Compteur live offert par le Homepage Club Texte de : Pierre - TopicsExpress



          

Compteur live offert par le Homepage Club Texte de : Pierre Gripari Tiré du livre : Mille ans de Contes. Cest moi, monsieur Pierre, qui parle, et cest à moi quest arrivé lhistoire. Un jour, en fouillant dans ma poche, je trouve une pièce de cinq nouveaux francs. Je me dis : > Allez, en route ! Je vais frapper chez mon voisin de gauche : --- Bonjour, voisin ! Je suis votre voisin de droite ! Cest moi qui viens dacheter la petite maison avec chambre, cuicine, salle de bains, living-room, pipi-room et placard aux balais ! Là-dessus je vois le bonhomme qui devient tout pâle. Il me regarde dun air horrifié, et pan ! sans une parole, il me claque la porte au nez ! Moi, sans malice, je me dis : > Et je vais frapper chez ma voisine de droite : --- Bonjour, voisine ! Je suis votre voisin de gauche ! Cest moi qui viens dacheter la petite maison avec chambre, cuisine, salle de bains, living-room, pipi-room et placard aux balais ! Là dessus, je vois la vieille qui joint les mains, me regarde avec infiniment de compassion et se met à gémir : --- Hélas, mon pauv monsieur, vavez ben du malheur ! Cest-y pas une misère, un gentil ptit jeune homme comme vous ! Enfin ptête ben quvous vous en sortirez... Tant quy a dla vie y a de lespoir, comme on dit, et tant quon a la santé... Moi, dentendre ça, je commence à minquiéter : --- Mais enfin, chère madame, pouvez-vous mexpliquer, à la fin ? Toutes les personnes à qui je parle de cette maison... Mais la vieille minterrompt aussitôt : --- Excusez-moi, mon bon monsieur, mais jai mon rôti au four... Faut que jy alle voir si je veux point quil grâle ! Et pan ! Elle me claque la porte au nez, elle aussi. Cette fois, la colère me prend. Je retourne chez le notaire et je lui dit : --- Maintenant, vous allez me dire ce quelle a de particulier, ma maison, que je mamuse avec vous ! Et si vous ne voulez pas me le dire, je vous casse la tête ! Et, en disant ces mots, jattrape le gros cendrier de verre. Cette fois, le type ne rit plus : --- Hé ! là, doucement ! Calmez-vous, cher monsieur ! Poser ça là. Asseyez-vous ! --- Parler dabord ! --- Mais oui, je vais parler ! Après tout, maintenant que le contrat est signé, je peux bien vous le dire...la maison est hantée ! --- Hantée ? Hantée par qui ? --- Par la sorcière du placard aux balais ! --- Vous ne pouviez pas me le dire plutôt ? --- Eh non ! Si je vous lavais dit, vous nauriez plus voulu acheter la maison, et moi je voulais la vendre. Hihihi ! --- finissez de rire, ou je vous casse la tête ! --- Cest bon, cest bon... --- Mais dites-moi donc, jy pense : Je lai visité, ce placard aux balais, il y a un quart dheure à peine... Je ny ai pas vu de sorcière ! --- Cest quelle ny est pas dans la journée ! Elle ne vient que la nuit ! --- Et quest-ce quelle fait, la nuit ? --- Oh ! Elle se tient tranquille, elle ne fait pas de bruit, elle reste là, bien sage, dans son placard...seulement, attention ! Si vous avez le malheur de chanter : > À ce moment là, elle sort... Et cest tant pis pour vous ! Moi, en entendant ça, je me relève dun bond et je me mets à crier : --- Espèce didiot, Vous aviez besoin de me chanter ça ! Jamais il ne me serait venu lidée dune chose pareille ânerie ! Maintenant, je ne vais plus penser à autre chose ! --- Cest exprès ! Hihihi ! Et, comme jallais sauter sur lui, le notaire senfuit par une porte dérobée. Que faire ? Je rentre chez moi en me disant : et puis je marrêtais. Il me semblait alors que la porte du placard aux balais se mettait à frémir... Mais comme jen restais là, la sorcière ne pouvait rien. Alors, voyant cela, je me suis mis à en dire chaque jour un peu plus : Prends garde... puis Prends garde à... et puis Prends garde à ton... et enfin Prends garde à ton derr... je marrêtais juste à temps ! Il ny avait plus de doute, la porte frémissait, tremblait, sur le point de souvrir... Ce que la sorcière devais rager, à lintérieur ! Ce petit jeu sest poursuivi jusquà Noël dernier. Cette nuit-là, après avoir réveillonné chez des amis, je rentre chez moi, un peu pompette, sur le coup de quatres heures du matin, en me chantant tout au long de la route : > Bien entendu, je ne risquais rien, jétais dehors. Jarrive dans la grand-rue : Sorcière, sorcière... Je marrête devant ma porte : Prends garde à ton derrière ! ... Je sors la clef de ma poche : Sorcière, sorcière,, je ne risquais toujours rien... Je glisse la clef dans la serrure : Prends garde à ton derrière... Je tourne, jentre, je retire la clef, je referme la porte derrière moi, je mengage dans le couloir en direction de lescalier... > Zut ! Ça y était ! Cette fois, je lavais dit ! Au même moment jentends, tout près de moi, une petite voix pointue, aigre, méchante : --- Ah, vraiment ! Et pourquoi est-ce que je dois prendre garde à mon derrière ? Cétait elle. La porte du placard était ouverte, et elle était campée dans louverture, le poing droit sur la hanche et un de mes balais dans la main gauche. Bien entendu, jessaye de mexcuser : --- Oh ! Je vous demande pardon, madame ! Cest un moment de