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Ce rapport décrit la dynamique historique à l’origine des mouvements armés au Sud-Kivu, en mettant plus précisément l’accent sur la période située avant la Première Guerre du Congo. Il se concentre sur les sources de conflit local mais tout en soulignant que celles-ci ne peuvent être comprises qu’à condition de s’intéresser également aux phénomènes politiques, socioéconomiques et démographiques au sens large, tant au niveau national que régional. Certes, la rébellion armée au Sud-Kivu a évolué au fil du temps, et chaque milice a une histoire qui lui est propre, mais ce rapport revient sur le contexte plus général de la militarisation du Sud-Kivu. Le rapport met en évidence trois éléments cruciaux de l’histoire du Sud-Kivu, qui ont tous contribué à accentuer les divisions ethniques et politiques. Premièrement, en intégrant les chefs coutumiers dans la nouvelle administration et en plaçant la question de l’ethnicité au centre de la politique, l’administration coloniale belge a provoqué la territorialisation de l’identité. Depuis, l’identité ethnique est un principe directeur de l’organisation sociale, politique et administrative. Les communautés migrantes ont par conséquent été privées de leur propre représentation politique coutumière. Deuxièmement, les troubles des années 1960 ont entraîné un durcissement des frontières ethniques et sont devenus un point de référence clé pour la future mobilisation politique future. Plus spécifiquement, la rébellion Simba de 1964–67, qui a tiré parti de l’opposition politique à Kinshasa et aux autorités coutumières des ­territoires de Fizi et d’Uvira, a eu un impact extrêmement néfaste sur la coexistence des groupes ethniques dans la province. Troisièmement, le processus de démocratisation de la RDC, annoncé en avril 1990 et qui a provoqué une compétition politique intense, s’est soldé par un durcissement des divisions ethniques, les élites politiques locales se servant de l’identité comme principale tactique de mobilisation. Ce climat marqué par les rivalités ethniques et des tensions communautaires irrésolues s’est avéré être un terrain propice à une mobilisation violente. Dans des régions comme le Kalehe, la démocratisation et l’impact de la guerre de Masisi de 1993 avaient déjà entraîné la prolifér­ation de groupes armés. Dans les territoires de Fizi et d’Uvira, la mobilisation armée s’est de plus en plus mise à cibler les Banyamulenge et est devenue le précurseur d’une guerre ouverte. Il est important de tenir compte des nombreuses strates de ce conflit pour pouvoir y apporter une réponse multidimensionnelle. Chaque groupe armé a ses spécificités et chacun d’entre eux a besoin d’une stratégie adaptée. Mais cette stratégie adaptée aux réalités locales ne peut fonctionner que dans le cadre d’un processus politique global qui tienne compte des griefs existants. Enfin, la réussite de toute politique dans les Kivus dépendra de l’instauration d’institutions étatiques responsables au niveau local et national qui soient capables de mener à bien ce processus de réforme.
Posted on: Sat, 23 Nov 2013 21:15:53 +0000

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