend les intérêts de la profession, c’est clair : « La Commission européenne se situe vraiment dans une dynamique de lutte contre le tabagisme. Elle n’a pas voulu classer ce produit comme médicament pour permettre aux vapoteurs de continuer à vapoter et réduire ainsi les méfaits du tabac. Pour nous, le Parlement a choisi de protéger la population». “Maintenant que le vote est intervenu, il est temps dagir” L’heure est donc au soulagement pour la communauté des vapoteurs qui continuent d’accéder facilement à une large gamme de produits, principe garant de l’efficacité de la e-cigarette. «Ni un médicament ni un produit de tabac, mais un produit de consommation courante à encadrer strictement », insiste le président de l’organisation professionnelle pour lequel « dire non à un médicament, ce n’est pas aujourd’hui dire non à un encadrement . Nous n’avons pas attendu de savoir si la e-cigarette serait ou non classée comme un médicament pour travailler sur des propositions et les soumettre au gouvernement. Maintenant que le vote est intervenu, il est temps d’agir. Nous appelons aujourd’hui le gouvernement à un grand débat national sur l’encadrement de la cigarette électronique. Nous attendons de lui qu’il se positionne très rapidement car ouvrir les vannes sur ce marché en l’état risque de laisser passer des dérives. » Car on parle ici d’une économie naissante dont la croissance est exponentielle : un marché, en France, dont le poids serait passé de 40 à près de 200 millions d’euros entre 2012 et 2013, selon l’Office français du tabagisme, où les boutiques dédiées pullulent (2 à 3 ouvertures par jour, 2 000 créations d’emplois) pour des consommateurs de plus en plus nombreux (estimés à 1,5 millions). Le directeur du Cace craint que les contrôles de la Direction générale de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ne suffisent plus si la cigarette électronique reste accessible n’importe où (supermarché, fêtes foraines, magasins non spécialisés…). D’où la nécessité de réglementer. « Nous ne pouvons pas accepter qu’il y ait un accident sanitaire sur ce produit. Nous nous battons depuis le début pour faire valoir une professionnalisation responsable qui assure au consommateur la sécurité, l’information, et la qualité. Nous proposons au gouvernement d’utiliser l’organisme de formation que nous avons créé, le Forvape, et d’établir une licence obligatoire. Nous lui avons aussi soumis un cahier des charges complet qui permet aux nouveaux arrivants de standardiser leur fabrication. » Sur les éléments importants de l’amendement, à savoir l’interdiction de la publicité, celle de vente aux mineurs, et celle de vapoter dans les lieux publics, Mickaël Hammoudi rappelle les positions de l’association et l’importance de ne pas assimiler la cigarette électronique au tabac: «Interdire la publicité est un non-sens compte tenu de la position du gouvernement et du Parlement qui est de lutter contre le tabagisme. Rien ne tend à prouver que c’est une porte d’entrée dans le tabagisme. Le Pr Dautzenberg [qui a piloté l’étude remise fin mai à la ministre de la Santé] est lui-même revenu sur ses propos. Nous sommes pour une publicité qui ne soit ni massive ni incitative ou assimilée au tabac car ce n’est pas du tabac.» Interdire la e-cigarette dans les lieux publics est aussi selon lui un non-sens, hormis dans des endroits partagés tels que les théâtres ou les cinémas, « où le civisme est nécessaire ». « Aujourd’hui rien ne tend à prouver que le geste, la vapeur dégagée, incitent à fumer. Nous proposons de laisser la liberté aux professionnels (cafés, bars…) de dire s’ils acceptent ou non qu’on vapote dans leurs lieux. » Le porte-parole des vapoteurs craint un détournement de la victoire Même s’il se réjouit que la cigarette ne soit pas aujourd’hui un médicament, Brice Lepoutre, président de l’Aiduce, s’inquiète à présent « de ce qui se passera derrière le rideau » lors des « trilogues », ces fameuses négociations entre les députés rapporteurs, le Conseil, et la Commission, et qui s’ouvrent aujourd’hui sous présidence lituanienne (seul pays d’Europe où la cigarette électronique est interdite !). Ne pas avoir de visibilité sur ce qui semble être « le terrain privilégié des lobbies » fait craindre au porte-parole des vapoteurs que la victoire ne soit « détournée » et que le rejet de classer la cigarette électronique comme un médicament ne soit remis en cause… Une semaine après la « victoire », le président déchante quelque peu après avoir épluché les nombreux articles de l’amendement : interdire toute publicité sur la e-cigarette peut revenir à faire fermer tous les forums d’utilisateurs (publicité indirecte) ou, tout au moins, à les rendre inaccessibles en demandant qu’ils ne soient plus référencés sur Google, ce qui semble être l’idée, déjà, de l’association Droits des non-fumeurs (DNF) ; ne plus autoriser les ventes transfrontalières (sous réserve d’un meilleur contrôle qualité) reviendrait à réduire la possibilité pour l’usager de consommer les liquides de son goût (variété des liquides selon les pays) ; enfin, considérer les e-liquides comme « des produits de tabac connexes » va à l’encontre totale du leitmotiv de l’association de consommateurs « ni médicament ni produit de tabac », dont le président rappelle que la e-cigarette doit rester « un produit à part » : «Nous avons échappé au lobby pharmaceutique, nous n’avons pas envie que celui du tabac mette la main dessus. Nous sommes face à deux mastodontes qui veulent récupérer ce qu’ils ont perdu en route parce que ça leur échappe. C’est tout le travail d’information et de sensibilisation auprès des eurodéputés qui a permis de leur faire prendre conscience que le vote-médicament était dangereux pour l’avenir de la cigarette électronique et de ceux qui souhaitent une alternative au tabac. » Il en veut pour preuve l’explosion des chiffres qui a fait suite à l’annonce du vote du Parlement : sur les forums, 10 000 visiteurs en plus par jour et 20% d’augmentation du chiffre d’affaires dans les magasins ! Frédérique Ries : “Aujourdhui, je suis forte dun vote à la majorité absolue” « Aujourd’hui, j’arrive aux négociations avec le casque et les armes ! », réagit Frédérique Ries, la dynamique eurodéputée belge qui porte depuis le début le fameux amendement voté. Elle n’est plus « l’hurluberlue » ou « l’électron libre » face à une Commission dont on sait qu’elle est majoritairement axée sur la médicalisation et la sécurité. Elle revient dans les trilogues, forte d’un vote du Parlement à la majorité absolue. Le non-classement de la cigarette électronique comme médicament peut certes être remis en cause, mais aujourd’hui, la position de nombreux ministres a évolué: « Alors que c’était loin d’être gagné, nous avons stoppé la pensée dominante de faire de la cigarette électronique un médicament. Nous ne sommes plus dans une vision monolithique. Aujourd’hui, deux conceptions vont pouvoir s’affronter.» Deux mois de discussions ardues s’ouvrent maintenant, où chacun des éléments pourra être rouvert à la négociation : « Ce sera la cuisine du compromis et chacun sera amené à mettre de l’eau dans son vin. J’ai bon espoir qu’il permettra de faire entendre très fort que les citoyens européens ne veulent pas d’une cigarette-médicament. » Elle espère aussi que les conclusions seront rendues avant la fin de l’année, sous présidence lituanienne (en pointe dans la lutte contre le tabagisme et, précise-t-elle, qui n’a pas encore appliqué le décret d’interdiction de la e-cigarette dans son pays), mais surtout « avant les élections européennes, sinon nous repartons dans l’inconnu avec un nouveau Parlement et une nouvelle Commission…» parismatch/Actu/Sante/Apres-la-victoire-la-cuisine-du-compromis-533650
Posted on: Thu, 17 Oct 2013 21:56:08 +0000

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