distraction... Javais oublié que... Enfin, je veux dire... Jai chanté ça sans y penser... --- San y penser ? Menteur ! Depuis deux ans tu ne penses quà ça ! Tu te moquais de moi, nest-ce pas, lorsque tu t,arrêtais au dernier mot, à la dernière syllabe ! Mais moi, je me disais : Patience, mon mignon ! Un jour, tu la cracheras, ta petite chanson, dun bout à lautre, et ce jour là ce sera mon tour de mamuser... Eh bien, voilà ! Cest arrivé ! Moi, je tombe à genoux et je me mets à supplier : --- Pitié, madame ! Ne me faites pas de mal ! Je nai pas voulu vous offenser ! Jaime beaucoup les sorcières ! Jai de très bonne amies sorcières ! Ma pauvre mère elle-même était sorcière ! Si elle nétait pas morte, elle pourrait vous le dire... Et puis dailleurs, cest aujourdhui Noël ! Le petit Jésus est né cette nuit... Vous ne pouvez pas me faire disparaître un jour pareil !... La sorcière me répond : --- Taratata ! Je ne veux rien entendre ! Mais puisque tu as la langue si bien pendue, je te propose une épreuve : tu as trois jours, pour me demander trois choses. Trois choses impossibles ! Si je ne suis pas capable de te la donner, je men vais pour toujours et tu ne me verras plus. Allez, je técoute ! Moi, pour gagner du temps, je lui réponds : --- Ben, je ne sais pas... Je nai pas didée... Il faut que je réfléchisse... Laissez-moi la journée ! --- Cest bon, dit-elle, je ne suis pas pressée. À ce soir ! Et elle disparaît. Pendant une bonne partie de la journée, je me tâte, je me creuse, je me fouille les méninges---et tout à coup je me souviens que mon ami Bachir a deux petits poissons dans un bocal, et que ces deux petits poissons, ma-t-il dit, sont magiques. Sans perdre une seconde, je fonce rue Broca et je demande à bachir : --- Tu as toujours tes deux petits poissons ? --- Oui. Pourquoi ? --- Parce-que, dans ma maison, il y a une sorcière, une vieille, une méchante sorcière. Ce soir, je dois lui demander quelques choses dimpossible. Sinon, elle memportera. Tes petits poissons pourraient peut-être me donner une idée ? --- Sûrement, dit Bachir. Je vais les chercher. Il sen va dans larrière-boutique, puis il revient avec un bocal plein deau dans lequel nagent deux petits poissons, lun rouge et lautre jaune tacheté de noir. Cest bien vrai quils ont lair de poissons magiques. Je demande à Bachir : --- Maintenant, parle-leur ! --- Ah non ! répond Bachir. Je ne peux pas leur parler moi-même, ils ne comprennent pas le français. Il faut un interprète ! --- Mais je nai pas dinterprète ! --- Ne ten fait pas. Moi, jen ai un. Et voilà mon Bachir qui se met à chanter : > À peine a-t-il fini de chanter quune adorable souris grise arrive en trottinant sur le comptoir, sassied sur son petit derrière à côté du bocal et pousse trois petits cris, comme ceci : --- Hip ! Hip ! Hip ! Bachir traduit : --- Elle me dit quelle est prête. Raconte-lui ce qui test arrivé. Je me penche vers la souris et je lui raconte tout : le notaire, la maison, les voisins, le placard, la chanson, la sorcière et lépreuve quelle ma imposée. Après mavoir écouté en silence, la souris se retourne vers les petits poissons et leur dit dans sa langue : --- Hippi hipipi pipi ripitipi... Et comme ça pendant cinq minutes. Après avoir, eux aussi, écouté en silence, les poissons se regardent, se consultent, se parle à loreille, et pour finir le poisson rouge monte à la surface de leau et ouvre plsieurs fois la bouche avec un petit bruit, à peine perceptible : --- Po---po---po---po... Et ainsi de suite, pendant près dune minute. Quand cest fini, la petite souris se retourne vers Bachir et recommence à pépier : --- Pipiri pipi ripipi. Je demande à Bachir : --- Quest-ce quelle raconte ? Il me répond : --- Ce soir, quand tu verras la sorcière, demande-lui des bijoux en caoutchouc, qui brillent comme des vrais. Elle ne pourras pas te les donner. Je remercie Bachir, Bachir donne une pincée de daphnies aux petits poissons, à la souris une rondelle de saucisson, et sur ce nous nous séparons. Dans le couloir, la sorcière mattendait : --- Alors ? Quest-ce que tu me demandes ? Sûr de moi, je réponds : --- Je veux que tu me donnes des bijoux en caoutchouc qui brillent comme des vrais ! --- Haha ! Cette idée-là nest pas de toi ! Mais peu importe, les voilà ! Elle fouille dans son corsage, et en tire une poignée de bijoux : deux bracelets, trois bagues et un collier, tout ça brillant comme de lor, étincelant comme du diamant, de toutes les couleurs --- et mou comme de la gomme à crayon ! --- À demain, me dit-elle, pour la deuxième demande ! Et cette fois, tâche dêtre un peu plus malin ! Et hop ! La voilà disparue. Le lendemain matin, jemporte les bijoux chez un de mes amis qui est chimiste, et je lui dis : --- Quest-ce que cest que cette matière ? --- Fais voir, me dit-il. Et il senferme dans son laboratoire. Au bout dune heure il en ressort en me disant : --- Ça, cest extraordinaire !Ils sont en caoutchouc ! Je nai jamais vu ça ! Tu permet que je les gardes ? Je lui laisse les bijoux et je retourne chez Bachir
Posted on: Thu, 24 Oct 2013 19:42:32 +0000

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